‘Hétéro curieux’, une tendance de plus en plus en vogue

Si pendant longtemps on a eu tendance à cloisonner les préférences sexuelles, avec la libération de la parole les choses sont en train de changer. Les gens sont de plus en plus enclins à l'exploration et, surtout, à l'expérience. De cette libération est né un concept, celui de 'l’hétéro curieux'.

Écrit par Juliette Gour le

Qui a dit que les choses devaient être fixes dans la vie ? Tout est, tôt ou tard, amené à changer et nous avons tous le droit d'aller sur le terrain de l'exploration (en même temps, qui pourrait nous en empêcher). Si certains pensent que l'expérience doit rimer avec réticence, c'est encore pire dès qu'il s'agit des expériences sexuelles et de l'exploration des genres. 

Cela fait moins de 100 ans que la société a (plus ou moins) accepté l'homosexualité. À cette préférence sexuelle se sont ajoutées, en quelques années, toutes les notions de non-binarité, d'aromantisme, de pansexualité... La liste est bien vaste. Une notion moins connue est en train de faire son petit bout de chemin. On les appelle les 'hétéros curieux' et ils bousculent eux aussi les notions hors d'âges que certains croulants ne veulent pas voir disparaître.

Si le terme n'est pas encore ultra-populaire, il s'avère que beaucoup de personnes sont concernées par la situation. En 2021, une étude américaine analysait, pour la première fois, ce phénomène que l'on définit comme 'naissant' (alors que, dans les faits, pas vraiment). 

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Les Éclaireuses

Hétéro curieux, une notion qui se place entre la bisexualité et l'hétérosexualité

Cette idée de l'hétéro curieux est d'abord née d'une envie, plus ou moins vivace selon les personnes, d'aller explorer le temps d'une nuit ou d'une courte relation, une autre forme de préférence sexuelle. Dans l'étude américaine menée par Tony Silva, ce sont les comportements masculins qui ont été analysés, mais, dans les faits, cette curiosité peut concerner tous les genres.

Ainsi, cette mouvance met en avant une idée relativement progressiste : celle de ne plus avoir de limites (fictives) dans sa sexualité. En somme, ce n'est pas parce que l'on se définit comme hétérosexuels que l'on a une interdiction divine et définitive d'aller explorer d'autres personnalités. Cette exploration, motivée par la curiosité, ne remet aucunement en cause la sexualité dite "fétiche". Ainsi, un homme profondément attiré par les femmes et né hétérosexuel peut tout à fait avoir la curiosité de partager un moment tendre avec un homme. Idem pour les femmes. 

En somme, cette notion d'hétéro curieux est juste une façon d'envoyer valser les conventions surannées qui nous poussent à croire qu'il est essentiel de clairement définir ses préférences sexuelles et que, surtout, une fois qu'elles sont fixées, elles ne peuvent plus changer.

Cependant, cette notion diffère de la bisexualité, car la curiosité de partager une relation avec une personne du même genre peut arriver de façon ponctuelle ou simplement une seule fois. Les personnes bisexuelles, elles, partent du principe qu'elles ne font aucune différence entre les genres et qu'elles sont attirées par tout le monde.

Une envie d'inverser les rôles ?

Plusieurs pistes peuvent expliquer cette montée en puissance de 'l'hétéro-curieux'. Cela peut être l'affaire d'une personne avec qui il y a une alchimie incroyable et, dans ce cas, cette expérience d'homosexualité sera possible seulement avec cette personne. L'autre piste, évoquée dans l'étude de Tony Silva, est celle de vouloir inverser les rôles et de ressentir quelque chose de différent au lit. Si, dans l'étude américaine, le prisme d'analyse n'est proposé qu'en fonction du point de vue masculin, il est tout à fait possible de transposer ça aux femmes. 

Dans les relations sexuelles hétéronormées (et phallocentrées), on nous inculque quelques notions qui peuvent venir gangrener notre plaisir : on dit aux hommes qu'il n'y a que la performance qui compte et qu'ils doivent faire jouir, fort, les femmes et ces dernières doivent être à l'écoute de leur partenaire tout en étant capables de réaliser un large panel de pratiques, mais sans jamais prendre les devants, l'homme devant rester guide de l'acte sexuel.

Ainsi, l'homosexualité expérientielle peut permettre d'inverser les rôles et de se retrouver dans une position exclusive lors du rapport sexuel. Les hommes peuvent avoir une vision de ce que ça fait d'être pénétré et d'être guidé dans les draps. Pour les femmes, c'est d’apprendre à prendre le lead tout en sachant exactement où appuyer pour provoquer un tsunami de plaisir. 

Une tendance qui est peut-être plus parlante qu'on ne le pense ?

En allant plus loin, cette idée peut révéler de nombreuses choses sur notre société : comme le fait que, finalement, on est peut-être tous et toutes bisexuels. Si Samantha dans Sex and The City disait qu'après 2010, personne n'en aurait plus rien à faire de savoir si l'on couche avec des hommes et des femmes, la réalité reste pourtant ensevelie sous une épaisse couche de préjugés et de dogmes dictés par la société. Pourtant, dans les faits, est-ce qu'il serait possible que l'on soit simplement tous bisexuels avec des préférences ?

On pourrait finalement penser que l'on peut tomber amoureux de n'importe qui, sans préférence de genre. Si l'amour n'est qu'une question d'alchimie, il n'y a aucune raison que cette connexion ne puisse se faire seulement dans un seul sens.

Cette théorie a été de nombreuses fois confirmée par des professionnels de santé : s'il est évident que nous ne naissons pas tous bisexuels, nous avons en revanche tous la potentialité de le devenir. En somme, la bisexualité, c'est un peu comme les goûts alimentaires : on peut passer sa vie à ne pas aimer le fromage et, comme ça, du jour au lendemain, après un énième essai, trouver ça incroyablement délicieux.

Les mentalités évoluant à vitesse grand V, il est tout à fait possible que dans 5, 10 ou 20 ans, plus personne n'en ait réellement quelque chose à faire de la question de l'attirance. On dira peut-être qu'on est simplement amoureux, sans s'arrêter sur le genre de la personne.

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