Chappell Roan, queer, camp et fabuleuse
Alerte talent. Tout le monde en parle outre-Atlantique (et ce sera bientôt le cas ici aussi). Chappell Roan se présente comme le nouveau phénomène pop à suivre. Ne bougez pas, on vous explique pourquoi.
Écrit par Juliette Gour le
Qui est Chapell Roan ? Vous ne la connaissez peut-être pas (encore), mais c'est la nouvelle icône Pop qui monte au pays de l'Oncle Sam. Anti Taylor Swift par excellence, elle est trash, n'a pas sa langue dans sa poche et pense son esthétique jusqu'au bout des ongles. Petite gamine du midwest, elle est repérée à 17 sur Youtube et est signée dans la foulée. En 2021, son morceau Pink Pony était considéré comme "titre de l'année" par le magazine Vulture. Inspirée par Rihanna et Lana Del Rey, elle a construit son identité petit à petit. Véritable renouveau de la pop lesbienne, elle est réellement entrée dans l'histoire sur l'édition 2024 de Lollapalooza Chicago, en assurant l'un des concerts les plus regardés du festival, toutes éditions confondues.
Véritable Femininomenon, Chappell Roan est peut-être la nouvelle icône que l'on attendait. Entre ses morceaux aux influences multiples et son esthétique ultra-léchée, on ne sait pas si on doit l'appeler la nouvelle Gaga ou la Sainte Chappell tant elle bouscule les codes de la musique américaine, dominée depuis quelques années par la sage Taylor. Porteuse de cette nouvelle vague - épaulée par Sabrina Carpenter et Charli XCX - elle apporte un petit "on-ne-sait-quoi" qui fait toutes la différence.
Le petit plus, ce sont ses tenues de scène, toujours pleines de références et d'imagination. Anatomie d'une icône en devenir, qui n'a rien à envier à ses aînées.
Divine jusqu'au bout des ongles, Chappell a compris que la mode pouvait être sa meilleure amie
On pensait que l'époque des chanteuses pop qui se griment sur scène était révolue. Même Gaga, queen de la provoc', avait fini par se calmer. Mais c'était sans compter sur Chappell qui semble bien décidée à marquer les esprits avec son esthétique bien à elle. En peu de temps, elle a réussi à nous livrer quelques looks de haute voltige, qui méritent qu'on s'arrête dessus.
On pense par exemple à celui qu'elle portait pour la Kentuckuanapride : le sourcil était bien haut, le maquillage outrancier, les seins rehaussés par du contouring, les lèvres dessinées... Un maquillage qui nous rappelle l'icône Divine dans Pink Flamingo, véritable symbole pour toute la communauté queer. Le vice était poussé jusqu'au bout avec une robe fourreau rouge et une cigarette entre les doigts.
On l'aime aussi en Marie-Antoinette grunge, quelques jours après la cérémonie d'ouverture de la cérémonie des JO de Paris, qui a notamment mis en lumière les Drag Queen du pays. Doit-on y voir un clin d'œil appuyé ou une simple envie de se grimer en personnage sulfureux de l'histoire (surtout depuis qu'elle chante tête sous le bras).
On pourrait également parler de son amour pour les nones déculottées, qui nous font doucement penser à Madonna, autre reine de la provoc'. En fait, derrière chaque look de Chappell, on trouve toujours une référence, plus ou moins évidente et c'est pour être pour cette raison que son esthétique plaît tant : elle a l'art et la manière de marier les références pour créer une composition unique, qui accompagne ses textes à la perfection.
Parfois, sur certains plans, on y voit presque des fresques de Pierre & Gilles (deux autres icônes Queer), entre figure divine et fantasmagorique. C'est peut-être pour ça qu'elle nous reste en tête, parce qu'elle sait toucher notre inconscient avec des références qui nous font vibrer d'une façon ou d'une autre.
Le verbe haut, Chappell dépeint le monde dans lequel elle vit
Si une esthétique seule permettait de remplir des stades, ça se saurait. Plus qu'une créature scénique Chappell Roan lèche ses textes comme elle lèche ses tenues. Elle chante l'amour, les ruptures, les coups d'un soir, les rencontres en ligne... En somme, c'est une femme de 26 ans comme les autres, qui galère à trouver chaussure à son pied (comme quoi, ce n'est pas plus facile chez les lesbiennes).
Mais dans ses textes, plus que les pensées d'une jeune femme de 26 ans un poil dépressive, on peut y voir le désespoir d'une génération. Par tout à fait Gen Z mais pas Millenial non plus, coincée le cul entre deux chaises qui, ne sachant pas à quel Saint (sein ?) se vouer, préfère danser jusqu'au bout de la nuit.
Chappell Roan, symbole d'une génération qui ne sait plus où elle en est ? Peut-être bien. Celle qui se rêvait en Hannah Montana gamine (c'est ce qu'elle confiait à Vulture en 2023) se plaît dans son rôle de chanteuse pop, une musique "qui n'essaie pas d'être Indie ni de faire du math-rock à la con". Et si, finalement, la pop n'était pas le style musical par excellence de ces générations late 90 début 2000. Dans la pop on retrouve de tout et on peut tout s'autoriser. Gaga c'est pop, Taylor Swift et Beyonce aussi. Trois chanteuses pour 3 publics très distincts, Chappell sera un pilier de plus, qui parle aux queers, mais pas que. Dans sa musique elle y met évidemment ses peines mais elle veut surtout faire de la musique amusante, celle que l'on aime écouter entre copines ou sur la route des vacances.
La recette secrète du succès ? Elle tient en un concept simple pour miss Roan
Pas étonnant donc qu'elle fasse danser des centaines de millier de personnes à Lollapalooza et bien plus dans le reste du monde, Chappell Roan semble avoir trouvé le cheat code de la réussite. En ne se prenant jamais réellement au sérieux, elle a réussi à trouver son truc pour faire de la "bonne pop" (un défi de taille selon elle) et sa recette, elle repose sur une volonté d'impressionner son public plus que l'industrie. Quand on y pense, c'est peut-être l'approche la plus logique quand on fait de la musique : la sincérité, portée par un personnage grimé, reflet de l'âme de l'artiste.
Une chose est sûre, on va suivre de près l'ascension de cette étoile, à qui l'on souhaite une carrière aussi longue que celle de Cher.