5 raisons d’aller voir “Daaaaaalí !” de Quentin Dupieux au cinéma

Chargée de réaliser un documentaire sur un célèbre peintre Dalí, une journaliste découvre l'ampleur de sa tâche quand elle tente de rencontrer ce dernier. Le synopsis du film évoque, dans les grandes lignes, le quart du tour de grand huit que s’apprête à vivre Judith, ancienne pharmacienne devenue journaliste qui souhaite à tout prix s'entretenir avec Dalí. Mais à quel prix ? 

Écrit par Téa Antonietti le

Il n'est pas seul dans sa tête, en vérité, ils sont 5 têtes du cinéma français à lui prêter leurs traits, pour en devenir son portrait, aussi fluide qu'incompréhensible. Si la trame du film suit son cours avec la même inconstance que celle de la moustache de l'artiste catalan, le film attire ses spectateurs comme Dalí attirait les mouches : avec du miel. 

Un casting de goût, une bande originale savoureuse signée par un ancien Daft Punk, et 6 généreux Dalí pour le prix d'un... Le nouvel opus "Daaaaaalí !" de Quentin Dupieux régale une fois encore le cinéma français avec un biopic absurde à l’intelligence digne d'une toile de maître. 

Crédits : "Daaaaaalí !" de Quentin Dupieux

5 raisons d'aller voir le film surréaliste "Daaaaaalí!" du prolifique Quentin Dupieux

Le film est court et ne dure que 1h18, mais les scènes sont intenses et le déroulé capillotracté ! Avec en toile de fond Cadaquès, l'un des lieux de prédilection de Dalí, dans la Catalogne natale de l'artiste, on assiste à un renouveau empreint de non-sens. Au cœur de sa maison au reflet surréaliste de l'imagination du peintre, le réalisateur Quentin Dupieux fait revivre l'esprit Dalí, qu'il qualifie d’"excentrique et concentrique, à la fois anarchiste et monarchiste". Et pour en faire son plus absurde portrait, ce n'est pas un, mais 6 Dalí qui s'entremêlent, plus que jamais déterminés à faire des nœuds au cerveau d'une fébrile journaliste, intriguée par tant d'extravagance. 

Crédits : "Daaaaaalí !" de Quentin Dupieux

1. Une distribution 5 étoiles pour une toile de maître 

Pour joindre l'imaginaire de Salvador Dalí avec le sien, Quentin Dupieux a fait appel à des acteurs de taille pour se prêter au jeu d'une œuvre "cinématographik !" repoussant les limites du réel. Le film est d'abord porté par Anaïs Demoustier, dans la peau d'une journaliste en herbe cherchant désespérément à interviewer le tyrannique Dalí, appuyée à l'écran par Romain Duris, dans le rôle d'un producteur prêt à tout pour des images de l’artiste. 

Crédits : "Daaaaaalí !" de Quentin Dupieux

Afin d'approcher le grand Dalí au plus près de la moustache, 6 acteurs sont sur le coup, à commencer par Edouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Gilles Lellouche, mais aussi Didier Flammand, avec la participation de Boris Gillot pour un Dalí furtif. Six, le compte est bon, c'est même le nombre de "a" qui figurent dans le titre de l'opus. Soit une extension remarquaaaaaable du personnage historique à la personnalité fascinante

2. De Jonathan Cohen à Edouard Baer... Des Dali hors pair

Dans la peau d'un Dalí cinquantenaire, Edouard Baer est pressé, colérique, presque imbuvable et trouve absolument tout ce qui n'est pas de lui fort détestable. Jonathan Cohen, lui, à quelques années antérieures, est un Dalí excessivement égocentré, les yeux ronds prêts à se décoller du visage. Pio Marmaï est un Dalí aussi concentré qu'agacé et ferrait bien patienter des modèles pendant des heures pour répondre à un appel.

