La contraception bientôt interdite aux États-Unis ? Le projet de loi qui dérange
Décidément, plus les années passent, plus les États-Unis prennent des airs de Gilead. Le 5 juin dernier, les sénateurs américains ont retoqué une loi destinée à protéger l'accès à la contraception dans le pays. On décrypte.
Écrit par Juliette Gour le
Depuis l'annulation de l'arrêt Roe V Wade aux USA en 2022, la question de la contraception n'a jamais été aussi bancale au pays de l'oncle Sam. Entre les états qui interdissent purement et simplement l'avortement, ceux qui condamne les femmes qui ont décidé d'interrompre une grossesse et les associations "pro life" qui traînent devant les centres d'avortement pour traiter les femmes de meurtrières, le droit de disposer de son corps n'a jamais été aussi compliqué dans le pays de toutes les libertés.
Mercredi 5 juin, les sénateurs américains ont une fois de plus bloqué une loi qui vise à garantir l'accès à la contraception. Portée par le parti Démocrate, cette proposition de loi aurait garanti aux américain.e.s le droit de se procurer et d'utiliser des préservatifs, stérilets et pilule contraceptive. La loi garantissait également le droit au personnel de santé de pouvoir prescrire ces différents moyens de contraception, sans que les autorités puissent l'interdire.
Dans un pays où un adulte sur 5 craint que la contraception soit un droit qui finisse par être supprimé, cette prise de position de la part des sénateurs américains ne fait que confirmer cette crainte. Plus que jamais, la contraception est menacée aux USA et ce n'est pas près de changer.
Une loi refusée en première lecture
Le projet de loi n'a - sans surprise - pas été soutenu par la majorité. N'ayant pas reçu le soutien suffisant, la loi ne sera même pas étudiée. Pour les sénateurs républicains, il ne serait pas nécessaire de légiférer autour de la question de la contraception car elle est "disponible partout et qu'il n'y a pas de projet pour que ça change."
Malgré la déclaration de Biden, jugeant le blocage "inacceptable", la situation ne semble pas près d'évoluer. Le président Biden avait pourtant promis de se battre pour "une contraception abordable et de qualité", mais le gouvernement actuel n'est pas en mesure de faire avancer les choses, car la Cour Suprême américaine est toujours dominée par les juges conservateurs, placés pendant la présidence de Trump. Ce sont ces mêmes juges qui ont aboli la garantie du droit à l'avortement en 2022.
Un stérilet géant pour protester contre cette prise de décision
Pour continuer à affirmer haut et fort que la contraception est un droit fondamental, une association pro-contraception a eu une idée plutôt originale : installer un stérilet géant en face de la gare de Washinton DC - gare empruntée par de nombreux sénateurs américains. Le but de cette installation est évidemment de protester, mais également pour mettre en lumière le fait que 90% des Américains soutiennent l'accès à la contraception (selon Americans for Contraception).
Si cette prise de position inquiète, c'est avant tout parce que la question de la contraception est aujourd'hui intégrée comme un droit fondamental dans de nombreux pays. Plusieurs candidats aux élections européennes ont d'ailleurs promis d'inscrire le droit à l'avortement et à l'accès à la contraception dans la charte des droits fondamentaux européens.
Pour rappel, aux USA, une femme sur trois vit dans un état où elle n'a pas le droit d'avorter. L'accès aux soins de santé reproductive est presque devenu un luxe aujourd'hui au pays de l'oncle Sam. L'érosion de ses droits est évidemment une question féministe mais surtout une question de santé publique, garantissant le bien-être et la sécurité des femmes. C'est pour cette raison que les démocrates soulignent un besoin urgent de protéger l'accès à ses soins pour ne pas totalement les voir disparaître un jour.