Sur les plages françaises, le Topless n’a plus la côte

Alors que le mouvement "no bra" prend de plus en plus de place dans la société et les réseaux sociaux, le Topless reste boudé par les Françaises. Très populaire dans les années 70/80, aujourd'hui, seuls 19% des femmes le pratique, d'où vient ce changement ?

Écrit par Juliette Gour le

Une récente enquête de l'IFOP met en lumière le changement progressif de nos habitudes en matière de maillot de bain. Si les années 80 étaient les années du monokini, les années 2020 sont plutôt les années tanga, mais seins bien cachés.

C'est un paradoxe lorsque l'on sait que c'est en France que les femmes ont commencé à bronzer seins nus. C'était une vraie prise de position, un message fort qui scandait, haut et fort, que les femmes françaises étaient libres de faire ce qu'elles voulaient. Mais elles ont également été les premières à remettre le haut. Alors que les voisines européennes se découvraient, la Française, elle, se recouvrait, et ce, pour de multiples raisons.

Un choix motivé par la peur de l'agression

Si, dans un premier temps, la raison avancée pour l'arrêt de la pratique du Topless est la santé pour 53% des femmes (tous âges confondus), on se rend rapidement compte qu'il y a d'autres causes, souvent motivées par la peur de l'agression ou des regards déplacés. Les plus jeunes des sondées sont habitées par de nombreuses craintes, légitimes, qui ne laissent rien présager de bon pour le sentiment de sécurité des femmes dans l'espace public. Ainsi, les moins de 25 ans admettent, à 50%, qu'elles ne pratiquent pas le Topless car elles ont peur de l'agression physique ou sexuelle, 48% ont également peur des regards dérobés sur la plage et 56% craignent que des photos de leur corps soient prises et diffusées sur les réseaux sociaux.

Vers de plus en plus d'entraves sur le corps des femmes ? 

Si, dans la loi, rien n'interdit le monokini sur les plages (sauf arrêtés communaux exceptionnels dans certaines communes), l'actualité et les faits laissent penser que le corps des femmes dérange toujours autant. En 2020, sur les plages françaises, des femmes ont été sommées de remettre leur haut de maillot car des familles se trouvaient gênées par l'absence de soutien-gorge. Des femmes se sont vues refuser l'entrée dans des musées à cause d'une tenue jugée "inadéquate". Il y a encore de vieilles habitudes qui ont du mal à disparaître et, malheureusement, ce sont encore une fois les femmes qui en pâtissent. La peur du regard cumulé à cette mouvance très "puritaine" dans la société est loin d'encourager les femmes à oser faire sauter le haut lorsqu'elles sont sur la plage.

Une pratique également influencée par les complexes

Évidemment, la question des complexes et du confort avec son corps entre aussi en jeu dans le passage au monokini. L'injonction du summer body est toujours là, malgré l’évolution des mentalités sur le body positivisme. En 2021, les femmes ont toujours peur du regard des autres et à juste titre. Le sondage révèle que 16% des femmes ont déjà entendu une remarque désobligeante sur leur physique et, pire, 49% avouent avoir déjà été victimes de harcèlement ou d'atteinte sexuelle sur la plage.

En demandant aux rares adeptes de la pratique de décrire leur rapport à leur corps, 36% d'entre elles admettent se trouver jolies. Autre point important, les femmes pratiquant le monokini semblent avoir un profil de poitrine similaire "des seins ni trop gros, ni trop petits" assez visibles donc pour ne pas passer pour une prépubère mais assez humbles pour ne pas "attiser le regard des hommes".

Moralité, il reste encore un bout de chemin à faire pour que les femmes se sentent libres et à l'aise de faire ce que bon leur semble avec leur corps. 

Les Éclaireuses

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