La parentalité positive, bonne ou mauvaise idée ?

Longtemps présentée comme une méthode d'éducation idéale, la parentalité positive a pourtant certains défauts.

Écrit par Alice Legrand le

Si l'éducation bienveillante peut être une très bonne solution pour certains, d'autres la poussent à son extrême en la rendant presque toxique. Au fil des années, la parentalité positive s'est construit une image de parentalité ultra-permissive. La raison ? Une génération de parents perdus, cherchant à tout prix de l'aide en s'instruisant sur Internet.

Être parent, c'est une étape de la vie qui n'est pas de tout repos. Entre les remarques des proches, les témoignages lus sur Internet et les conseils de professionnels de santé qui se contredisent sans cesse, il est difficile de comprendre comment agir.

La seule chose dont on est sûre, c'est qu'il faut élever ses enfants avec respect, bienveillance et non-violence.

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Les Éclaireuses

Un contexte de violences ordinaires

Depuis le début des années 2000, de nombreuses associations et spécialistes de l'éducation des enfants alertent sur une sorte de maltraitance "cachée". Cependant, les Violences Éducatives Ordinaires sont monnaie courante dans de nombreux foyers. Elles peuvent être de nature psychologique ou physique.

Une petite fessée, une privation de nourriture, une remarque dégradante pour l'enfant, le pousser ou lui faire du chantage... Ce sont tous des exemples de Violences Éducatives Ordinaires. En effet, si pour certains ces gestes peuvent sembler banals, de nombreux parents trouvent que la frontière entre autorité parentale et VEO est parfois fine.

Pour lutter contre ces pratiques, depuis 2006, le Conseil de l’Europe recommande aux parents de pratiquer une éducation bienveillante, autrement appelée parentalité positive. Cette dernière s'est donc imposée comme LA référence en matière d'éducation parentale, prônant de nombreuses valeurs.

Aussi, depuis 2019, les châtiments corporels et violences éducatives ordinaires sont punis légalement, comme le souligne ce texte de loi : "L'autorité parentale s'exerce sans violences physiques ni psychologiques".

Qu'est-ce que la parentalité bienveillante ?

Tous les parents veulent le bonheur de leur enfant, mais chacun a son style d'éducation. Ils sont nombreux à adopter la parentalité positive.

Cette éducation "non-violente" implique de répondre aux besoins de l’enfant, qu'ils soient affectifs ou matériels, de garantir sa sécurité physique et mentale, d’encourager son indépendance... Et de poser des limites quand le parent estime que c’est nécessaire.

En effet, il faut avant tout être à l'écoute de son enfant, favorisant une relation parent-enfant chaleureuse et spontanée.

L'autorité positive est bien différente du concept "d'enfant roi". Cela demande au contraire du temps, de l'attention et de l'exigence. Une personne qui choisit d'opter pour la parentalité positive doit savoir allier fermeté et bienveillance. Il est normalement à l'écoute et sait poser des limites (en disant de vrais "oui" et de vrais "non").

L'enfant va alors pouvoir se développer dans un cadre sain, favorisant les relations sociales et l'expression de soi.

Quand la parentalité positive devient ultra-laxiste

Internet s'est emparé de ce style d'éducation, le rendant "tendance" et permettant à chacun de donner ses petites astuces et conseils.

Tout le monde y allant de son témoignage, certains parents perdus se sont mis à culpabiliser ou bien à angoisser à l'idée qu'ils pouvaient accidentellement sortir de ce schéma et "fauter". En effet, la liste des Violences Éducatives Ordinaires n'est pas exhaustive, et laisse libre cours à l'interprétation...

Tout en conservant le titre de "parentalité positive", ce système éducatif est parfois poussé à l'extrême : en plaçant l'enfant au centre de la parentalité, certaines dérives peuvent avoir lieu. Certains pensent qu'avec l'éducation bienveillante, il ne faut pas sanctionner mais câliner. Il ne faut pas frustrer mais expliquer. En effet, ces parents jugent que l'enfant sait mieux que quiconque ce dont il a besoin. Pas la peine donc de lui imposer une heure de coucher, des repas types ou une prise de médicaments s'il refuse : l'enfant peut se gérer comme il l'entend.

Le fait de s'approprier le même terme de "parentalité bienveillante" crée de la confusion chez les parents. Cela décrédibilise un type d'éducation raisonnable qui permet aux parents et aux enfants de vivre dans une relation saine, dans le respect de chacun.

La création d'un business autour de la parentalité

Personne ne peut enseigner à un parent la vérité absolue en matière d'éducation.

Cependant, les lectures disponibles sur le web encouragent les idées reçues, et nombreux sont les parents à vouloir à tout prix éviter les traumatismes infantiles, étant eux-mêmes issus d'une génération élevée par des parents à la Violence Éducative Ordinaire facile.

Quand les forums et blogs ont été envahis de conseils sur la "parentalité positive", de nombreuses personnes se sont identifiées à ces couples proposant des guides et autres coachings pour éduquer au mieux son enfant. Sauf qu'être parent, ça ne s'apprend pas en suivant un tutoriel sur les réseaux sociaux...

Les acteurs de la parentalité hyperpositive en ont fait leur gagne-pain, en comprenant l'engouement et la pression que se mettent les parents. En se disant garants de l’épanouissement des enfants, ils proposent des accompagnements souvent coûteux. Pour cela, ils ont entretenu cette peur de mal faire et de reproduire malgré soi de mauvais gestes ou dires. Afin de vendre des livres et des stages, ils ont joué avec la culpabilité des parents.

Mais alors, quel style de parentalité adopter ?

Quelles sont les formes de parentalité ? Souvent, la société et les médias opposent deux extrêmes : l'éducation hyperpositive et l'éducation autoritaire.

Malheureusement, à cause de ce manque de nuance, on oublie souvent ce qui se situe entre les deux. Même si les professionnels de l'enfance ne sont pas forcément d'accord entre eux, il est bon de confronter les avis et les idées, afin de s'inspirer et de construire un style d'éducation qui nous correspond et qui s'éloigne des extrêmes que nous connaissons.

Les réseaux sociaux ne devraient pas guider les comportements des parents, mais plutôt leur montrer ce qu'il existe comme possibilités, pour élever son enfant dans le respect et l'authenticité. Même si vous n'êtes pas parfait, et ce n'est pas grave.

Petit à petit, cette idée se répand et commence doucement, via des comptes qui déconstruisent la parentalité, à soutenir les parents dans leur quotidien.

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