La France est-elle réellement le premier pays à garantir la liberté d’avorter dans sa Constitution ?
Lundi 4 mars, jour historique pour toutes les Françaises et les Français : la liberté d'avoir recours à l'IVG a officiellement été inscrite dans la Constitution. Si la classe politique du pays se vante d'être le premier pays à garantir ce droit constitutionnellement, qu'en est-il réellement ?
Écrit par Juliette Gour le
C'est une décision politique qui a de quoi faire sourire toutes les grandes Simones de notre histoire, mais également toutes celles qui se sont battus pour que l'IVG devienne un droit en France. Des Sufragettes du début du XXe au 343 qui avouaient avoir avorté, on ne compte plus les femmes qui ont brûlé leur soutien-gorge et joué des coudes pour que les Françaises puissent, un jour, être libre de disposer de leur corps. Le 4 mars dernier, ce droit est devenu constitutionnel. Une décision historique, soulignée comme unique au monde.
L'ensemble de la classe politique qui, pour une fois était réunie sous le même étendard, ne se prive pas de se vanter d'être les premiers à inscrire cette liberté - aujourd'hui fondamentale - dans la constitution. Mais qu'en est-il réellement ? La France est-elle le premier pays à figer ce droit dans le marbre ou est-ce que c'est un simple fantasme mégalo de la classe politique Française ? Franceinfo a enquêté et voici ce qu'il en est réellement.
Plusieurs tentatives avortées
La démarche de la France n'est pas une démarche inédite. En réalité, il y a eu plusieurs pays qui ont tenté d'inscrire le droit à l'IVG dans la constitution. Le Chili, par exemple, a failli en 2022, inscrire le droit. Porté par le président Gabriel Boric, le projet était initialement de réviser la Constitution actuelle pour la moderniser en y ajoutant de nouveaux droits fondamentaux. Mais la révision de cette constitution a été repoussée suite à un référendum.
Au Chili, les femmes n'ont le droit d'avorter que depuis 2017, cette inscription aurait donc été historique, tant par son aspect que par la rapidité de l'inscription de ce droit à la Constitution. En France, il a fallu attendre 49 ans pour que cette liberté d'avoir recours à l'IVG devienne intouchable.
D'autres exemples à travers le monde
Lorsque l'on se penche un peu sur la question, on se rend rapidement compte que la France n'est pas la première à mettre en place des actions pour protéger le droit à l'avortement. Cependant, c'est en France que cette inscription est la plus explicite. On peut aujourd'hui lire dans la Constitution Française, à l’alinéa 34 que : "La loi détermine les conditions dans lesquelles s'exerce la liberté de la femme, qui lui garantie, d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse."
D'autres pays, comme la Serbie, la Macédoine du Nord et dans les régions Serbes de Bosnie, garantissent selon la Constituion de 1974 - ancien régime yougoslave - qu'il est "un droit humain de décider librement de la naissance de ses enfants". Si la notion d'IVG ou de femme n'est pas mentionnée dans cette loi, elle a au moins le mérite d'exister.
L'autre exemple qu'il faut citer est celui de Cuba, qui protège l'avortement grâce à une loi qui garantit les "droits sexuels et reproductifs des femmes" dans sa Constitution. D'autres pays en Afrique garantissent l'avortement - même dans les pays où il est interdit - si la vie de la mère est en danger. Ainsi, le Kenya ou encore la Somalie autorise les médecins à pratiquer une IVG pour sauver la vie de la mère et ce, malgré la loi religieuse.
Dans les faits, la France est donc réellement le premier pays à réellement garantir la liberté d'avorter sans discussion - si ce n'est la clause de conscience. Le 4 mars est donc réellement un jour historique pour la France et pour le droit des femmes à l'internationale.