Capote féminine, grande oubliée de la contraception

Malgré son efficacité, le préservatif féminin reste largement méconnu. Introduit tardivement par rapport à la capote masculine, ce contraceptif continue d’être victime d’idées reçues négatives alors qu’il présente de nombreux avantages.

Écrit par Camille Cortot le

Alors qu’on a toutes regardé notre prof de SVT nous expliquer comment enfiler une capote masculine sur un concombre, la capote féminine, elle, est bien souvent passée à la trappe. Délaissée au profit du préservatif, elle continue d’être la grande oubliée de la contraception.

L'apparition du SIDA dans les années 1980 a bouleversé les pratiques en matière de santé sexuelle, c’est alors que le préservatif masculin devient un symbole majeur des campagnes de prévention contre cette maladie, largement diffusé à travers la publicité. En revanche, le préservatif féminin, bien qu’une alternative efficace, n’a été autorisé et commercialisé en France qu’en 1998 - soit près de vingt ans plus tard. Ce retard, amplifié par une médiatisation quasi inexistante, a freiné son adoption.

Une étude réalisée par E.Santé révèle que 85 % des femmes en France n'ont jamais utilisé de préservatif féminin, soulignant ainsi la méconnaissance et le manque de promotion autour de cet outil pourtant essentiel pour la santé sexuelle. Alexandra Guerin, responsable Qualité et Affaires Réglementaires de Terpan Prévention, déconstruit les idées reçues autour de ce préservatif qui cache bien des avantages.

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La capote féminine cache bien des avantages

Inconfortable, fragile, difficile à mettre… Autant d’idées reçues qui ne la rendent pas vraiment populaire. Mais la capote féminine est boudée pour de mauvaises raisons. L’experte déconstruit ces idées bien contraires à la réalité, car elle est en fait plus pratique que beaucoup d’autres contraceptifs pour plusieurs raisons.

Contrairement aux capotes masculines qui peuvent être trop serrées et provoquer des troubles de l’érection, la capote féminine est universelle : elles’adapte à toutes les femmes. Beaucoup d’entre elles sont également sans latex, ce qui évite des allergies et permet de mettre du lubrifiant sans problème. 

Avec ce moyen de contraception, pas besoin d’interrompre l’acte, puisqu'elle peut être mise jusqu’à 8 heures en avance. C’est encore mieux dans ces cas-là parce qu’elle s’adaptera à la température vaginale de la femme. Et enfin, cerise sur le gâteau : l’anneau extérieur du préservatif féminin peut stimuler le clitoris. Plus de plaisir, moins de problèmes, la capote féminine mérite bien plus de fans.  

Bien que les capotes féminines soient généralement plus coûteuses que les masculines, elles sont aussi remboursées à 100% pour les -26 ans par la sécurité sociale.

Un travail important de sensibilisation est nécessaire

Mais tous ces avantages de la capote féminine ne sont pas bien connus. L’experte souligne justement la nécessité d’une meilleure prévention et sensibilisation au préservatif féminin, notamment en milieu scolaire où les idées reçues se construisent. 

Distribution de kits de démonstration de pose d’une capote féminine, discussion avec les élèves, explications et prévention en compagnie de professionnels de santé, c’est ce à quoi s’engage Terpan Prévention, notamment à la rentrée, afin de mieux sensibiliser la jeunesse.

De manière générale que ce soit pour les capotes masculines ou féminines, il y a une baisse inquiétante de l’utilisation de préservatifs chez les jeunes. Pas de capote mais pas de dépistage non plus : une étude menée en 2022 par Terpan Prévention sur 1000 jeunes de 13 à 22 ans a montré que 59% des jeunes qui n’utilisaient pas de capotes ne se faisaient pas dépister. Certains d’entre eux continuent même de penser que la pilule, ou qu’une toilette intime permet de protéger des IST.

Les IST de moins en moins prises au sérieux par les jeunes

Pourtant, pour se protéger efficacement des maladies sexuellement transmissibles, il est primordial d’utiliser une capote et de faire régulièrement des dépistages - totalement remboursés sans ordonnance depuis le 1er septembre pour les -26 ans.

De plus en plus de jeunes minimisent la gravité de ces maladies, ne les prenant pas vraiment au sérieux puisqu’on peut en guérir plus ou moins facilement grâce aux progrès de la médecine. Mais l’experte rappelle que les conséquences de ces maladies, comme le VIH la gonorrhée ou la chlamydia peuvent être graves et entraîner de grosses complications.

En plus de moins se protéger, certains garçons refusent la capote, laissant la charge contraceptive à la femme. Mais plutôt que de prendre la pilule ou de poser un stérilet, contraceptions qui ne protègent pas des IST et qui peuvent avoir des effets secondaires négatifs, la capote féminine est la solution parfaite.

Cette régression de l’utilisation de la contraception chez les jeunes souligne l’importance d’une meilleure éducation sexuelle, notamment sur les différents moyens contraceptifs trop souvent oubliés comme la capote féminine qui présentent beaucoup d’avantages. 

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