Pourquoi les hommes sont-ils moins matures émotionnellement ?
Les hommes sont matures bien plus tard que les femmes. C'est un fait, une étude scientifique du CNRS l'a reconnu. Mais au-delà de leurs bêtises enfantines, ils ne savent surtout pas gérer leurs émotions et c'est là tout le problème.
Écrit par Camille Cortot le
Quand on y pense, on a toutes une copine qui nous parle de cet homme loin d'être mature malgré son âge. L'immaturité ce n'est pas seulement passer ses soirées à jouer à FIFA ou s'exploser des glaçons sur le front quand on a une coupe dans le nez, c'est aussi ne pas savoir gérer ses émotions. L'exemple le plus flagrant c'est ce mec qui trompe son ou sa partenaire par lâcheté. C'est celui qui préfère mentir plutot que d'assumer la rupture.
Un immature émotionnel refuse de prendre la responsabilité de ses émotions : avec le temps, il accumule les comportements toxiques. Vouloir être le centre du monde, ne va jamais prendre ses responsabilités, manquer de confiance, manipuler ou fuir... Autant de comportements qui mettent à mal une relation amoureuse. Mais pourquoi les hommes sont-ils beaucoup plus touchés par ce manque de maturité émotionnel ?
L’éducation des hommes
Si à l’âge adulte vous vous retrouvez face à un homme qui n’a pas de maturité émotionnelle, c’est sûrement parce qu’on l’a éduqué comme ça. Quand on parle d’éducation, on ne parle pas seulement des parents : l’école, les amis, en gros la société, construisent une personne. Sans surprise, on vit dans une société patriarcale et les émotions ça ne rentre pas vraiment dans l’idéal de virilité.
Vous pensez que les stéréotypes de genre qu’on impose aux enfants n'ont aucun impact ? Vous vous trompez. Bien plus que le rose ou le bleu, ces stéréotypes de genre sont aussi présents dans la façon d’éduquer émotionnellement les enfants.
Dans son livre Mask-off : Masculinity Redefined, JJ Bola explique que les normes viriles se construisent en opposition avec les femmes. Tout ce qui est féminin ne doit absolument pas être masculin. Pleurer, montrer ses émotions, on l’associe à la féminité. JJ Bola donne l'exemple des chaussures à talons. Au XVIIème siècle les hommes se faisaient concurrence pour avoir les plus hauts talons : Louis XIV n'appréciait vraiment pas qu'on débarque avec un cm de plus que lui. Pourtant si un homme se promène en talons hauts aujourd'hui, il se fait dévisager. Il n'y a qu'à voir les commentaires sexistes sur les bottes de Jules Koundé. L'idée d'être un homme n'est pas fixe, elle a toujours évolué, mais toujours en opposition avec ce que doit être une femme.
Boys don't cry
Ce n'est pas un hasard si The Cure chantait "Boys don’t cry" en 1979. Dans "Comment élever les petits garçons" d’Un podcast à soi, un homme témoigne la difficulté qu'il a eue pour apprendre à exprimer ses émotions en devenant père, parce qu'on ne l'a pas laissé faire enfant.
Adrien Brossard, psychologue, explique qu’il y a dès le plus jeune âge une intériorisation des normes viriles : il faut être fort et ne montrer aucun signe de faiblesse. Le petit garçon plein d'émotions se construit en tant qu'homme alors en apprenant à contenir ses émotions. Ça les rend intolérants à la frustration, donc pour échapper à ça, ils réagissent souvent de manière agressive.
Des relations amoureuses compliquées
Cette incapacité à exprimer ses émotions, et donc à gérer la frustration qu’elles causent, est la source de gros problèmes relationnels. Les compromis, la communication, essentiels dans un couple, sont vus comme des signes de faiblesse. Quelqu’un d’immature émotionnellement voudra toujours imposer sa façon de voir les choses en manipulant ou ne voudra juste pas communiquer. Rien de tout ça ne peut mener à une relation saine et durable.
Comme les émotions sont associées à la féminité, les femmes ont beaucoup moins de mal à les exprimer. Résultat, elles sont bien plus matures émotionnellement. Ce fossé entre les hommes et les femmes se creuse d'autant plus que le sujet de la santé mentale devient important dans notre société. Ce sont en majorité les femmes qui sont ouvertes à en parler, à s'y intéresser et à demander de l'aide. Selon une étude de Yougov réalisée en 2020, 35% des femmes ont déjà passé le pas de la porte d'un psy contre seulement 25% des hommes. Pourtant, leur santé mentale n'est pas épargnée : il y a trois fois plus de suicides masculins que féminins.
Il faut laisser les petits garçons exprimer leurs émotions, leur apprendre à les identifier, comprendre et les gérer. Mais surtout leur montrer que c’est normal d’être triste, en colère, de pleurer. C'est humain et ce n'est sûrement pas réservé aux femmes.