Contraception masculine : voici toutes les alternatives qui existent
Cinquante ans après la légalisation de la pilule, la contraception reste une affaire de femmes. Mais quelles alternatives existent pour les hommes ? Seraient-ils prêts à endosser cette responsabilité ?
Écrit par Alice Legrand le
Ces dernières années, nous avons pu observer plusieurs avancées dans ce domaine. Des chercheurs américains ont par exemple mis au point une pilule masculine efficace à 99%. Et évidemment, elle est non hormonale, donc engendre beaucoup moins d'effets secondaires.
Mettre au point une contraception masculine, c'est long. Pourquoi ? Car dès que des tests sont menés, les médecins observent des effets secondaires sur l'humeur, la peau ou les douleurs des hommes. Comme si nous, les femmes, on y échappait !
En 2022, Libération lançait un appel général encourageant le développement de la contraception masculine, afin que cette charge mentale ne soit plus uniquement féminine. Heureusement, petit à petit les choses sont en train de changer, surtout grâce à des femmes qui prennent la parole et à des hommes qui réclament une alternative fiable afin que la femme ne soit plus la seule à assumer la contraception.
Pour plusieurs raisons la contraception peut-être un véritable enfer pour les femmes : impossibilité de trouver une pilule qui convient, pas l'envie d'ingérer des hormones au quotidien, devoir penser à sa pilule tous les jours à heure fixe, flux abondant et règles douloureuses avec un stérilet...
Certains hommes se demandent alors comment prendre en charge la contraception autrement qu'avec des préservatifs. Bien que ce soit le seul moyen qui empêche la transmission de maladies sexuellement transmissibles, une fois les tests faits chez lesdeux partenaires, ce n'est franchement pas la méthode la plus pratique.
Contraception masculine : quels sont les moyens de contraception chez l'homme et quelle est la meilleure option ?
La contraception masculine reste pour l'instant très marginale. Seulement 3 options sont disponibles pour ceux souhaitant assumer leur part, en dehors du classique préservatif masculin. Voici les différentes solutions, ainsi que leurs avantages et inconvénients. Attention, tout comme la pilule ou le stérilet pour les femmes, ces contraceptions ne protègent pas des maladies sexuellement transmissibles. Pour cela, seuls les préservatifs (masculins et féminins) sont efficaces.
La vasectomie : le moyen de contraception masculin le plus efficace
La vasectomie est assez connue, mais doit être considérée comme une opération chirurgicale de contraception définitive (bien qu'elle soit réversible !). En effet, les techniques de réversion de la vasectomie ne garantissent pas la restauration totale de la fertilité... Elle nécessite donc un délai de réflexion et est plutôt conseillée aux hommes qui ne souhaitent pas ou plus avoir d'enfants.
Elle consiste à couper ou bloquer les canaux déférents (qui transportent les spermatozoïdes des testicules vers l'urètre). Hautement efficace, les effets de la vasectomie ne sont cependant pas immédiats après la procédure.
La méthode thermique : le slip chauffant comme contraception masculine naturelle
Moins répandue (car elle peut faire peur), c'est une méthode de contraception efficace si elle est bien effectuée. À l'aide d'un sous-vêtement adapté (slip chauffant) qui remonte physiquement les testicules, leur température va légèrement augmenter, neutralisant les spermatozoïdes (qui sont très sensibles à la chaleur).
Pour qu'elle fonctionne correctement, il faudrait porter le slip au moins 16 heures par jour, de préférence pendant les heures d'éveil. En effet, c'est une habitude à prendre, mais les utilisateurs de cette méthode en sont plutôt contents. Cependant, la méthode peut créer des douleurs aux testicules et altérer la qualité du sperme. Les professionnels de santé conseillent ainsi de ne pas utiliser ce dispositif plus de 4 ans de suite si vous avez le projet de procréer.
Dans le même style, un 'bain à testicules' avait était récompensé lors d'un concours d'innovation. Les ultrasons de ce bol spécial neutraliseraient les spermatozoïdes pour une durée de 15 jours. Cependant, l'expérience n'a été réalisée que sur des souris... À voir si le résultat est le même sur des humains !
La méthode hormonale : les injections comme contraception masculine
Bien que toujours en phase de test, le gel de testostérone contient un mélange de testostérone et de progestérone, permettant de faire chuter la production de sperme. L'application doit être quotidienne au niveau de l'avant-bras.
La solution injectable de testostérone est également une option. Validée par l'OMS, elle consiste en une injection de forte dose de testostérone toutes les deux semaines. Cependant, elle possède beaucoup d'effets secondaires (comme de l'acné, une prise de poids ou des sautes d'humeur) et son effet à long terme est encore incertain.
