Après Dahmer, une nouvelle histoire criminelle va faire sensation, mais pas pour les bonnes raisons

Véritable machine à cartons pleins, Netflix déploie en septembre une suite de sa série documentaire sur Jeffrey Dahmer et une chose est sûre, on va en entendre parler. Après le succès phénoménal de l’histoire romancée du criminel, place à d’autres monstres supposément charismatiques qui risquent de cultiver la glorification des tueurs en série.

Écrit par Téa Antonietti le

Une addiction aux histoires sordides ? Les chroniques criminelles alimentent avec succès bon nombre de shows télévisés, longs métrages et autres programmes qui retracent le cœur de faits divers morbides, terriblement absorbants. En 2022, Netflix et Ryan Murphy, à qui l’on doit American Horror Story, imaginent la série Monstre avec en première vedette Jeffrey Dahmer, aka, le cannibale de Milwaukee.

Son interprète, Evan Peters, séduit des centaines de millions de spectateurs qui adorent la série, bien qu’elle traite d’un des meurtriers les plus sombres de l’histoire. Le 19 septembre prochain, le géant du streaming revient avec une nouvelle saison centrée sur deux criminels coupables du meurtre de leurs parents, les frères Menendez. 

Avec la même méthode de séduction que le volet précédent, le phénomène Monstres : L'histoire de Lyle et Erik Menendez s’annonce très attractif et son succès va certainement gagner sa place dans la controverse.

Les frères Menendez, futur duo de criminels chouchou des spectateurs ?

Après le succès de Dahmer, ça ne fait pas de doute, Netflix a rappelé Ryan Murphy afin de donner suite à la dramatique série Monster et sa quête d’histoires sordides à raconter. Pour succéder au cannibale de Milwaukee, l’histoire veut s’intéresser à un autre phénomène de l’horreur : les frères Menendez. Deux jeunes hommes, Lyle et Erik, ont marqué l'Amérique des années 90 avec l’assassinat de leurs parents à Beverly Hills, dans la soirée du 20 août 1989. Leur procès très médiatisé a véritablement captivé le public qui cherche à comprendre la mystérieuse motivation du crime, entre vengeance des abus sexuels subis par leur père et héritage familial alléchant. 

Un massacre sanglant un dimanche soir à Beverly Hills

Ils sont deux frères résolument charismatiques, à la silhouette athlétique, aux dents blanches et aux regards séduisants. Un dimanche soir, ils débarquent dans leur maison familiale, fusil de chasse à la main, et tirent d'abord sur leur père à l'arrière de la tête, puis sur leur mère, réveillée par les coups de feu, à cinq reprises. 

Les frères Menendez finissent leur massacre en leur tirant dans les genoux pour laisser croire à un crime organisé, avant de jeter les armes sur Mulholland Drive et aller voir Batman au cinéma. Près de trois décennies plus tard, leur histoire est prête à connaître un regain de popularité. 

Des acteurs charismatiques à l’affiche, une volonté malsaine de séduire pour réussir ?

La série à venir sur les frères Menendez promet de séduire son public en s’appuyant sur l’attractivité physique des criminels et leurs témoignages émouvants. Porté par Nicholas Chavez pour Lyle et Cooper Koch pour Erik, s'appuyer sur des acteurs charismatiques pour incarner les deux meurtriers semble ajouter une motivation supplémentaire au visionnage de la série. 

On peut donc se demander si cette dernière approche va donner le ton du récit Netflix. Sur TikTok, des milliers d’extraits d’aveux des frères devant le tribunal attendrissent la sphère Internet, convaincue par leur fraternité, leurs regrets et traumatismes des abus sexuels qu’ils ont subi. Le tout ajouté à leurs physiques angéliques sur fond de musique mélancolique, les internautes sont comme absorbés par les frères, malgré la noirceur des faits qu'ils incarnent. 

Avec Dahmer, Netflix et Ryan Murphy ont déjà romantisé les monstres

Le précédent volet de Monster, centré sur Jeffrey Dahmer, avait déjà suscité de nombreuses critiques. Avec un succès phénoménal de plus de 850 millions d'heures visionnées en un mois seulement, la série avait été accusée de romantiser un tueur en série au détriment des familles des victimes endeuillées. Ryan Murphy avait pourtant tenté de clarifier son approche quant à la médiatisation des crimes. Pourtant, comme ce fut le cas avec Dahmer, le risque de romancer ces criminels appelés explicitement “monstres” pourrait une fois de plus alimenter la controverse autour de la glorification des tueurs en série.

D’où vient cette fascination morbide pour les tueurs en série ?

L'attrait du public pour les histoires de criminels n'a rien de nouveau, mais il semble avoir atteint des sommets depuis quelque temps avec des séries documentaires sur Netflix à l’international, de Grégory à Dahmer

L’affaire des frères Menendez, qui sera au centre de la prochaine saison de Monsters, a donc pour ambition d'étoffer la popularisation du genre true crime, très convoité sur les plateformes de streaming. 

Comme un reflet de notre société, l'horreur et les histoires frissonnantes qui s’y articulent attirent les foules par pure recherche de sensations fortes. Mais voilà que lorsque celle-ci vire à l’obsession, se pose la question éthique : jusqu’où est-il concevable de transformer ces récits macabres en divertissement lucratif ?

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