Sur TikTok, cette vidéo met en lumière les attentes irréalistes des hommes vis-à-vis des femmes

La femme idéale doit être mince, belle, maternelle, sensuelle, sexuelle, sportive, attentionnée, coquette, sexy (mais pas trop), fidèle, dévouée... La liste est encore bien longue.

Écrit par Juliette Gour le

Qui a dit qu'il n'y avait que les petites filles qui étaient biberonnées aux contes de fées ? La réalité étant ce qu'elle est, les jeunes filles comprennent rapidement que les princes en collant, ça n'existe pas et qu'il va falloir chercher quelque chose de plus réaliste. Mais qu'en est-il des hommes ? Sont-ils confrontés à la même réalité que les femmes ou gardent-ils en tête l'idée que la femme parfaite existe réellement ? 

Si ces derniers se plaignaient il y a quelques mois que les femmes avaient des "attentes trop élevées", une vidéo TikTok vient mettre un grand coup de pied dans la fourmilière, réduisant au passage tout l'argumentaire des hommes à la recherche de la femme idéale. Visionnée des millions de fois, cette vidéo circule sur l'ensemble des réseaux sociaux depuis le mois de décembre, et il n'est pas difficile de comprendre pourquoi. Le sujet ? Les attentes irréalistes des hommes vis-à-vis des femmes. 

L'auteur de cette vidéo est Derrick Jaxn, un youtubeur connu pour son contenu "react" sur de nombreux sujets. En 2022, ce même Youtubeur a publié une vidéo où il répond à tous ces hommes qui dénigrent les femmes en les accusant d'avoir des attentes trop élevées. Pour lui, toute l'ironie de la situation réside dans le fait que ce sont en réalité les hommes qui ont bien souvent des attentes irréalisables

La preuve en image.

Les Éclaireuses 

Pourquoi cette vidéo suscite autant de réactions ?

Il suffit de taper les mots-clés "unrealistic expectations" sur TikTok pour voir le nombre de fois où la vidéo a été reprise et, surtout, le nombre de millions de vues qu'elle accumule. Loin d'être une simple vidéo pensée pour faire le buzz, ce qui marque le plus dans les propos du Youtubeur, c'est à quel point ils nous renvoient vers notre réalité. 

Car, s'il est vrai que l'on pointe souvent du doigt les femmes pour leurs exigences "ubuesques", on ne reprochera jamais à un homme de chercher une femme capable d'être à la fois mère et putain, sportive mais féminine, maternelle et sexuelle, sexy mais prude... La liste des doléances (et des contradictions) est longue comme le bras. 

D'où peut bien venir cette idée selon laquelle les hommes sont en droit de chercher une femme qui se pliera à tous leurs désirs ?

On peut effectivement penser que les schémas sociétaux nous ont poussés à intégrer cette idée selon laquelle un homme brille forcément par la "qualité" de sa compagne. Cette façon de penser n'est pas si vieille, elle ne date que de la Belle Époque, période bénie où les hommes avaient tous les droits et les femmes n'avaient que l'apparat pour briller. C'est à cette époque que l'habit de l'homme est devenu d'une sobriété déconcertante et que les marques de richesse ont été transférées sur la toilette des femmes. Si un homme voulait montrer sa richesse (et donc sa valeur), il devait avoir une femme aussi belle, pure, érotique, élégante... que possible. Et par équivalence, si une femme voulait "réussir sa vie" elle devait être aussi parfaite que possible, répondant aux moindres caprices de l'homme (espérant ainsi négocier des noces financièrement favorables). 

Pourtant, on pourrait se dire que l'eau a coulé sous les ponts depuis le début du XXe siècle, mais rien n'y fait, on continue à répéter des schémas similaires et beaucoup d'hommes (souvent bichonnés depuis le berceau), pensent qu'il est tout à fait légitime d'attendre toutes ces choses de la part d'une femme.

Finalement, est-ce que ces attentes ne sont pas que la manifestation des injonctions sociétales qui pèsent encore sur les épaules des femmes ?

Dans le livre "Sans patriarcat", l'autrice Mathilde Morrigan évoque le lien très intime que le patriarcat entretient avec le corps des femmes. Elle dit d'ailleurs "Dans un monde patriarcal où la domination masculine et le regard des hommes règnent en maître, il est évident que le corps féminin est un sujet de discussion incessant. En effet, chez une femme, rien ne peut exister si cela n'a pas d'abord été approuvé, sous le prisme d'une masculinité toxique et absolue souveraine." Ainsi, nous sommes poussés, dès le plus jeune âge à entrer dans des cases directement dictées par la société. Les hommes grandissent avec l'idée qu'il est normal d'attendre ça d'une femme et les femmes pensent en réponse qu'il est essentiel de cocher ses cases pour espérer ne pas finir seule ou trouver un garçon qui acceptera de convoler avec elle.

Si dans le fond, tout n'est qu'une question de séduction (et il n'y a rien de mal à ça), nos attentes sont en revanche complètement biaisées par une société qui s'accroche encore à des idées héritées des générations. Ce qu'il est essentiel de comprendre aujourd'hui, c'est que personne ne ressemble aux images sur papier glacé et que les différentes tendances du "Stay at Home Girlfriend" ou encore les "Trad Wives" ne sont que des mouvances sur les réseaux sociaux et ne représentent pas la réalité des choses. Car, si l'on a tendance à penser qu'une femme est toujours l'incarnation de la douceur et de la maternité, il ne faut jamais oublier qu'il y a des femmes qui ne souhaitent pas devenir mères ou qui ne correspondent absolument aux normes sociétales du "typiquement féminin" : il y a des femmes qui aiment la mécanique, qui jurent, qui ne font pas une taille 36, qui n'aiment pas particulièrement le maquillage et les talons, pourtant elles ne sont pas moins femmes que les autres.

La situation est-elle sans issues ? 

Heureusement non. Dans la vie, rien n'est irréversible. En revanche, il est essentiel d'amorcer les changements dès le plus jeune âge. Une expérience sociale anglaise mettait en lumière les différences qu'il peut y avoir dans l'éducation des filles et des garçons. C'est souvent dès le plus jeune âge que l'on commence à instaurer des normes de genre aux enfants : on poussera les petites filles à être plus responsables là où on encouragera les garçons à être "des vrais mecs".

La solution est (et restera) l'éducation. Si les nouvelles générations ont tendance à être plus crédules, elles ont également la chance d'être plus éveillées sur certains sujets - notamment les stéréotypes de genre. L'avènement des réseaux sociaux a permis d'ouvrir le débat sur de nombreux sujets concernant l'identité, le genre et le rapport au corps. Cette ouverture d'esprit doit - idéalement - être soutenue par une éducation non genrée et qui pousserait les enfants à se questionner sur son rapport à soit et à l'autre.

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