Comment fonctionne l'anneau contraceptif pour homme ?
Une autre méthode contraceptive est également en cours d'essai. Il s'agit de l'anneau intravasculaire ou anneau contraceptif pour hommes. C'est une méthode réversible et efficace, qui contrairement à l'anneau vaginal utilisé par les femmes, est conçue pour s'insérer dans l'urètre. Le but ? Supprimer la production de spermatozoïdes dans les testicules en libérant progressivement des hormones contraceptives.
Les recherches sur l'anneau contraceptif pour homme sont encore en cours, mais les avantages qu'il présente ne sont pas à lésiner. Il n'est donc pas encore disponible sur le marché, mais les progrès effectués sur cette méthode laissent espérer un élargissement des options contraceptives disponibles aux hommes dans les prochaines années !
Quand sort la pilule pour homme ? Ces derniers seraient-ils prêts à assumer la responsabilité d'une pilule masculine ?
Pour l'instant aucune pilule contraceptive n'est en vente sur le marché, mais la question se pose. Selon une étude de Statista menée en 2021 en France, 37% des hommes interrogés (entre 18 et 30 ans) seraient prêts à prendre la pilule contraceptive masculine si elle existait. Mais ça c'est dans les faits. Pas sûr que si un jour elle soit mise en vente en pharmacie, ces mêmes hommes ayant voté "oui" s'en procurent...
C'est le cas de Théo*, qui explique : "Dans l'idée, je serais partant si cela peut permettre à ma partenaire d'avoir ça en moins à gérer. Mais en pratique, j'aurais peur d'oublier, vu que nous les hommes, on ne nous a jamais habitués à ça. Contrairement aux filles, on ne nous a jamais inculquer qu'on devrait un jour prendre la pilule."
Et si un oubli arrive, alors c'est encore la femme qui devra gérer le problème : "Si à cause d'un oubli de ma part ma partenaire tombe enceinte, je m'en voudrais tellement, car ce sera à elle d'assumer quelque chose qu'elle n'aura pas voulu : soit l'accouchement, soit l'avortement", continue Théo*.
En bref, le jour où une contraception masculine sera disponible sur le marché, ce sont également les mentalités et le programme d'éducation sexuelle qu'il faudra revoir.
Les femmes accepteraient-elles de laisser cette responsabilité aux hommes ?
Évidemment, beaucoup de femmes rêveraient de ne plus avoir à penser à la contraception. Mais pour autant, est-ce qu'elles seraient prêtes à laisser cette responsabilité (qui est, qu'on se le dise, énorme !) aux hommes ? Eux qui n'ont jamais été habitués à cela et qui nous laissent déjà énormément de charge mentale (qui s'illustre par le fait d'avoir l'impression de devoir penser à tout et de tout gérer dans le couple/la famille).
Pour certaines femmes, la question ne se pose pas tant elles souffrent de la prise d'un contraceptif. Léa* par exemple, n'a jamais réussi à trouver une pilule qui lui convenait : "J'ai du en tester 15. J'avais toujours de gros effets indésirables, comme des migraines, des douleurs au ventre, des gros sautes d'humeur, des saignements irréguliers, une prise de poids... Maintenant, j'ai totalement arrêté les hormones, mais si une pilule masculine voyait le jour, je serais la première à la soumettre à mon copain."
La prise d'un moyen de contraception masculine pourrait être largement envisagée chez les partenaires réguliers. En effet, en couple, on fait (normalement) confiance à l'autre, il est donc beaucoup plus simple de laisser l'autre prendre en charge cette responsabilité. Pour les partenaires dits "irréguliers", le mieux reste en tous les cas le préservatif, puisqu'il protège également des IST.
Comment faire pour que la responsabilité soit mieux partagée ?
Évidemment, la contraception féminine tout comme la masculine est un choix. Et si elle doit forcément être assumée par l'un des deux dans le couple, il est possible pour l'autre de participer afin que la responsabilité soit mieux partagée.
Entre les rendez-vous chez le médecin, le choix du mode de contraception, le coût financier de la contraception (qui n'est remboursé qu'en partie), la prise de pilule à heures fixes, les effets secondaires ou même le stress d'une grossesse non désirée... Tout cela prend du temps et de l'énergie !
Afin de partager au mieux cette charge, vous pouvez par exemple partager les coûts liés au contraceptif (et à la gestion des effets secondaires). Le partenaire peut aider en étant un vrai soutien psychologique lors des examens et des douleurs liées aux effets secondaires par exemple. Il peut également vous accompagner lors de vos rendez-vous chez le médecin ou vous rappeler la prise de votre pilule.
[b]* les prénoms ont été modifiés pour préserver l'anonymat.
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