Féminicides : 118 femmes ont été tuées en France en 2022

On estime qu'en France, tous les 3 jours, une femme meurt sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon. Publié fin août, le bilan du ministère de l'intérieur sur les questions de féminicides ne note aucune amélioration sur le territoire.

Écrit par Juliette Gour le

118, c'est le nombre de femmes qui ont succombé suite aux coups de leur compagnon ou ex-compagnon en 2022. Si à date, c'est 4 femmes de moins qu'en 2021, ce n'est pas pour autant une situation qui permet de crier victoire. On estime encore qu'une femme est victime de féminicide tous les 3 jours en France. On parle évidemment de femmes, car ce sont elles qui restent les premières victimes des violences au sein du couple. Selon le dernier bilan du ministère de l'intérieur, les femmes représentent 81% des victimes sur le territoire et rien ne semble pouvoir inverser la balance. 

Bien que le nombre de féminicides sur l'année précédente reste dans la moyenne des 10 dernières années, ce n'est pas une bonne nouvelle pour autant. la raison pour laquelle on ne note aucune évolution sur le nombre des féminicides en France, c'est évidemment parce que les actions mises en place ne sont pas suffisamment fortes pour permettre de lutter contre le phénomène.

Une réelle augmentation des tentatives d'homicide dans le couple

Si le nombre de féminicides reste relativement stable, c'est le nombre de tentatives d'homicide au sein du couple qui est particulièrement préoccupant. On note, sur l'année 2022, une augmentation de 45% des tentatives de meurtre au sein de couple (366 en 2022 contre 251 en 2021). Le profil type de l'auteur de ce type de crime reste inchangé : c'est un homme, entre 30 et 49 ans, en couple, de nationalité française et n'ayant pas ou plus d'activité professionnelle. 

Les principaux mobiles de violence au sein de couple sont la dispute (26%) et le refus de séparation (23%). Ce sont les armes blanches et les armes à feu qui sont les plus utilisées dans les cas de féminicides et ces derniers ne sont généralement pas prémédités. Ce sont donc des meurtres commis sous l'impulsion.

Des cas de violence répétée, mais pas que

Sur les 118 victimes, 37 femmes avaient déjà subi des actes de violence de la part de leur conjoint ou ex-conjoint : 24 des victimes avaient signé les faits et 16 d'entre elles avaient même porté plainte contre leur conjoint.

Selon Françoise Brié, présidente de la Fédération Nationale Solidarité Femme, cette situation souligne directement les failles dans la réponse judiciaire et dans les mesures de protection des femmes. Encore aujourd'hui, trop de plaintes sont classées sans suite et les sanctions sont insuffisantes envers les auteurs de violences.

Un classement des départements où il y a le plus de violences a également été dévoilé dans le bilan du gouvernement. Les départements qui enregistrent le plus de cas de violence sont le Nord, les Alpes Maritimes, le Rhône et la Seine-Saint-Denis.

Dans la sphère familiale au global, on note également 12 enfants mineurs victimes d'infanticides.

Selon Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, les efforts du gouvernement restent insuffisants pour protéger les femmes victimes de violences et il est nécessaire de faire de cette situation une priorité comme sur l'année 2020.

Qu'en est-il de 2023 ?

Cette année, selon le collectif Nous Toutes, 90 femmes ont été victimes de féminicides. Le 31 août dernier, une femme de 42 ans a été tuée à coups de machette alors qu'elle déposait son enfant à la crèche. L'auteur du crime était déjà connu pour avoir enfreint l'ordonnance de protection rendue en 2021, il était en fuite depuis. 

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