‘On se lève, on se casse’ : le texte puissant de Virginie Despentes sur le chaos laissé par les Césars
Écrit par Elsa Lauron le
'On se lève, on se casse !'
Vendredi dernier a eu lieu la 45e cérémonie des Césars. Cette cérémonie récompensant les exploits du cinéma aura fait bien du bruit, mais pas parce que les bons films ou les bons acteurs et actrices ont été récompensés, mais pour un acte puissant et fort qui aura marqué toute une soirée.
Alors que Roman Polanski recevait le César de la meilleure réalisation pour son film 'J'accuse', Adèle Haenel n'a pas hésité à se lever et à quitter la salle avec pour seule remarque un 'La honte' qui marquait non pas sa déception, mais son écœurement face à la situation. Roman Polanski, accusé à plusieurs reprises depuis des années d'avoir agressé sexuellement des jeunes filles et des femmes, n'aura pas été puni par la justice, mais récompensé par le cinéma...
Face à cette récompense désastreuse, l'écrivaine et réalisatrice Virginie Despentes a publié une tribune puissante dans le journal Libération sur le cinéma, les viols et le féminisme. Elle a livré un message fort qui fait échos à bien plus qu'une seule génération.
Elle dénonce tous les puissants qui ignorent les appels à l'aide et protègent les accusés et décrit son envie de pleurer et sa rage devant l'impuissance des victimes. Elle écrit : "Vous serrez les rangs, vous défendez l'un des vôtres. Les plus puissants entendent défendre leurs prérogatives : ça fait partie de votre élégance, le viol est même ce qui fonde votre style. La loi vous couvre, les tribunaux sont votre domaine, les médias vous appartiennent. Et c'est exactement à cela que ça sert, la puissance de vos grosses fortunes : avoir le contrôle des corps déclarés subalternes”.
Elle poursuit son texte en affichant son soutien à l'actrice Adèle Haenel, première actrice à dénoncer les actes d'agression sexuelle d'un réalisateur dans le monde du cinéma. Elle écrit : “Ton corps, tes yeux, ton dos, ta voix, tes gestes tout disait : oui on est les connasses, on est les humiliées, oui on a qu'à fermer nos gueules et manger vos coups, vous êtes les boss, vous avez le pouvoir et l'arrogance qui va avec, mais on ne restera pas assis sans rien dire, écrit-elle. Vous n'aurez pas notre respect. On se casse.”
On ne peut qu'applaudir celle qui a réussi à mettre des mots sur la colère et le dégoût de chacun. On ne peut que respecter sa volonté de vouloir faire bouger les mentalités.
Retrouvez l'intégralité du texte fort de Virginie Despentes sur le site de Libération.
Enjoy,
Les Éclaireuses