Tandis que Gilles Lellouche est un Dalí dandy, qui ne veut pas qu'on entende "Dalí" dans "Mohamed Ali", Didier Flammand est un Dalí vieux et grincheux, qui terrorise son "lui" jeune (Jonathan Cohen) à l'idée de vieillir. Tous s’entremêlent réunissant un seul et même esprit dalinien aussi invraisemblable que sa moustache. Ce qui est formidable, c'est que chacun des acteurs se passe le rôle au fil du film et bien que Dalí vieillisse et ne rajeunisse, son essence, elle, reste parfaitement intacte

Crédits : "Daaaaaalí !" de Quentin Dupieux

3. Un fil conducteur tiré par la moustache

On connaît les intrigues surréalistes de Quentin Dupieux qui aime pousser les limites du réel en les inscrivant dans une dimension conforme. Dans "Incroyable mais vrai", le duo Alain Chabat et Léa Druker achètent une maison avec une petite spécificité : un escalier qui remonte le temps de 15 minutes quand on descend ses marches. Pour "Daaaaaalí !", le réalisateur va à la rencontre spirituelle d'une âme aussi créative que la sienne, afin de converser ensemble sur l'absurdité parfaite que le réalisateur adore explorer. 

Le film s'ouvre et se termine sur une représentation du tableau "Fontaine Nécrophilique" de l'artiste catalan. Le flot qui coule sans fin du piano annonce un cycle infini qui ne saurait quoi traverser. Se méfier du fil de l'eau ? Dupieux s'en empare plutôt et construit son intrigue dans tous les sens si bien qu'on pourrait commencer le film au milieu. On assiste à une succession de rêves sans fin, portés par un running gag tout droit sorti de la tête d'un prêtre. Difficile à suivre pour la journaliste qui n'obtiendra pas une interview comme les autres, mais aussi pour Dalí lui-même, dont le non-sens au rythme saugrenu arrive encore à le faire tomber des nues. 

Crédits : Fontaine Nécrophilique, Dali

4. Quand le portrait devient une hilarante caricature 

Dans son non-biopic, Dalí est un artiste incroyable à l'inspiration venue d'ailleurs et aux œuvres dont la valeur s'élève à des millions d'euros. Mais c'est aussi un snob en sandales catalanes aux humeurs massacrantes, qui n'aime pas voir plus loin que le bout de sa moustache. Et quand il s'efforce de s'intéresser, c'est effroyablement ennuyeux, c'est banal, ce n'est pas Dalí. Pour ne pas qu'il lui raccroche au nez, la journaliste doit promettre à Dalí - à plusieurs reprises - un film dont lui seul est la vedette, avec une grande équipe et la plus "énoooooorme" des caméras du monde, rien que ça.

Si certains n'aiment pas séparer l'homme de l'artiste, Dalí, son imagination et ses caprices ne peuvent être représentés que par fragments du phénomène à part entière qu'il est vraiment. Il est parfaitement insaisissable, alors son portrait aussi. Et pour le représenter avec grande humilité, l'humour et l'absurde sont de loin les meilleurs alliés. On assiste alors à une excellente caricature de son art de vivre, à sculpter des œufs gigantesques et à fusiller des pigeons. 

Crédits : "Daaaaaalí !" de Quentin Dupieux

5. Un puzzle absurde très intelligent 

Parce que le résultat fixe et linéaire d'un portrait, ça ne l'intéresse pas, Quentin Dupieux opte plutôt pour un puzzle disruptif afin de tenter d'assembler bout à bout l'immensité Dalí. Mission impossible, les facettes multiples du peintre insaisissable passent du coq à l'âne.

Lorsque l'on est sur le point de saisir quelque chose, un coup de feu ou un coup de fil interrompent et nous revoilà à la case départ. Des coupures spatiotemporelles réussies par un exercice de style précis qu'apprécierait certainement Christopher Nolan. Alors, on se laisse transporter par un rêve surréaliste qui nous libère de toute conformité austère.    

Crédits : "Daaaaaalí !" de Quentin Dupieux

Quand sort le film "Daaaaaalí !", avec Jonathan Cohen, Anaïs Demoustier et Romain Duris ? 

Le film "Daaaaaalí !" est sorti en salles ce mercredi 7 février et ne cesse d'envoûter ses spectateurs avec absurdité et humour charmeur. 

Une bande-annonce qui donne le ton

Découvrez la bande-annonce du dernier opus "Daaaaaalí !" de Quentin Dupieux, à ne prendre - ou ne pas prendre - qu'au sérieux. 

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