Pourquoi un Kit de prévention contre les soumissions chimique est une bonne idée ?

Le procès Mazan a mis en lumière un fléau : la soumission chimique, souvent utilisée dans les cas de violences sexuelles. Pour combattre ce problème de santé publique, la député Sandrine Josso propose un kit de prévention pour aider les victimes.

Écrit par Camille Cortot le

Le 8 octobre, la députée Sandrine Josso a lancé un appel au gouvernement pour poursuivre le combat contre la soumission chimique dont elle a aussi été victime : " La France se doit d’être un exemple pour le monde entier pour endiguer ce fléau ". Pour elle, la soumission chimique n’est ni plus ni moins que " le crime parfait", où chaque minute compte pour obtenir des preuves.

Alors que le procès de Mazan se déroule - où 51 hommes sont jugés pour le viol de Gisèle Pelicot, une femme droguée à son insu - la mission d’information sur la soumission chimique, initialement lancée sous le gouvernement Attal, va enfin être reconduite. Une nouvelle étape de six mois s’annonce, menée par la députée MoDem et la sénatrice Véronique Guillotin. L’objectif est simple : mettre en place des mesures concrètes pour protéger les victimes.

Parmi ces mesures, Sandrine Josso réclame la création d’un "kit du lendemain", un outil essentiel pour permettre aux femmes droguées à leur insu de prouver l’agression subie. En tant que marraine de l’association M’endors pas !, fondée par Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot, elle se bat pour que ce kit devienne une réalité.

Un kit de détection : une nécessité

Pour aider ces femmes à s’orienter après une potentielle agression, un “kit du lendemain” pourrait devenir une solution. Imaginé par Sandrine Josso, elle-même victime de soumission chimique, ce kit inclurait un flacon pour récolter l’urine, une liste de gestes à adopter et des contacts utiles. L'élue considère que cet outil pourrait devenir "le pire ennemi des prédateurs".

Les cas de viols sous soumission chimique sont parfois très difficiles à prouver et laissent beaucoup de victimes dans le flou. Il y a des gestes à adopter comme ne pas se laver, conserver les vêtements dans un sac en papier et non en plastique, afin de préserver les preuves ADN.

Souvent, les victimes ne savent pas où se tourner ou comment agir après une agression. Ce kit pourrait contenir les coordonnées des laboratoires spécialisés, capable d'interpréter les résultats, et leur fournir les premières étapes concrètes à suivre. Il serait un soutien crucial pour ces femmes, souvent laissées à elles-mêmes dans un moment de grande détresse.

Où trouver ce kit ?

Sandrine Josso estime que les pharmacies seraient les meilleurs endroits pour se procurer ce kit de prévention. Ces lieux de proximité pourraient devenir des points d’ancrage pour les victimes.

Grâce à une organisation bien pensée, elles pourraient proposer ce kit du lendemain sept jours sur sept, puisqu’il y a toujours une pharmacie de garde. Disponible sous ordonnance, ce kit pourrait être prescrit par téléconsultation, une méthode très utilisée et rapidement accessible, même en zone rurale. Ces lieux médicaux seraient alors un point de relais pour guider les victimes vers les bons interlocuteurs. 

La soumission chimique, un fléau trop peu connu

La soumission chimique, une forme insidieuse de violence, se traduit par l’administration de substances psychoactives à l’insu de la victime, souvent dans des cas de violences sexuelles. Comme le rappelle l'Agence nationale de sécurité du médicament, cette administration peut se faire par ingestion, inhalation ou par piqûre, rendant la victime vulnérable. Ce type de substances agit directement sur le cerveau, altérant la conscience et laissant souvent des trous de mémoire. L’amnésie devient alors l’alliée des agresseurs, permettant à ces derniers de profiter d’une situation où la victime, dépossédée de son libre arbitre, ne garde aucun souvenir.

Cette méthode sournoise est d’autant plus préoccupante que les substances utilisées sont facilement accessibles et se confondent parfois avec des produits du quotidien. La soumission chimique est l'exemple même de la violence invisible, qui laisse des marques profondes bien au-delà des traces physiques.

Depuis 2022, les signalements de soumission chimique ont explosé, une hausse qui coïncide avec la médiatisation de l’affaire des viols de Mazan, révélée en septembre 2021. Ce fait divers a eu l’effet d’un électrochoc, ramenant à la surface un phénomène longtemps mis de côté. Le traumatisme des victimes, déjà immense, est aggravé par l’incertitude qui entoure les événements, les laissant souvent dans un état de confusion et de désarroi.

La soumission chimique, un problème de santé publique

L’un des plus gros freins dans la lutte contre la soumission chimique est le manque de formation des professionnels de santé. Comme le démontre le cas de Gisèle Pelicot, relayé par sa fille Caroline Darian dans l’émission Quotidien, cette absence de formation peut mener à des années d’errance médicale. Pendant une décennie, Gisèle Pelicot a vu des médecins sans jamais obtenir de diagnostic clair, alors qu’elle subissait les effets de la soumission chimique.

Il est impératif que cette formation devienne obligatoire pour l’ensemble des professionnels de santé. Car, comme le dit Caroline Darian, il est incompréhensible que des médecins, habitués à prescrire des médicaments, ne soient pas formés à identifier les cas de soumission chimique. Tant que ce problème ne sera pas réglé, des femmes continueront de souffrir en silence, sans réponse ni aide adéquate.

Sandrine Josso dit toujours souffrir de symptômes de “stress post-traumatique”, un an après les faits : "Je croyais que cela n'allait durer que quelques semaines, ces symptômes d'hypervigilance, et je comprends que malheureusement il faut au minimum deux ans pour s'en remettre ". Elle a appelé le Premier Ministre, Michel Barnier, à dire "quels moyens il souhaite mettre en œuvre pour endiguer ce phénomène qui est un fléau " et " un problème de santé publique ".

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