“Ils ont menacé de faire fuiter des sextapes…” : les femmes noires témoignent du cyberharcèlement
Lancé par plusieurs militantes afro féministes, le hashtag #AntiHSM a fait l'effet d'un véritable raz-de-marée sur le réseau social X. En quelques jours, elles ont recueilli une dizaine de milliers de témoignages de femmes noires victimes de cyberharcèlement.
Écrit par Alice Legrand le
Depuis quelques jours, un nouveau mouvement a pris de l'ampleur sur le réseau social X. Toujours dans le but de libérer la parole autour de sujets dont on ne parle pas assez, le hashtag #AntiHSM met en lumière les femmes racisées qui subissent du cyberharcèlement sur les réseaux sociaux, très (très) souvent gratuitement.
AntiHSM, ça veut dire Anti Harcèlement Sexuel Misogyne et Misogynoir. Car oui, pour beaucoup en 2024, être noire justifie des insultes gratuites. Tout comme être gay ou juste être une femme semblent aussi le justifier. Alors imaginez, une femme noire ? Ou une femme noire ET lesbienne ? C'est l'hécatombe.
Alors pour lutter contre ce phénomène bien trop normalisé pour ce qu'il devrait être, des militantes afro féministes se sont lancées dans une mission : recueillir un maximum de témoignages, afin de ne pas taire la parole de ces femmes. Perle Vita, la cofondatrice du mouvement #AntiHSM sur le réseau X, s'en félicite : en deux jours seulement, le hashtag rassemble déjà plus de 10 000 publications.
Insultes et menaces, tel est le quotidien des femmes noires sur les réseaux sociaux
En parcourant le hashtag, on se rend vite compte de l'ampleur du problème. Les femmes sont tout simplement victimes d'une "misogynoir". Ce terme permet de regrouper les discriminations sexistes et raciales que subissent les femmes noires. Le revenge porn et les menaces de viols par exemple, semblent alors être monnaie courante sur les réseaux.
Si certaines font exister la voix de certaines victimes qui ne sont aujourd'hui plus là pour en parler, comme AÏcha, 14 ans, qui s'était défenestrée en 2015 après avoir été harcelée sur les réseaux sociaux, d'autres prennent la parole pour raconter leurs propres expériences : "Dites-vous qu’ils m’ont harcelé juste parce que je suis allée à un concert toute seule, et ils ont dit que c’était parce que je voulais finir dans les loges de l’artiste et que j’étais une escorte... J'étais au concert de Beyoncé", explique une internaute.
D'autres messages sont parfois très durs à lire :
Le hashtag #AntiHSM est un nouveau souffle d'espoir pour ces femmes-là
Des femmes ont dévoilé au grand jour l'existence de groupes dédiés au harcèlement des femmes noires. Dessus, des centaines voire des milliers d'hommes cherchent à obtenir des informations confidentielles, des photos intimes ou même des deepfakes de certaines femmes, dans le but de pouvoir les menacer. S'échangent alors entre eux de véritables pièces à conviction. Une amie de Perle Vita a subi cela, quand "des images d'elle se sont retrouvées sur un groupe Telegram avec plus de 3000 personnes". C'est le déclic qui l'a poussée à créer le hashtag #AntiHSM.
Perle Vita parle même de l'existence de "campagnes de cyberharcèlement organisées par des internautes". Alors que ce qu'il faudrait créer, c'est justement une campagne qui lutte contre ! Évidemment, c'est sans nous rappeler les comportements des masculinistes, qui luttent contre le féminisme et qui grâce à certains influenceurs qui répandent cette idéologie peuvent toucher un (très) grand nombre de personnes. Une étude parle même de radicalisation masculiniste...
En 2024, il suffit de s'exprimer sur la toile pour se faire menacer et harceler. Il est grand temps que les femmes s'unissent entre elles, à la manière des hommes qui s'unissent dans le harcèlement, pour enfin faire barrage à ces comportements abusifs et absolument illégaux. Et que les réseaux sociaux prennent leur part de responsabilité en proposant une modération plus ferme.