En Afghanistan, les femmes n’ont plus accès à la médecine
Depuis 2021 et la chute de Kaboul aux mains des Talibans, la vie n'est qu'une escalade de privation pour les Afghanes. La dernière en date ? Elles viennent d'être totalement exclues de l'univers médical.
Écrit par Juliette Gour le
Dans la grande série des règles discriminatoires envers les femmes, les Talibans viennent de prendre une nouvelle décision choc, qui risque de mettre en danger la vie des femmes et des jeunes filles afghanes.
Déjà privées d'éducation, certaines chanceuses pouvaient néanmoins encore accéder à l'éducation en suivant des études liées à l'univers médical, mais la nouvelle règle des Talibans est la suivante : les femmes sont définitivement exclues des études médicales. Les écoles de santé ont annoncé que d'ici 10 jours, ils ne pourraient plus accueillir aucune étudiante, sur ordre du guide suprême Hibatullah Akhundzada.
La communauté internationale dénonce "une violation consternante des droits humains" et l'ONU tire la sonnette d'alarme, car cette décision va limiter l'accès des femmes à la santé - déjà très précaire.
Vers l'explosion d'un taux de mortalité féminin ?
Cette décision est un nouveau coup de massue pour les femmes afghanes, déjà dans une situation très précaire. Le pays est, à date, l'un de ceux où la mortalité maternelle est le plus élevée au monde et cette décision ne devrait pas permettre à la situation de s'arranger. En privant les femmes de l'éducation médicale, les talibans privent la moitié de la population d'avoir accès aux soins. Car, il fallait s'en douter, il n'y a que les femmes qui peuvent soigner les femmes en Afghanistan et sans praticienne féminine, les femmes n'auront plus accès aux soins.
Les praticiens masculins ont le droit de soigner les femmes, mais seulement si un parent masculin est présent lors de la consultation. Une situation plutôt délicate, surtout lorsqu’il s'agit d'examens intimes.
La communauté internationale tire la sonnette d'alarme
Est-ce que cette interdiction est celle de trop ? L'ensemble de la communauté internationale appelle aux talibans à revenir sur leur décision. Catherine Russell, cheffe du Fonds des Nations Unies pour l’enfance, se dit très concernée par la situation car "Cela limiterait non seulement davantage la capacité des femmes à contribuer à la société et à gagner un revenu, mais aurait également des conséquences de grande ampleur sur la santé de l’ensemble de la population afghane. Des vies seraient perdues."
L'impact sur le quotidien des Afghanes pourrait être catastrophique si le gouvernement religieux ne revient pas sur sa décision. En 2020 déjà, l'OMS estimait qu'au moins 24 femmes mouraient chaque jour en couches ou pendant leur grossesse (l'un des plus hauts taux de mortalité au monde). L'exclusion des femmes de l'univers médical pourrait encore augmenter cette mortalité, déjà bien trop présente dans le quotidien des femmes.