A-t-on vraiment besoin d’une skincare pour la vulve ? Spoiler : non
Ce week-end, on a lu un article sur le média Poosh qui nous a fait un peu réagir, alors on voulait vous en parler. Le sujet était littéralement : "Se créer une routine de soins pour la vulve". Sans surprise, on a été surprises.
Écrit par Alice Legrand le
Depuis toujours, on nous rabâche qu'il faut surtout ne rien mettre sur notre vulve. Exit donc les savons exfoliant, les gels parfumés, les douches internes, les parfums fraîcheur et autres produits purement marketings qui pourraient quand même sacrément mettre notre santé intime en péril.
Pourtant, cela ne semble pas acquit pour toutes. Pour limiter les odeurs, se sentir plus propres ou même par soucis d'hypocondrie, nombreuse sont les femmes à appliquer sur leur vagin des substances nocives. Pour rappel, le vagin est composé d'une muqueuse ultra-fine et très absorbante, c'est d'ailleurs pour cela que les tampons, qui contiennent du plomb et de l'arsenic (entre autres), sont très controversés.
Alors ce week-end, quand on a vu qu'un média comme Poosh se mettait à promouvoir une "skincare routine pour sa vulve", on ne sait plus si on doit rire ou pleurer. Évidemment, les produits proposés dans l'article semblent clean, à base d'hydratant vulvaire biologique et sans hormones, de nettoyant doux et de crème hydratante sans parfum. Mais avons-nous vraiment besoin de toutes ces fioritures pour notre flore vaginale ?Françoise Sanquer, sexologue et créatrice des Café-Sexo-France - des rencontres pour discuter librement de sexualité -, nous éclaire sur le sujet.
La douche vaginale, ou l'hygiène intime poussée à l'extrême
Pour commencer dans le vif du sujet, parlons des douches vaginales. Car oui, tant que des femmes la pratiqueront, il faudra en parler. Si elle consiste à se laver l'intérieur du vagin avec un jet d'eau, certaines utilisent même un gant de toilette ou leurs doigts pour nettoyer les parois vaginales avec un savon... Tandis que d'autres organisent un véritable spa vaginal. Mais ce souci de propreté poussé à l'extrême n'est pas sans risque : il pourrait même faire l'effet inverse et développer des infections, qui elles, peuvent être odorantes. Françoise Sanquer nous explique : "Une douche, c'est fait pour nettoyer la peau. Dans le vagin et sur la vulve, il n'y a pas de peau, c'est une muqueuse".
La nature est bien faite, le vagin est autonettoyant ! Votre flore vaginale est composée de bactéries que l’on appelle lactobacilles, qui empêchent les bactéries pathogènes de pénétrer à l'intérieur. Si vous vous lavez à cet endroit, vous allez bousculer les bactéries, donc votre vagin ne sera plus protégé. Ces douches dérèglent toute la flore intime et peuvent entraîner des mycoses et autres infections gynécologiques.
Certaines utiliseraient même la douche vaginale comme moyen de contraception. Mais il a été prouvé que le jet peut emmener les spermatozoïdes encore plus loin dans le vagin... Et donc augmenter le risque de grossesse. Bref.
Les parfums, gels et autres savons abrasifs : à proscrire pour votre santé intime
Pour se nettoyer les parties intimes, beaucoup utilisent un vulgaire gel douche. Mais ces produits sont souvent bourrés de parfums, et sont bien trop agressifs pour une zone aussi sensible. Encore pire, certaines marques commercialisent directement des parfums à destination du vagin. C'est évidemment à proscrire pour éviter tout dérèglement de votre flore intime !
Kourtney Kardashian avouait être adepte des gummies qui changent le goût, tandis que l'ancienne star de téléréalité Sarah Fraisou prône fièrement le concept de capsules de resserrement pour le vagin. Et si on laissait tout simplement notre intimité tranquille ?
Si vous avez une infection ou un véritable problème de santé, alors un médecin pourra vous conseiller des savons médicaux ou un traitement, qui sera très souvent par voie orale ou par capsules vaginales.
L'article écrit par Poosh s'appuie sur les conseils de la Dr. Clare Bertucio, qui est certes médecin, mais spécialiste des cancers puisqu'elle est oncologue. Rien à voir, donc, avec la gynécologie ! Elle explique à Poosh que "prendre soin de la vulve, c’est prendre soin de la peau", alors que justement, la vulve n'est pas composée de peau. Dans l'article, la docteure américaine ne présente que des produits de sa propre marque. Françoise Sanquer est catégorique : "Elle donne des conseils à but commercial, afin de promouvoir son entreprise. Pas dans le but d'améliorer la santé des lectrices". Ses propos sont donc à prendre avec de - grosses - pincettes.
En conclusion, on met quoi sur son vagin ?
Rien ! Le sexe féminin n'est pas fait pour être nettoyé : normalement, juste de l'eau claire suffirait à être propre. Et surtout, il ne faut pas utiliser de gant de toilette, comme le préconise Ameli.fr.
Comme expliqué plus haut, le vagin est autonettoyant. Ce qui signifie concrètement que vous n'avez pas besoin d'ajouter de produits dessus. Il est capable de se réguler tout seul et d'expulser les saletés, grâce aux fameuses pertes vaginales. Alors, même si elles vous ont déjà taché quelques culottes, on leur pardonne.
Si vous souhaitez quand même vous nettoyer l'extérieur de votre vulve, préférez un gel nettoyant intime doux, ou bien un savon spécifique avec un pH physiologique - proche de celui de notre vagin. Seulement, d'après une étude publiée par 60 millions de consommateurs, de nombreux gels intimes contiennent des allergènes et des perturbateurs endocriniens. Alors le mieux est encore d'en choisir un avec une composition biologique, clean et sans parfum ! Et surtout, "rincez abondamment à l'eau puis essuyez-vous en tapotant avec un linge propre", conseille Françoise Sanquer.
Comment en finir avec le mythe des mauvaises odeurs vaginales ?
La raison numéro 1 de l'engouement autour des douches vaginales et des produits d'hygiène intime, c'est la propreté. On a l'impression qu'en utilisant ces derniers, on va être plus fraîche et éliminer les possibles odeurs. Mais une flore intime en bonne santé ne produit pas de mauvaises odeurs !
Si votre émanation intime vous inconforte, elle cache peut-être un problème de santé sous-jacent. Alors n'hésitez pas à demander l'avis d'un médecin ou d'un gynécologue, afin d'effectuer un prélèvement vaginal. C'est parfois signe d'un dérèglement de la flore ou bien d'une infection. Les sous-vêtements en synthétique n'aident pas non plus, car ils ne laissent pas respirer votre peau. D'autres facteurs peuvent aussi impacter, comme la prise d'un traitement hormonal ou d'une contraception.
Pendant vos règles, il est normal que votre vulve soit plus odorante... Mais elle n'en est pas plus sale ! Le sang des règles est même très pur, c'est pour cela que certaines s'amusent à s'en appliquer sur le visage. Bon, sans aller jusque-là, il suffit d'enfin accepter notre nature et ce qui se trouve dans notre culotte. On vous le promet, tout ira bien !