Bientôt une taxe sur la fast fashion ? L’industrie dans le viseur de l’Assemblée nationale

À l'heure où la surconsommation est banalisée et où les commandes Shein et AliExpress font l'unanimité quant à leurs chutes de prix démesurés, la fast fashion est sur le point de s'essouffler.

Écrit par Téa Antonietti le

En février dernier, le député français Antoine Vermorel Marques et le groupe Horizons abordaient la mise en place d'une proposition de loi impliquant des pénalités financières pour les consommateurs de fast fashion et d'ultra fast fashion. Aussi bien Shein que Zara, Temu ou même H&M, un malus entre 5 et 10 euros par article serait imposé. 

L'ambition de ce projet de loi ? Réguler la consommation excessive et irresponsable de cette industrie qui cache bien des vices tant sur le plan éthique qu'économique. Ces derniers mois, on a pu apercevoir en scrollant TikTok, plusieurs hauls XXL de colis Shein et Temu, tandis que perdurent les unboxings de commandes Zara et H&M des influenceuses, devenus des types de contenus aux millions de vues. Mais derrière les écrans se cache une industrie dévastatrice à tous les niveaux. 

Crédits : Just nab

Temu, Shein, AliExpress : Pourquoi faut-il arrêter d'acheter sur ces sites ?

Si le projet de loi d'Antoine Vermorel Marques fait débat et agite les consommateurs, c'est parce qu'il représente un premier pas crucial vers une transition, celle d'une production étrangère aux ravages éthiques à une consommation locale raisonnée. Alors que l'industrie de la mode est l'une des plus polluantes, sa branche de l'ultra fast fashion repousse les limites mêmes de la consommation, avec un mode de fonctionnement basé sur le chiffre à court terme. 

Comment fonctionne une telle machine à vêtements et quelles sont ses limites ? 

Les marques de fast fashion que l'on connaît bien, de Zara à H&M en passant par Primark et Boohoo, associées à celles d'ultra fast fashion que sont Shein, Temu ou encore AliExpress, cumulent un total annuel de 100 milliards de vêtements vendus, dans un monde peuplé de 7 milliards d'humains, le ratio est curieux. 

Le tout obtenu grâce à une surproduction qui exploite autant les ressources naturelles que les travailleurs. Ces pratiques abusives dépourvues d'éthique permettent ainsi d'obtenir une vitesse de production exceptionnelle et une dynamique de vente surpuissante.

Les ravages de la fast fashion aux plusieurs dizaines de collections par an 

Seulement, derrière ce monopole triomphant de la surconsommation, se cachent d'autres gros chiffres nettement moins victorieux... D’après l’Agence de la transition écologique (Ademe), les deux secteurs représentent aussi 4 milliards de tonnes de CO2 émises par an, contribuant à 20% de la pollution des eaux dans le monde.

Soit des conséquences écologiques absolument dévastatrices et pour quoi ? Cela pour finalement entraîner un gaspillage démesuré, représentant une perte annuelle estimée à 460 milliards de dollars. Par la mauvaise qualité des produits qui ne durent pas dans le temps et leur lassitude presque immédiate causée par le phénomène d'un comportement d'achat compulsif, on ne parle plus de prêt-à-porter mais plutôt de prêt-à-jeter.

Quels sont les avantages de cette taxe qui pose des limites à la fast fashion ?

Une chose est certaine : cette taxe ouvre concrètement le dialogue sur la mise en place d'une industrie de la mode durable et incite à un démantèlement de la fast fashion et de son business model dévastateur sur le long terme. Derrière ce projet de loi, l'industrie polluante se verrait avoir des limites afin de réguler son impact et de s'orienter petit à petit vers un mode de consommation plus sain. Pour ce faire, les acteurs de cette fast et ultra fast fashion proposant plus de mille nouveaux produits par jour seront soumis à des contraintes spécifiques. Derrière une pénalité de 5 euros par article se cacherait la clé d'une consommation durable.

Une régulation plus saine de la surconsommation

La première promesse de cette régulation n'est autre que la valorisation de la production française. Consommer local, c'est soutenir l'industrie textile française dont les conditions de production assurent une transparence éthique et encouragent un comportement d'achat raisonnable qui s'inscrit dans le temps.

Fils d'agriculteur, le député a souligné l'aubaine de soutenir cette consommation : "Si l’on importe des produits avec des normes sociales et environnementales comparables aux nôtres, je n’ai pas de problème majeur. Mais ce n’est pas le cas avec Shein, par exemple". Plus encore, la préservation écologique est inévitable et des mesures offensives du gouvernement sont nécessaires pour mettre à l’amende les temples de la surconsommation qui ne mesurent pas leur impact environnemental. 

Un projet de loi qui ne fait pas l’unanimité 

Les consommateurs de ces plateformes d'e-commerce fast fashion passent régulièrement commande, constamment intéressés par le large choix de vêtements, permit par plusieurs dizaines de collections par an. Malgré les nombreux appels au boycott et la dénonciation des conditions de travail inhumaines, des drames sanitaires et autres scandales éthiques qui entourent ces enseignes, la tentation est trop forte et la dépendance inévitable. 

Crédits : Aaron Joel Santos

Cette taxe pourrait créer un "appauvrissement" des consommateurs

Face à l'annonce de ce projet de loi radical, bon nombre de consommateurs sont révoltés. Si la plupart reconnaissent la volonté de regagner une consommation responsable, c'est l’affectation de leur pouvoir d'achat qui inquiète. Avec des prix de vente séduisants qui permettent d'acheter plus pour moins cher qu'en France, il est dur de renoncer à la facilité de la fast fashion et de ses services en ligne.

Cependant, des alternatives comme la seconde main, avec des plateformes comme Vinted et Depop et la dynamique plus saine du "consommer moins pour consommer mieux dans le temps" incarnent de l'espoir, et restent des moyens de s'habiller relativement modestes. 

Le 14 mars prochain, ces propositions initiées par Antoine Vermorel Marques et Anne-Cécile Violland seront discutés devant l'Assemblée nationale. Si la loi est votée, la rythmique des enseignes de fast fashion va radicalement changer. Avec une mesure sur l'impact environnemental de l'industrie, mais aussi un malus écologique de 5 à 10 euros par article, ainsi qu'une interdiction totale de publicité pour les entreprises et les produits relevant de la mode éphémère. À voter !

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