Les jeunes mangent-ils vraiment plus sainement qu’avant ?
À coup d'avocado toast et de jus détox, les jeunes sont nombreux à partager un style de vie sain sur les réseaux sociaux. Les légumes sont redevenus à la mode... Mais les 18-25 ans mangent-ils vraiment mieux qu'avant ?
Écrit par Alice Legrand le
En 2024, les médias ne cessent d'enquêter sur l'industrie agroalimentaire afin d'en révéler tous les rouages (et les dangers). On le sait, la plupart de ce que l'on mange est mauvais pour notre santé : trop sucré, trop salé, trop gras, plein de pesticides, plein d'OGM... Et on a de plus en plus envie d'arrêter de consommer ces aliments, quand on sait l'effet que cela peut avoir sur notre corps.
Nos influenceuses préférées jouent également un rôle important dans cette prise de conscience : elles aiment publier leurs petits dejs détox, leurs jus frais pressés, leurs salades de légumes verts et leurs nouvelles habitudes pour améliorer leur hygiène de vie... Et mine de rien, ça rentre dans la tête.
Les jeunes ont de plus en plus envie de prendre soin de leur santé, mais sont les premiers à souffrir de précarité. Alors comment concilier les deux ?
Les jeunes connaissent l'impact de l'alimentation sur la santé
Le hashtag #healthyfood cumule plus de 120 millions de publications sur Instagram. Pascale Ezan, coordinatrice du projet ALIMNUM de l'Université de Rouen-Normandie, explique ce succès : "En se présentant dans leur intimité, [les influenceurs] proposent des plats instagrammables, qui parlent plus aux followers que le discours vertical des politiques publiques".
Les utilisateurs des réseaux sociaux (donc principalement les jeunes) sont de plus en plus concernés par les enjeux d'écologie, de société ou de santé. Les médias ont aussi leur rôle à jouer. Chez Les Éclaireuses, par exemple on aime vous partager toutes sortes d'études à ce sujet, et des conseils pour adopter un mode de vie plus sain : voici les conseils d'une nutritionniste, quel est le fruit le plus sain du monde ou encore quels sont les aliments à arrêter de consommer pour rester en bonne santé...
Car une bonne alimentation, ça a de nombreux avantages : votre peau est plus belle, vous digérez mieux, vous êtes moins fatigué, vous résistez mieux aux maladies... Mais une fois au supermarché, la tentation d'acheter des plats préparés et des gâteaux industriels est grande.
Plusieurs critères empêchent de prendre soin de sa santé
Près de 20% des étudiants ne mangent pas à leur faim. Ils sautent même 3,5 repas par semaine en moyenne. Alors pour se nourrir, ils sont prêts à tout, même à mal manger. Plats préparés, pâtes, pizzas surgelées, nouilles instantanées... Tous ces aliments transformés sont bourrés d'additifs, ont une faible valeur nutritive mais rentrent dans leur budget. C'est vrai : un avocat, des graines bio et du pain complet, c'est cher.
Beaucoup de jeunes mangent ces plats sains et esthétiques dans les restaurants, mais une fois chez eux, ils se contentent de mal manger en raison du manque de temps et de compétences culinaires. Pascale Ezan explique le phénomène de l'alimentation par procuration : "Ils préfèrent passer du temps à consommer des plats en scrollant des recettes sur les réseaux plutôt qu'à se préparer un bon petit plat, on est dans le paradoxe total".
D'autres considèrent l'alimentation comme une façon de garder la ligne, donc vont mal se nourrir dans le but de maigrir. La popularisation des salles de sport et de la musculation pousse aussi les jeunes à ne pas varier leurs repas, et à consommer riz, haricots verts et blancs de poulet à tous les repas. Si c'est un repas sain et équilibré, le manger matin, midi et soir n'est pas vraiment une bonne option.
Ce qui est sûr, c'est qu'entre les intentions de manger sainement et les actes, l'écart est encore bien creusé.