Les règles ne sont pas un signe d’impureté, au contraire !

Malgré le travail d'information et de prévention, il existe toujours des croyances qui affirment que les règles sont sales. On en parle aujourd'hui.

Écrit par Noa Gonzo Rombo le

Hier, vous avez eu vos règles. Rien d'anormal, puisque vous possédez un utérus et êtes en âge de procréer. Non, biologiquement aucun problème à signaler.
En vérité, ce sont plutôt les conséquences de vos menstruations qui vous gênent. Et on ne parle pas de la culotte occasionnellement tâchée, de ces satanés boutons qui réapparaissent le temps d'une semaine et qui vous replongent dans l'adolescence ou encore de ces crampes qui peuvent vous gâcher une journée entière.
Non, on parle plutôt de ces regards dégoûtés qui remarquent cette fameuse tache de sang lorsque vous vous levez de votre chaise. Ou encore de ces visages écœurés qui ne comprennent pas que vous puissiez retirer votre tampon avec vos doigts. On parle de ceux qui regardent avec plaisir la scène des Noces Pourpres dans Games of Thrones, mais qui détournent le regard à la moindre serviette hygiénique que vous laissez traîner.

Avoir envoyé Thomas Pesquet dans l'espace n'est visiblement pas signe d'une grande évolution de notre civilisation puisque, même en 2022, certains pensent encore que les règles sont sales. Aujourd'hui, on vous explique pour la 150 000ème fois (toujours avec bienveillance), pourquoi ce n'est pas le cas !

Enjoy,

Les Éclaireuses

Des croyances culturelles et religieuses qui n'ont aucun rapport avec ce que la science dit sur les règles

Dans certaines parties du monde, avoir ses règles est encore un vrai problème pour les femmes. Obligées de vivre en ermite, de s'isoler du reste de leur communauté, les menstrues sont perçues comme le signe d'une malédiction proche. Même lorsqu'on remonte aux origines bibliques supposées des menstruations, elles sont le résultat du péché originel (merci Eve).
Il existe des milliers de mythes sur les règles : en Bolivie, les femmes ne jettent pas leurs protections hygiéniques dans des poubelles classiques par peur de propager le cancer.
En Afghanistan, les femmes ont l’interdiction de boire de l'eau froide, de manger ou de cuisiner du riz, de la viande ou encore des légumes durant leurs règles (super les repas du coup !).
Au Népal, les femmes doivent quitter leurs domiciles et faire la chaupadi, une tradition qui interdit la pratique d'activités quotidiennes pendant les règles, car considérées comme impures.

Scientifiquement, aucune de ces croyances n'est valide. Si le sang des règles n'est effectivement pas similaire au sang qui irrigue le cerveau ou encore le cœur, il n'est absolument pas sale. On y retrouve davantage d'eau, moins de globines, de fer et de plaquettes, mais aussi des traces de sécrétions vaginales et cervicales ou encore des traces de cellule souche. Tous ces éléments en font un sang très intéressant, mais pas du tout "impur". Dire que le sang des règles est sale reviendrait donc à dire que le lait maternel est sale (on est d'accord, ça n'a aucun sens).

Le sang des menstruations est lié à votre système reproductif, pourquoi en avoir honte ?

Votre flux menstruel est généralement le signe qu’aucun ovule n’a été fécondé et que, par conséquent, aucune nidation n'aura lieu. En gros, vous n'êtes pas enceinte, du coup votre utérus se débarrasse de son endomètre. C'est un processus physiologique tout ce qu'il y a de plus naturel. Autre point important à évoquer : le sang des règles permet de nettoyer votre utérus. Est-ce qu'on trouve ce système autonettoyant chez les hommes ou les personnes ayant un appareil reproductif masculin ? Non.
Peut-être que cette stigmatisation autour des règles n'est qu'une réaction de jalousie de la part de ces hommes qui ne peuvent pas porter la vie ou mettre au monde des enfants...

Enfin une vraie libération de la parole autour de ce phénomène naturel ?

À moins de ne pas avoir la télé et de vivre comme un moine franciscain (ce qui parfois n'est pas une mauvaise chose), vous avez probablement remarqué que, désormais, les menstruations sont représentées en rouge et non en bleu. Autre avancée, les protections hygiéniques sont désormais disponibles dans les collèges et lycées. Certains pays comme l'Irlande vont même jusqu'à rendre gratuites les protections hygiéniques (mais qu'attendent nos responsables politiques ? Très bonne question !).
En somme, si on peut dire que la situation face aux menstruations est meilleure qu'il y a 100 ans (en même temps, il y a 100 ans, les femmes étaient envoyées dans des asiles sans aucune autre raison que le fait d'être lesbienne), il est impératif de rappeler qu'aujourd'hui, en 2022, dans le monde, certaines femmes n'ont toujours pas accès à des protections hygiéniques de qualité. Pire encore, la plupart des femmes ne savent pas comment sont fabriquées ces protections. Or, il a été prouvé scientifiquement qu'il existe des risques d'infertilité et d'endométriose.

Autre point d'amélioration : la place des règles dans le quotidien. Qui ne s'est jamais surprise en train de demander le plus discrètement possible dans un lieu public une serviette ou un tampon à une amie ? Qui n'a jamais élaboré des stratagèmes pour récupérer son tampon dans son sac sans être vue ? Ce sont des situations qui sont banales, intériorisées depuis très longtemps par toutes les femmes. On se rappelle aussi nos mères qui nous demandent de ne pas laisser traîner nos sous-vêtements ensanglantés dans le même panier à linge sale que le reste de la famille. Pourquoi ?

En 2019, Iréné, une jeune militante féministe, fait le buzz en postant ses photos. Son objectif, à l'époque, mettre la lumière sur le coût des protections hygiéniques pour les femmes chaque mois. Mais, ces photos qui mettent en avant cette tache de sang ont eu un tout autre impact. Elles ont banalisé le sang et plus particulièrement la vue par le grand public de ce sang.

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Femme|règles|société
Noa Gonzo Rombo

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