La guerre des plateformes : pourquoi on finit toujours par revenir à regarder Friends
Entre hype éphémère et overdose de contenus, c’est toujours Friends, Desperate Housewives ou Grey’s Anatomy qui gagnent. Mais pourquoi on est tous comme ça ? Les causes sont multiples, on vous dit tout.
Écrit par Erine Viallard le

On vit une époque bénie pour les amateurs de séries… ou un cauchemar absolu - as you want. Chaque mois, Netflix, Disney+, Prime Video et compagnie nous bombardent de nouvelles sorties. Des séries événements, des reboots dont personne ne voulait (coucou Gossip Girl version 2) et même des séries trop longues, qui partent en cacahuètes - on pense forcément à Riverdale. Bref, too much.
Au final, on passe plus de temps à scroller sur les plateformes de streaming qu'à regarder un épisode. On commence trois shows en même temps, on en abandonne deux, et on revient toujours à ce qu’on connaît déjà… Parce qu’au bout de la 47e bande-annonce d’une énième série, on a juste envie de poser notre cerveau et de se réconforter avec des scènes qu'on connaît par cœur.
Cette surabondance (qui frôle l’overdose) de contenu a fini par créer une lassitude. À force d’être stimulé en permanence, on devient insatisfait et les plateformes ont beau nous suggérer LA prochaine pépite à binge-watcher, notre attention se disperse. On veut quelque chose de neuf, mais pas trop compliqué à suivre. En fait, inconsciemment, on recherche une version similaire de nos séries favorites… Et ce n’est pas toujours une mince affaire.
Les séries doudou aka notre refuge
Il y a ces séries qu'on regarde avec un vrai investissement, et puis il y a les "séries doudou". Desperate Housewives, The Walking Dead, Gossip Girl... Ces shows qu'on met en fond pendant qu'on fait la cuisine, la vaisselle ou pour pleurer notre vie amoureuse chaotique.
Mais pourquoi on les adore autant ? Parce qu’on sait déjà tout ce qui va se passer. Pas de stress, pas de rebondissements qui nous brisent le cœur (comme Game of Thrones saison 8). Juste une ambiance familière, des répliques qu'on connaît à la lettre et des personnages qui nous font du bien. C’est comme un plat de pâtes après une longue journée : simple, efficace, rassurant.
Et au-delà du simple confort, ces séries sont liées à nos souvenirs. Elles nous rappellent une époque plus simple, où notre plus grand tracas était de savoir si Bree Van de Kamp allait réussir à cacher son secret ou si Rick Grimes allait encore perdre un proche. On ne regarde pas juste cette série, on se replonge dans des souvenirs ou dans cette période où l'on enchaînait les épisodes sous une couverture.
On teste, on explore, on se lasse... et on revient toujours aux classiques
C’est un cycle sans fin. On se laisse tenter par LA nouveauté dont tout le monde parle. On mate deux épisodes, puis on commence à dériver sur TikTok. On force un peu pour voir si "ça démarre". Et puis, inévitablement, on relance un bon vieux Grey’s Anatomy ou Buffy contre les vampires.
D'ailleurs, les plateformes l'ont bien compris : les séries cultes restent des valeurs sûres et elles le savent. Netflix comme Disney+ rivalisent pour garder les droits de ces shows intemporels. Peu importent les tendances actuelles, les algorithmes et les budgets colossaux, on a toujours besoin de retrouver Joe Goldberg à nouveau obsédée par une fille - jusqu’à tuer pour elle (You).
Cette stratégie est cruciale. En misant sur ces séries cultes,elles fidélisent un public qui, sinon, pourrait aller voir ailleurs. Il suffit de voir les réactions enflammées à chaque fois qu'une plateforme menace de retirer une série iconique ou film de son catalogue. C’est simple : sans Desperate Housewives, Mamma Mia ou Gossip Girl, une partie du public partirait avec - on exagère à peine.
Elles sont parfaites dans leur imperfection
Soyons honnêtes : nos séries doudou ont mal vieilli. Des blagues cringe, des personnages clichés, un humour parfois douteux… Si certaines sortaient aujourd’hui, elles se feraient cancel en 48h.
Et pourtant, on continue de les regarder fidèlement, alors qu’on dézingue la moindre série récente pour une blague un peu bancale. Pourquoi ? Parce que la nostalgie nous rend indulgents. C’est un peu comme quand on retombe sur nos anciens Vine et qu’on se surprend à rire encore - c'était la belle époque quoi, et on est y trop attaché pour les renier.
L’effet nostalgie fonctionne à plein régime donc. Et on pardonne ces défauts parce qu’on les replace dans leur contexte. On sait bien qu’aujourd’hui, un Ross serait problématique - car il faisait du Mansplaining en détente et rabaissait Rachel sans conséquences. Aujourd'hui en les regardant, on fait la distinction entre l’époque où c’était accepté et notre regard actuel, plus critique. Même si sur d'autres sujets on cancel direct.
Quand les séries deviennent bien plus qu’un simple divertissement
Dès qu'on parle de séries doudou, le débat s'enflamme. Chacun a ses références et les noms fusent. Et c’est là qu’on réalise que ces séries en disent long sur notre génération. Elles sont comme une madeleine de Proust télévisuelle : un simple générique et on replonge instantanément dans une époque précise de notre vie.
Chaque génération a ses propres"séries doudou". Chez les GenZ, c’est Desperate Housewives, Ghost Whisperer, 13 Reasons Why, Euphoria... Des shows qui oscillent entre le dramatique et le carrément traumatisant, mais qui restent ancrés dans leur ADN.
Côté Millénials, on parle de Sex and the City, Buffy, Friends, Gossip Girl... Un cocktail de looks iconiques, de romances toxiques et de punchlines assassines.
Et puis, il y a Disney Channel.
Disney Channel : l'addiction générationnelle
Pourquoi, en 2025, on peut encore se refaire Hannah Montana, Les Sorciers de Waverly Place ou High School Musical comme si c'était la première fois ? Parce que Disney Channel n’était pas juste une chaîne : c’était une époque, une identité, un univers qui nous a forgés. C'est l'exemple parfait de ce phénomène de "reviens-y" qui est au cœur de cette battle de plateformes.
D’abord, il y a eu les séries cultes, avec Miley Stewart qui menait une double vie, Alex Russo et sa magie bordélique, et Raven qui faisait tout pour éviter ou faire en sorte que sa vision se réalise… Avec cette fameuse DA bien propre à Disney Channel - qu'on adore tant. On pense aux génériques ou encore aux applaudissements du public toutes les 5 secondes - un grand classique.
Ensuite, il y a eu les films Disney Channel Original Movies (DCOM). Qui n’a pas eu une période où il savait toutes les chansons de Camp Rock par cœur ? Qui n’a jamais rêvé d'un été comme celui de Mack et de Brady dans Teen Beach Movie ? Ces films avaient une recette simple, mais diablement efficace : des personnages attachants, un soupçon de romance et une BO qui restait en tête pendant des années.
Alors oui, la guerre des plateformes fait rage, et les nouveautés affluent sans cesse. Mais au final, on sait très bien comment tout cela se termine : une énième nuit à binge-watcher Friends pour la centième fois. Parce qu’au fond, rien ne vaut un bon vieux "How you doin’?".