Faut-il séparer le sexe de l’amour pour préserver sa libido ?

Faire l'amour tout l'été sans jamais ressentir une once de sentiments, bonne ou mauvaise idée ? Et si, finalement, c'était le meilleur moyen de maintenir sa libido à son zénith ?

Écrit par Juliette Gour le

Dans un monde où tout va toujours plus vite et où le romantisme est en mutation permanente, on est en droit de se demander si sexe et amour sont toujours aussi compatibles. L'amoureux de 2022 est tiraillé dans une certaine dichotomie : d'un côté, il enchaîne les séries à l'eau de rose turques, coréennes ou indiennes et se délecte devant des Shojo plus cul-culs les uns que les autres et, de l'autre, il passe ses journées à swiper sur Tinder ou Bumble pour booker un date qui, au pire se finira en nuit d'amour, au mieux en une relation de quelques mois.

Le romantisme n'est pas mort, c'est un fait, mais nous laissons de moins en moins de place à nos sentiments. Nous vivons dans un paradoxe permanent, tiraillés entre l'attente du grand amour et la nécessité de consommer rapidement du sexe pour une jouissance immédiate et personnelle (c'est sûrement d'ailleurs à cause de ça que les ventes de sextoys explosent depuis quelques années). 

Dans cette société un peu étrange, nous sommes tout à fait en droit de nous demander s'il est encore possible (et souhaitable) de mêler sexe et sentiments.

Enjoy, 

Les Éclaireuses

Dissocier pour ne pas souffrir. Oui, mais à quel prix ? 

Les sentiments, ça fait mal, on le sait. On souffre quand on aime, on souffre quand on quitte, on souffre quand on nous trompe... C'est à croire que l'amour, c'est 30% de bonheur pour 70% de souffrance. En grandissant avec ces clichés ou ces expériences, il est tout à fait possible d'être tenté de séparer, une bonne fois pour toutes, le sexe et les sentiments. 

Selon les psychologues, ce n'est ni plus ni moins qu'un comportement de protection qui permet de ne pas tomber dans un schéma de dépendance affective. Mais, toujours pour les professionnels, cela ne peut pas durer ad vitam aeternam. Pourquoi ? Parce que le cerveau humain est bien plus complexe que notre volonté propre et qu'il y a des choses qu'on ne peut pas maîtriser. Pendant l'amour, lorsque l'on s'étreint avec l'autre, il se passe des choses imperceptibles, des productions hormonales qui sont essentielles (pour ne pas dire addictive) pour notre corps. 

Au-delà même du plaisir que l'on ressent par la stimulation sexuelle, il y a une flopée d'autres facteurs qui entrent en jeu dans la construction de ce plaisir : les caresses, la douceur, les gestes d'affection... Tout ceci entre également en compte dans la construction de l'acte sexuel et amoureux. Pour les spécialistes, la nature même de l'humain c'est d'ajouter un segment affectif à l'acte d'amour, il n'est pas seulement à but reproductif et c'est ce facteur qui est essentiel dans notre perception du sexe : nous faisons l'amour pour des dizaines de raisons, mais plus vraiment par pulsion primaire et c'est pour cette raison que les sentiments finissent toujours par entrer dans l'équation.

Et, s'il y a quelques exceptions, elles ne peuvent être causées que par des traumatismes passés. Mais, dans l'absolu, il est difficile de dissocier, sur le long terme, les sentiments et le sexe.

S'empêcher d'aimer : une forme d'autosabotage ?

Si l'affect est essentiel dans les relations sexuelles des humains, que risque-t-on si nous nous empêchons d'aimer ? Rien de bien grave en soit, mais il en résulte que l'on finit par construire une idée erronée de ce que sont le sexe et le plaisir. En s'empêchant d'aimer ou d'éprouver des sentiments pour l'autre, on se prive de la moitié du plaisir.

Les sentiments auraient comme impact d'intensifier absolument tout pendant le sexe : le plaisir est plus profond, on est plus attentif à l'autre et, surtout, il y a de grandes chances que l'acte sexuel soit un acte de partage plus qu'une partie individuelle ou chaque partenaire s'occupe de son propre plaisir.

Les psychologues sont formels : se plier à des relations sans sentiments tient plus de l'addiction et de la recherche de sensations à du plaisir à proprement parler qui, sur le long terme, peut vraiment nuire à la vie intime et à la perception de soi.

Pourtant, il ne faut pas nier qu'il nous arrive d'avoir des envies de chair

L'idée, ce n'est pas de fustiger les relations sans sentiments pour ne glorifier que le sexe avec amour. C'est plutôt de comprendre que, sur le long terme, il est impossible de vivre sainement une vie intime en séparant totalement le sexe des sentiments. En revanche, il est effectivement tout à fait possible d'assouvir des envies (toujours dans le respect et le consentement) sans sentiment. Pour un one shot ou une courte période, il est vrai que l'humain est tout à fait capable de faire l'amour sans sentiment. Mais l'acte partagé reste souvent moindre en comparaison à une nuit d'amour avec quelqu'un qu'on aime. 

De nombreuses raisons peuvent expliquer ce besoin de partager avec l'autre seulement sur un terrain sexuel : après une rupture, lorsque l'on a besoin d'un boost d’égo, pour évacuer une certaine frustration sexuelle... Chacun a sa raison, mais les spécialistes de la question sont formels : cette étape de sexe sans sentiment n'est généralement que transitoire et n'est pas vouée à durer dans le temps, car l'humain ne peut pas indéfiniment séparer le sexe des sentiments. 

Moralité : non, il ne faut pas oublier ses sentiments pour avoir une libido en béton armé, bien au contraire !

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