Féminicide : une femme meurt brûlée vive par son mari déjà condamné pour violences conjugales

Mardi 4 mai, un féminicide d'une violence inouïe a eu lieu à Mérignac, près de Bordeaux. L'homme incriminé, mari de la victime, avait été condamné et emprisonné en 2020 pour des faits de violences conjugales. Il a été interpellé en possession de plusieurs armes.

Écrit par Elodie Josserand le

Les habitants de Mérignac sont sous le choc après le drame qui s'est produit. Chahinez, une femme âgée de 31 ans, mère de trois enfants, est morte mardi après-midi dans cette tranquille banlieue bordelaise, après avoir été poursuivie, puis brûlée vive par son mari.

La scène s'est déroulée aux alentours de 18h. L'homme, déjà condamné et emprisonné pour violences conjugales en 2020, a poursuivi en pleine rue sa femme dont il était séparé. Armé, il a tiré plusieurs coups de feu dans ses jambes jusqu’à ce qu’elle s’effondre. Il l'a ensuite aspergée d’un liquide inflammable alors qu’elle était encore en vie et l’a immolée par le feu, selon le parquet de Bordeaux.

L'individu suivi par le service pénitentiaire

Au lendemain de cet horrible meurtre, l'indignation se mêle au chagrin. Le suspect était déjà connu des forces de l'ordre. Condamné en 2015 pour des faits de violences avec arme, il a écopé le 25 juin 2020 d'une peine de 18 mois de prison dont neuf assortis d'un sursis probatoire pendant deux ans, avec mandat de dépôt, pour avoir violenté sa femme.

Le 5 octobre 2020, il obtient par jugement du juge d'application des peines, une mesure de placement extérieur spécifique pour les auteurs de violences conjugales et sort de prison le 9 décembre. Depuis, il était suivi par le service pénitentiaire d'insertion et de probation de la Gironde et avait l'interdiction d'entrer en contact avec son ex-femme et de paraître à son domicile.

Une plainte déposée le 15 mars dernier

Depuis sa sortie de prison, l'individu ne portait pas de bracelet électronique ni de bracelet anti-rapprochement et la victime ne disposait pas de téléphone grave danger, mesures pourtant élaborées pour assurer la protection des victimes de violences conjugales.

Mercredi, des voisines de la victime exprimaient leur colère : "Elle avait trouvé la force de se séparer (...). Depuis (sa sortie de prison, ndlr), il la harcelait, l’espionnait, la suivait (…) Il y a près de deux mois, il l’a une nouvelle fois agressée devant un supermarché. Il a réussi à la faire monter dans son fourgon et a tenté de l’étrangler. Elle est parvenue à s’enfuir", ont-elles confié au journal Sud-Ouest, précisant que la "police avait été prévenue". Suite à cette agression, Chahinez avait porté plainte le 15 mars dernier. Une enquête était toujours en cours au moment du drame.

Fusil, pistolet à gaz, cartouches

Lors de son arrestation, l'auteur des faits portait "un fusil de calibre 12, un pistolet à gaz et une ceinture de cartouches", selon le parquet de Bordeaux qui a ouvert une enquête du chef d'homicide volontaire par conjoint et destruction par incendie.

"En plus d’être multirécidiviste, il avait une arme à feu ! Encore ! Mais que fait Gérard Darmanin ?", a tweeté Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui demande le retrait systématique des armes à feu aux conjoints violents dès le premier signalement. S'indignant de l'inaction et du silence de l'État, elle souligne que depuis le début de l'année, 39 femmes ont été assassinées par leur conjoint, partenaire, ex-partenaire.

Plusieurs collectifs de défense de droits des femmes appellent au rassemblement.

Les Éclaireuses

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