La lune a-t-elle une influence sur les troubles psychologiques ?
Tiens, on est de mauvaise humeur aujourd'hui... Ce n'est rien, nous direz-vous. "C'est juste la pleine lune." Mais a-t-elle réellement un impact sur les troubles psychologiques ?
Écrit par Marie Ordioni le
Depuis la nuit des temps, l’être humain est fasciné par la pleine lune et tous les mythes qui l’entourent. Si l’on en croit la légende, elle serait à l’origine de bien des phénomènes. La pousse des cheveux, des plantes, l’augmentation d’accouchements, l’interruption du sommeil… Les loups-garous. Oui, depuis des siècles et des siècles, on lui attribue toutes sortes de pouvoirs.
Selon les dires, elle aurait même un impact sur la santé mentale. En effet, elle serait capable d’éveiller ou d’amplifier nos troubles psychologiques. Ce qui n’est pas forcément rassurant…
Alors, fiction ou réalité ? Depuis des années, les scientifiques et autres chercheurs se posent la question. De nombreuses études visent à démontrer ou démentir ce fait… Et chaque fois, les conclusions sont identiques.
La pleine lune a-t-elle une influence sur les troubles psychologiques ?
Et la réponse est… Il n’y a aucun lien entre le cycle lunaire et les troubles psychologiques. C’est ce qu’ont démontré plusieurs enquêtes au fil des années. À commencer par une étude publiée dans la revue spécialisée Psychological Report en 1994 par des chercheurs du cap Cod. Cette dernière prouvait déjà, à l’époque, qu’il n’y avait aucune hausse des admissions dans les hôpitaux et services psychiatriques les soirs de pleine lune.
Pour aller plus loin, durant trois années - entre 2005 et 2008 -, des chercheurs se sont intéressés aux hôpitaux du Sacré-Cœur à Montréal et l'Hôtel-Dieu de Lévis, à leurs 771 patients ayant fait un séjour aux urgences au motif de douleurs inexpliquées. Les résultats, publiés dans le General Hospital Psychiatry, rejoignent ceux de 1994 : au moment de la pleine lune - ni trois jours avant ni trois jours après, d’ailleurs -, ils n’ont observé aucune augmentation des admissions.
On a beau creuser, on ne trouve rien… Au contraire : lorsqu’on analyse de près le calendrier lunaire, on s’aperçoit que les angoisses et troubles sont même moindres à 32 % durant cette période… Aurait-elle une influence positive ?
Stop à ces croyances !
Avec ces résultats, les chercheurs souhaitent complètement détruire les idées reçues, jusqu’ici vivement implantées dans nos esprits. Dans une plus récente étude, réalisée et publiée en 2013 dans la revue General Hospital Psychiatry, on arrive une fois de plus au même constat, à l’exception du fait que "des effets saisonniers significatifs ont été observés sur les troubles paniques et anxieux, la panique étant plus fréquente au printemps et les troubles anxieux en été." Un fait auquel Geneviève Belleville - l’une des actrices de l’enquête - ne donne que très peu de crédit : "C’est peut-être dû au hasard ou à des facteurs que nous n’avons pas mesurés. Chose certaine, nous n’avons pas observé d’effet de la pleine lune ou de la nouvelle lune sur les troubles psychologiques.", explique-t-elle dans le communiqué de l’étude.
Par ailleurs, elle met en évidence le fait que 80 % des infirmières et 64 % des médecins croient dur comme fer que le cycle lunaire a bien un impact sur la santé mentale. Des croyances auxquelles elle souhaite mettre un terme une bonne fois pour toutes : “Nous espérons que nos résultats inciteront les professionnels de la santé à mettre cette idée de côté. Sinon, cette croyance risque de teinter leur jugement pendant la pleine lune et de les entraîner à être moins à l’affût des problèmes psychologiques pendant le reste du mois.”
Alors, comment expliquer le fait qu’on ait souvent l’impression que la pleine lune a une emprise sur nos humeurs ? Doit-on parler d’effet placebo ? De phénomène paranormal ? Aucun des deux. Des chercheurs del’hôpital psychiatrique universitaire de Bâle l’expliquent très simplement : durant cette période, la luminosité qu’émet la lune est beaucoup plus puissante. Elle est plus élevée dans le ciel, et plus grande. Face à cela, notre organisme produit moins de mélatonine, hormone essentielle à la régulation circadienne de notre sommeil. Ces derniers ont ainsi mis en avant le fait que l’on met cinq minutes de plus à s’endormir à ce moment du cycle lunaire, que l’on dort vingt minutes de moins et que la durée de notre sommeil peut ainsi baisser de 30 % par rapport à d’habitude. Et on le sait : la fatigue entraîne de nombreux troubles psychologiques comme le stress, l’anxiété, la colère et les sauts d’humeurs… La fin d’un mythe !