1 femme sur 3 meurt ou tente de fuir son bourreau : ​​le cri d’alarme d’un rapport édifiant 

Un nouveau rapport révèle l'ampleur glaçante d'un fléau systémique : le féminicide. Voici les chiffres.

Écrit par Erine Viallard le

En 2023, 93 femmes ont perdu la vie sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. Ces chiffres, glaçants, ont été publiés ce mardi 19 novembre par la Mission interministérielle pour la protection des femmes (Miprof).

C'est chaque année, que des femmes perdent la vie sous les coups de ceux qui prétendent les aimer. D'autres tentent d'échapper à un enfer invisible, souvent dans le silence et l'indifférence - et ce n'est pas près de s'arrêter. Si ces drames ne sont pas nouveaux, Miprof démontre là, les différentes formes que peut prendre la violence sexiste, des coups aux pressions psychologiques, en passant par des comportements insidieux qui brisent des vies.

Un bilan sombre

319, c'est le nombre de tentatives de féminicide recensées, un total qui témoigne de la violence systémique envers les femmes. Autre donnée alarmante mise en lumière pour la première fois cette année : 773 femmes poussées au suicide ou à des tentatives de suicide par leur conjoint via des actes de harcèlement - un phénomène reconnu comme "suicide forcé" depuis 2020 dans le Code pénal.

Avec un total de 1 185 victimes recensées, ce rapport marque un tournant, car il offre enfin une vision plus complète des violences infligées aux femmes, un combat mené de longue date par les associations féministes. Leur revendication ? Faire reconnaître toutes les facettes de ces violences et ne pas laisser ces drames invisibilisés.

"Chaque jour, plus de trois femmes subissent un féminicide ou une tentative, qu’il s’agisse d’actes directs comme des meurtres ou assassinats, ou indirects tels que des suicides provoqués par le harcèlement", souligne Julie Caillet, chargée de mission à l’Observatoire national des violences faites aux femmes. Elle précise toutefois que ce décompte reste incomplet, car il se limite aux féminicides commis dans le cadre du couple.

“Pas tous les hommes, mais d’une manière ou d’une autre, toujours un homme"

Les forces de police et de gendarmerie ont recensé 890 victimes ayant tenté de se suicider ou s’étant suicidées pour cause de harcèlement conjugal en 2023 - un total qu'en hausse d'années en années. Parmi elles, 87 % étaient des femmes, soit 773 victimes.

Sur le plan judiciaire, les parquets ont traité les affaires de plus de 130 000 auteurs présumés de violences conjugales, parmi lesquels près de 9 sur 10 étaient des hommes.

Quant aux violences sexuelles, les chiffres restent effrayants : plus de 110 000 femmes ont signalé des violences sexuelles (viols, agressions sexuelles, atteintes sexuelles, harcèlement sexuel, voyeurisme, exhibition sexuelle, exploitation sexuelle…). Ces statistiques montrent l'ampleur d’un problème systémique, où les femmes continuent d’être les premières cibles de violences, tant au sein de leur foyer qu’à l'extérieur.

Une urgence : celle de renforcer les dispositifs de prévention et d'accompagnement pour briser ce cycle de violence et protéger les victimes.

Seulement 7 % ont pu appeler à l'aide auprès d'associations

Selon le rapport de Miprof, seules 7 % des victimes de féminicides étaient accompagnées par des associations avant leur mort.

Lors de la présentation du rapport, la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, a qualifié ces violences de "bouleversantes, inacceptables et inqualifiables", appelant à maintenir une lutte acharnée contre ce fléau. Paul Christophe, ministre chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a également pris la parole, insistant sur la difficulté pour les victimes de demander de l’aide et l’importance des acteurs de terrain. "Ce combat ne tolère aucune baisse de vigilance", a-t-il affirmé, à quelques jours du lancement d’un nouveau plan de lutte contre les violences.

Les chiffres qui choquent :

En 2023, 3 405 infractions pour outrage sexiste et sexuel ont été enregistrées, soit une augmentation de 19 % par rapport à 2022. 230 000 femmes majeures ont déclaré avoir été victimes de violences sexuelles. Parmi elles, près de 60 % ont entre 18 et 24 ans - une statistique qui souligne la vulnérabilité des jeunes femmes.

Alors que 2024 s'achève, le collectif féministe #NousToutes rapporte déjà 117 féminicides au 10 novembre. Ce bilan démontre une fois de plus que les violences sexistes et sexuelles restent une urgence, nécessitant des actions concrètes et immédiates.

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