L’accès à la contraception n’est toujours pas un droit universel pour les femmes à travers le monde
Une très large étude vient d'analyser la potentialité d'accès à la contraception pour les femmes à travers le monde. Le résultat est sans appel : aujourd'hui, il y a encore près de 160 millions de femmes qui n'ont pas un accès direct aux moyens de contraception.
Écrit par Juliette Gour le
Décidément, la capacité (ou non) des femmes à enfanter est toujours au centre de toutes les attentions. Une récente étude publiée dans la revue The Lancet a, pendant près de 50 ans, analysé la prise de contraception de 1162 femmes en âge de procréer. Sur l'ensemble de la période d'étude, les chercheurs de l'université de Washington ont pu remarquer de nombreuses évolutions : en 50 ans, on est passé de 28% de femmes qui utilisent une contraception à 48% (soit quasiment une femme sur 2).
Cependant, pour les 52% restant, ce n'est souvent pas une absence de prise volontaire. En réalité, de nombreuses femmes n'utilisent pas de contraception, tout simplement parce qu'elles n'y ont pas accès.
Dans le monde, un peu plus de 160 millions de femmes n'ont pas accès à la contraception
Si, en occident, nous avons (encore) la chance d'avoir le choix de notre contraception, dans certaines zones du globe, ce n'est absolument pas le cas. Par exemple, en Asie du Sud ou en Afrique Subsaharienne, les femmes ayant accès à une vraie contraception sont encore trop rares. Dans les faits, on considère que dans ces zones, seuls 24% des femmes ont accès à des moyens de contraception modernes (préservatifs, stérilet, pilule, injections, implant...), pour les autres, elles sont obligées de faire sans (et de peut-être subir le poids d'une grossesse non désirée).
Certains comparatifs entre les femmes de deux pays diamétralement opposés sont encore plus parlants. Par exemple, en Norvège, 88% des femmes ont recours à une méthode de contraception alors qu'au Soudan Sud, elles sont seulement 2%.
Il faut également noter que les contraceptifs utilisés varient en fonction du pays et des habitudes culturelles. En Europe et en Asie centrale, c'est la pilule qui est la grande gagnante alors qu'aux Caraïbes et dans les pays d'Amérique latine, on préférera la stérilisation féminine.
Les jeunes femmes s'avèrent être celles qui rencontrent le plus de difficultés
Le constat le plus affligeant dans cette étude, c'est que ce sont les jeunes femmes (entre 15 et 24 ans) qui ont le plus de mal à voir accès à un moyen de contraception. Elles représentent 24,6% des femmes qui n'ont pas accès à la contraception moderne. Il y a donc un vrai impact du milieu social et économique sur la possibilité d'accès à des moyens de contraception. L'ennui, c'est le fait que des jeunes femmes n'ont pas accès à la pilule augmente les risques de grossesses non désirées et, par la force des choses, de blocages dans l'évolution professionnelle : difficile de faire des études longues ou de trouver un travail potentiellement lorsque l'on est une jeune mère.
Entre la situation américaine et certaines croyances qui laissent penser que la contraception médicamenteuse peut rendre stérile (bonjour la désinformation), il y a encore trop de zones sur terres où les femmes ne sont pas libres de choisir si elles veulent des enfants ou non. Et, dans un monde qui est à la recherche de l'égalité, mais, surtout, de l'équité entre les genres, ce point reste encore très problématique.
Les Éclaireuses