Sommes-nous tous TDAH ? Et si on arrêtait avec l’auto-diagnostic ?

Ces dernières années, on parle beaucoup du Trouble Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH). Beaucoup de monde semble être concerné, mais qu'en est-il vraiment ? Ce trouble est une maladie qui ne doit pas être prise à la légère.

Écrit par Alice Legrand le

Le Trouble Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental qui affecte principalement les enfants mais peut persister à l'âge adulte. Il se caractérise principalement par des symptômes d'inattention, d'hyperactivité et d'impulsivité.

D'après Ameli, le TDAH concerne 5,9 % des moins de 18 ans et 2,8 % des adultes... Mais sur TikTok, tout le monde semble concerné, et beaucoup semblent vouloir en faire un trait de personnalité. Alors les médecins le rappellent : le TDAH est un trouble, pas un tempérament.

Définition, cause, symptôme, diagnostique, traitement : qu'est-ce que le TDAH, ou "trouble déficit de l'attention" ?

Les symptômes principaux du TDAH sont l'inattention, donc une difficulté à prêter attention aux détails, difficulté à maintenir l'attention sur des tâches ou des activités ludiques, mais aussi une difficulté à s'organiser et des oublis fréquents dans les activités quotidiennes. L'hyperactivité et l'impulsivité sont également des symptômes reconnus du TDAH : le fait de remuer souvent des mains et des pieds, de courir et grimper partout, de parler beaucoup mais aussi d'être impatient sont, entre autres, caractéristiques de ces personnes.

Les causes du TDAH sont multiples donc difficiles à comprendre pour les médecins, mais la génétique peut rentrer en jeu, tout comme les facteurs neurobiologiques (au niveau de la structure du cerveau) et environnementaux (l'exposition à certaines toxines pendant la grossesse mais aussi la naissance prématurée peuvent jouer).

Le diagnostic doit être réalisé lors d'une évaluation clinique réalisée par un professionnel de la santé mentale, comprenant un entretien avec les parents, les enseignants et l'enfant lui-même, mais aussi l'utilisation de questionnaires et d'échelles de comportement. Le traitement du TDAH peut aussi bien être fait par médication (grâce à des stimulants notamment), par thérapie comportementale, par psychoéducation (pour aider parents et enfants à mieux comprendre ce trouble) et adaptations pédagogiques pour aider l'enfant à réussir à l'école.

TDAH chez l'adulte et l'enfant : effet de mode ou véritable "épidémie" ?

Ce trouble est souvent détecté à l'enfance, et peut se poursuivre à l'âge adulte. Mais contrairement aux idées reçues, ce n'est pas parce que l'on est hyperactif que l'on a un Trouble Déficit de l'Attention... Et ce n'est pas parce que l'on est impatient que c'est le cas non plus. Avec nos modes de vie modernes, nous sommes sans cesse sollicités, nous consommons de la fast information à longueur de journée et on ne s'ennuie plus. Ce qui fait que l'on se fatigue plus vite et qu'on a parfois du mal à rester attentifs, mais ça ne fait pas de nous une personne atteinte de TDAH. Pour ces personnes, ce problème est bien plus fréquent et handicapant au quotidien.

Avec les réseaux sociaux, tout le monde y va de son témoignage et nombreuses sont les personnes à s'identifier et s'autodiagnostiquer TDAH, sans même consulter l'avis d'un médecin. Certes, avoir plusieurs symptômes peut donner un indice sur le fait d'être touché ou pas, mais il ne faut pas oublier que c'est un trouble, et comme tout trouble, seul un professionnel de santé peut le diagnostiquer.

Il y a 20 ans, le marché de la vente de médicaments pour traiter le TDAH représentait 40 millions de dollars. Ça représente aujourd'hui 10 milliards de dollars ! Cet engouement n'est pas anodin, il découle d'une véritable libération de la parole à ce sujet (notamment sur les réseaux sociaux), qui pousse des milliers de patients à consulter.

Comment se faire diagnostiquer et qui diagnostique le TDAH ? Attention aux dangers de l'auto-diagnostic sur les réseaux sociaux

"Tu coches plus de 8 cases ? Tu es sûrement TDAH". Sur les réseaux sociaux, beaucoup ont vu passer le "Bingo TDAH". Mais malheureusement, c'est un peu trop facile de se diagnostiquer avec des symptômes aussi répandus qui correspondent aux 3/4 de la population... Les questionnaires des médecins sont beaucoup plus poussés et s'accompagnent d'entretiens avec l'entourage de la personne. Les contenus publiés sur les réseaux sociaux permettent de se donner une idée, mais sont peu rarement fiables. La notion de souffrance est très importante à prendre en compte.

La popularité du hashtag #mentalhealth ne cesse de croître : à l'heure actuelle, c'est plus de 70 millions de publications qui sont reliées à ce mot-clé sur Instagram et TikTok. Toutes expliquent les symptômes et donnent des conseils pour mieux vivre avec différents types de troubles mentaux. Et évidemment, beaucoup d'utilisateurs se retrouvent dans ces mots, découvrant ainsi qu'ils sont atteints d'un trouble : "Enfin, je comprends que je ne suis pas seul(e)".

La psychologue psychothérapeute intégrative Marie Caurand nous explique : "Avec Internet, les réseaux sociaux ou encore l’accès aux avancées des neurosciences, les informations autour de la maladie mentale sont à portée de main et permettent de déconstruire petit à petit nos représentations anciennes. Normaliser ces troubles, c’est permettre aux gens de se déculpabiliser par rapport à ce qu’ils ressentent, d’appartenir à un groupe et de trouver du sens en s’identifiant à une pathologie. Leur donnant ainsi l’espoir d’avoir un traitement et/ou une prise en charge non médicamenteuse adaptée".

Si l'autodiagnostic peut avoir des points positifs, puisqu'il permet de mettre des mots sur ses maux, il a aussi des inconvénients, comme la suradhésion. Alors attention, ce n'est pas parce que vous vous reconnaissez dans quelques symptômes que vous souffrez forcément du trouble. Consultez toujours l'avis d'un professionnel de santé mentale avant toute conclusion hâtive.

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