Gisèle Pelicot : une voix collective gravée sur les murs de France

Gisèle Pelicot, par son combat, devient une figure emblématique des droits des femmes. Un combat qui est aujourd'hui illustré sur les murs de France par des artistes féministes.

Écrit par Erine Viallard le

Alors que la vie de Gisèle Pelicot bascule, son nom, lui, s'inscrit dans l'histoire des droits des femmes. Derrière les murs de son foyer, son ex-mari l’avait soumise chimiquement et livrée à des inconnus, documentant chaque acte atroce avec des vidéos et photos. À ce jour, cette femme courageuse se bat non seulement contre son bourreau, mais aussi contre une cinquantaine d'hommes jugés pour l’avoir violée à son insu.

Son histoire devient le symbole d'une bataille plus vaste - celle de toutes les victimes de violences sexuelles. Ces derniers mois, des milliers de manifestants ont envahi les rues, portant haut des slogans comme "Nous sommes toustes Gisèle", pour la soutenir elle et toutes celles qui n’ont jamais été crues et entendues.

L'affaire Mazan incarne un moment clé : une prise de parole collective qui brise le silence et un appel à la justice pour toutes celles qui ont vécu ces cauchemars dans l’ombre. Gisèle Pelicot, malgré elle, est devenue le symbole d'une révolte féminine contre l’impunité.

Le visage de Gisèle Pelicot dans les rues

Le visage de Gisèle Pelicot, devenu l'emblème de la lutte contre les violences sexuelles, est imagé partout dans les rues de France par le biais d'œuvres de street art. À Lyon comme à Lille - et aussi à New York - des artistes féministes ont pris l’initiative de coller son portrait, d'écrire des phrases fortes et des citations comme : "J'ai l'impression que la coupable c'est moi, et que derrière moi, les 50 sont victimes." - des dires de Gisèle Pelicot elle-même. Ces collages envoient un message percutant : il est temps de renverser la honte et de la placer sur les agresseurs.

La Dame Qui Colle, à l’origine du projet "les gardiennes de rue", a fait de Gisèle Pelicot un symbole de résistance dans l’espace public. Victime de viol elle-même à 19 ans, elle transforme les portraits de ces femmes brisées par ces violences, en figures de résilience. L'artiste ne veut plus qu'elles soient perçues comme des victimes, mais comme des combattantes qui inspirent.

À Gentilly, MacaDessine a ajouté sa voix à ce mouvement en reprenant les mots de l’avocat de Gisèle : "pour que la honte change de camp", pour appeler à la justice et au changement. En plein procès à Avignon, ces messages prennent encore plus de poids.

Ces œuvres ne sont pas seulement des hommages. Elles occupent les "no girl’s lands", ces lieux où les femmes hésitent encore à s’aventurer seules la nuit. En s'installant dans ces espaces, les artistes féministes envoient un message clair : les rues sont à tout le monde et les femmes y trouvent un symbole de solidarité.

Un espoir féminin pour les droits des femmes

Ces messages inscrits sur les murs, dans les rues françaises comme américaines et visibles aux yeux de tous, traduisent de l'enjeu qu'est l'affaire Mazan, pour les droits des femmes. À travers ces écrits et ces portraits, c’est une voix collective qui fait du bruit, celle des femmes trop longtemps réduites au silence. Le procès de Gisèle Pelicot devient une bataille commune. Il représente l’espoir que la justice soit faite pour toutes celles dont les affaires ont été classées sans suite, pour celles restées dans l’ombre et privées de reconnaissance et d'aide.

L'affaire Mazan, connue à l'international, est plus qu’un simple fait divers, elle est destinée à s’ancrer dans l’histoire. Gisèle Pelicot est aujourd'hui une figure emblématique de la lutte contre la culture du viol et les violences sexuelles, un symbole pour toutes celles qui ont été brisées par ces mêmes horreurs.

Ce procès doit permettre de faire bouger les choses, afin faire changer la honte de camp et de rendre la justice à toutes celles qui en ont été privées. Gisèle Pelicot a transformé sa douleur et celles de toutes ces femmes victimes, en force, afin de faire avancer les droits des femmes.

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