L’affaire Florian Telle, l’histoire de harcèlement qui a secoué Twitter tout l’été

On pourrait croire que c'est une affaire de harcèlement comme les autres, mais celle-ci fait froid dans le dos. Tout l'été, Twitter a tremblé à la lecture de l'histoire de la jeune Lucile, harcelée par un homme depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux.

Écrit par Juliette Gour le

Si vous êtes un Twittos, vous n'avez pas pu passer à côté de cette histoire qui a fait le tour de Twitter tout l'été. Le 13 août 2021, la jeune Lucile poste sur la plateforme un enregistrement provenant d'un certain @flor.iantelle. Dans ces audios, on entend un jeune homme évoquer des faits graves. Il parle de viol, d'égorgement, de menace de mort et se dit intouchable par la justice. 

En postant cet enregistrement, Lucile va lancer la machine Twitter et l'ensemble des utilisateurs de la plateforme vont porter de l'intérêt à cette affaire, allant jusqu'à évoquer la nécessité de faire justice sans passer par la police. 

Une escalade de violence et de preuves

Dès la publication du premier post, une partie de ping-pong va se mettre en place entre Florian Telle et la jeune fille. Il répond à la publication des audios en vidéo, se filmant devant la mairie de la commune de la jeune fille. Twitter découvre donc le visage du harceleur mais aussi la détermination du jeune homme.

Les internautes ne perdent pas de temps, l'adresse de F.Telle est retrouvée et des gens se rendent chez lui pour "régler son cas". C'est à partir de ce moment-là qu'il y aura un véritable revirement de situation. L'affaire fait de plus en plus de bruit et la police nationale réagit enfin à la plainte de Lucile (à partir du moment où F.Telle s'est retrouvé physiquement menacé). L'homme est placé en garde à vue, il passe en comparution immédiate et écope de 2 ans de prison avec sursis. Il ressort quelques jours après, libre et plus décidé que jamais à régler ses comptes avec la jeune fille. Il se filme armé d'un couteau dans les rues de Paris, apparaît de plus en plus rongé par la haine et la colère (de nouveaux enregistrements sont publiés et montrent un homme passablement très énervé). Il est même repéré faisant le guet devant la maison de la jeune Lucile. 

La police est une nouvelle fois prévenue de la situation mais explique qu'elle ne peut pas intervenir tant que le F.Telle n'est pas passé à l'acte.

Un homme aux multiples victimes

Le témoignage public de Lucile a permis de lever le voile sur les nombreuses autres victimes de cet homme. De nombreuses femmes ont également témoigné suite aux différents tweets. L'une d'elles avoue qu'elle est harcelée par F.Telle depuis 6 ans sur les réseaux sociaux, l'homme se serait déjà introduit chez elle et elle aurait également été menacée de viol. 

Ce qui est frappant, c'est la similarité des différents témoignages. Cela met en évidence le fait que tout ce que fait cet homme répond à un schéma précis, étudié et préparé. 

L'autre aspect inquiétant, c'est que, malgré les plaintes déposées par les différentes victimes, la justice ne s'est jamais intéressée à Florian Telle jusqu'à la diffusion de toute l'histoire sur Twitter.

Une affaire qui prouve la faiblesse du système judiciaire français ? 

Lundi 30 août, l'homme a finalement été inculpé et a écopé de 8 mois de prison ferme après s'en être pris physiquement à un ami de Lucile dans la rue. Si c'est une petite victoire et une certaine libération pour les victimes qui devraient avoir un peu de répits le temps de son incarcération, l'affaire n'est pas classée pour autant. Le risque de reprise des harcèlements et de l'escalade de la violence à sa sortie de prison est réel pour les victimes. Le procureur de la république, Luc Pèlerin, a déclaré que F.Telle "poursuivra Lucile aussi longtemps qu'il l'aura dans la peau." La nature obsessionnelle du jeune homme laisse présager que cette incarcération temporaire ne signe pas la fin de cette affaire.

Cette affaire met également en lumière un autre aspect : le manque de considération de la justice française pour les cas de harcèlement sur les réseaux sociaux. Pourtant, dans les faits, le cyberharcèlement est considéré comme un délit et est, en théorie, sanctionné par la justice. Il est tout à fait légitime de se demander jusqu'où il est nécessaire d'aller pour qu'un signalement de harcèlement soit pris au sérieux par la police.

Les Éclaireuses

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