Un nouveau décret visant à encadrer les composants des protections périodiques va être mis en place
Un nouveau décret visant à encadrer la composition et à imposer la transparence sur la composition des protections périodiques va être mis en place en France. Son but ? Contraindre les industriels à afficher clairement la liste des composants et des substances présents dans les protections périodiques.
Écrit par Juliette Gour le
En 2018, une étude fait grand bruit : après plusieurs analyses, de nombreux résidus de solvants et de pesticides ont été retrouvés dans les protections périodiques. S'en est suivi un large débat sur la potentielle toxicité des protections périodiques pour les personnes menstruées. Ces dispositifs étant proches de l'intimité et parfois en contact direct avec les muqueuses, la question était plus que légitime.
En réponse à ces interrogations, le ministère des Solidarités et de la Santé a établi un tout nouveau décret qui entrera en vigueur, au plus tard le 31 décembre 2022, pour mettre fin à ces questionnements.
Une obligation d'afficher la composition des produits
Pour pousser les industriels à plus de transparence et à un meilleur sourcing au niveau des matières premières, le gouvernement souhaite imposer l'obligation d'afficher clairement la composition des produits d'hygiène menstruelle sur les boîtes. En complément de cette mesure, le décret met un point d'honneur à mettre en avant les précautions d'utilisation et de sensibiliser les utilisatrices aux gestes d'hygiène et à l'utilisation optimale des protections périodiques.
Par exemple, la question du choc toxique sera mise en avant pour prévenir les personnes menstruées des éventuels risques liés à un port trop long d'un tampon. Les effets indésirables liés à la composition seront également mis en avant. Dans la liste, on retrouve les classiques allergies, irritations, intolérances et microtraumatismes liés à une utilisation trop longue ou inadaptée.
Le but, derrière cette démarche de sensibilisation, est d'informer les jeunes filles sur les bons gestes d'utilisation des protections périodiques. En affichant clairement les composants sur les boîtes et en spécifiant les différents facteurs de risque, les consommatrices seront plus averties et plus sensibles à la composition des produits. L'objectif étant qu'à terme cette sensibilisation pousse les industriels à repenser, en profondeur, la composition de leurs produits.
Aucune interdiction n'a été envisagée par le gouvernement, tout simplement parce que les doses de solvants et de pesticides retrouvés dans les produits ne sont pas suffisamment hautes pour permettre une interdiction directe. En 2018, l'Agence nationale de sécurité sanitaire avait, dans un rapport, relevé certaines traces de produits, mais ils étaient présents en trop petite quantité pour inquiéter sur le plan sanitaire. Un autre rapport, publié le 8 mars dernier, affirme que les doses retrouvées dans les protections périodiques ne représentent aucun risque direct pour les utilisatrices de ces produits.
Une mesure symbolique pour le gouvernement
Ce décret, porté par Olivier Véran, se veut symbolique pour le gouvernement. Il vient s'ajouter à un large éventail d'actions mises en place depuis 2021 (comme la gratuité de la contraception jusqu'à 25 ans ou l'allongement du délai légal de l'IVG). Le but de toutes ces actions est de mettre en place une politique de santé qui vise à promouvoir et à améliorer la santé sexuelle et tous les facteurs qui gravitent autour.
En ce qui concerne les protections périodiques, Olivier Véran a déclaré qu'il souhaitait "lever le voile pudique" qu'il y a autour des règles, des tampons et des serviettes. Dans le cadre de cette préoccupation de la santé des femmes, le ministère de la Santé s'est également penché sur la question de l'endométriose pour lutter contre les retards de diagnostic (7 ans en moyenne) et pour améliorer, durablement, la prise en charge des femmes qui souffrent de ce mal "invisible".
Un décret qui pourrait donner des idées à d'autres pays européens
Si le décret doit être, en amont, validé par la loi européenne, la France est, pour le moment, le seul pays d'Europe à avoir envisagé un tel encadrement autour des protections périodiques. Cependant, à terme, cela pourrait avoir un effet boule de neige et pousser d'autres pays à le faire.
À titre d'exemple, l'Écosse a été, en 2020, le premier pays de la zone européenne à proposer un remboursement des protections périodiques afin de lutter contre la précarité menstruelle. De nombreux pays, dont la France, ont fini par suivre l'exemple et ont mis en place des politiques qui visent à faciliter l'accès aux protections menstruelles aux personnes les plus précaires.
Ne reste plus maintenant qu'à espérer que le décret pourra être mis en place rapidement pour amorcer des changements bénéfiques dans le quotidien des femmes.
Enjoy,
Les Éclaireuses