Plus de 50% des garçons entre 12 et 13 ans regardent du porno de façon régulière
C'est l'étude choc du printemps qui nous laisse penser que les enfants ne sont plus aussi innocents qu'on le pense. Depuis 5 ans, la consommation de porno chez les mineurs explose et il y a une vraie explication à cela.
Écrit par Juliette Gour le
C'est l'étude un peu choc de ces dernières semaines - qui nous fait bien comprendre que les kids d'internet ne sont plus innocents très longtemps. Mediamétrie a mené pour l'Arcom une vaste étude sur la consommation des contenus pornographiques par les mineurs et le résultat est sans appel : oui, les jeunes adolescents regardent du porno de façon régulière et c'est valable pour les jeunes garçons comme pour les jeunes filles.
Cette grande étude a été menée dans le cadre d'une loi qui vise à interdire l'accès des sites pornographique aux mineurs. 10 sites pornos ont d'ailleurs depuis été mis en demeure afin qu'ils mettent en place de vraies solutions pour empêcher l'accès des mineurs. Tous les mois, ce sont près de 2,3 millions de mineurs qui sont exposés à des images pornographiques avec une moyenne de visionnage de 50 minutes. La proportion des mineurs regardant régulièrement du porno est la même que les adultes (37%) et c'est peut-être ce qu'il y a de plus inquiétant.
Si les jeunes filles regardent aussi du porno, les garçons restent les champions en matière de consommation
Il y a évidemment un rapport très genré à la consommation du porno et cela ne surprend personne. Si les 31% des jeunes filles de 12-13 ans avouent se rendre sur des sites pour adulte de façon régulière, chez les garçons, ce sont plus de 50% des 112-13 qui consomment du porno régulièrement. Si en avançant dans l'âge, la proportion des femmes reste quasiment toujours la même, celle des hommes ne fait qu'augmenter pour atteindre le chiffre record de 65% chez les 16-17 ans.
AU total, les mineurs représentent 12% des audiences des sites pour adulte (17% chez Pornub, le site chouchou des jeunes). Depuis 2017, les sites ont noté une consommation en régulière augmentation. En 5 ans, le nombre de mineurs consommant régulièrement du contenu pour adulte a augmenté de 36%. Cette augmentation est évidemment liée à la généralisation des smartphones, facilitant ainsi l'accès à ce type de contenu. Il est également important de noter qu'aujourd'hui, le porno n'a jamais été aussi facile d'accès et qu'il est difficile de ne pas assouvir sa curiosité, surtout lorsque l'on a les hormones en feu.
Il est cependant très inquiétant de noter que les 10-11 sont 21% à consommer régulièrement du porno. L'âge du premier visionnage a encore baissé en France, créant une rupture nette entre le monde de l'enfance et celui de l'adolescence de plus en plus tôt.
Quel est le risque de cette consommation exacerbée à un si jeune âge
Au-delà même du choc que peuvent représenter certaines images pornographiques, cette consommation à outrance soulève la question de l'éducation sexuelle et de l'apprentissage de la sexualité. Si les écoles ont obligation de prodiguer au moins 3 séances annuelles dès le primaire, trop peu appliquent réellement la loi. Ces cessions ont théoriquement pour but d'apprendre les notions de consentement, de sensibiliser sur les violences sexistes et sexuelles mais elles permettent surtout de lever le voile sur le mystère de la sexualité tout en démystifiant certaines choses.
Si les adultes ont la jugeote et le recul nécessaire pour comprendre qu'un porno est un avant tout un film de genre et que cela ne reflète pas la réalité, les jeunes adolescents ne sont pas aussi lucides et ont de grandes chances de prendre pour argent comptant tout ce qu'ils voient à l'écran. Le résultat peut d'ailleurs être catastrophique. Entre les différents complexes (sur la taille du sexe ou sur la performance) en passant par l'intégration de certains comportements toxiques (pouvant même aller jusqu'à la glamourisation du fantasme du viol), il n'y a finalement rien de bien positif à ce que les enfants soient biberonnés au porno de plus en plus jeune.
La solution pour inverser la tendance ? Si une toute nouvelle législation est en train d'être mise en place pour limiter l'accès aux contenus pornographiques (qui dans l'absolu est quasiment impossible), la question de l'éducation est centrale, tout comme celle du dialogue. Il n'y a qu'en parlant de sexualité avec les enfants (en adaptant évidemment le discours), qu'il sera éventuellement possible d'inverser la tendance. Mais tant qu'il y aura un tabou autour de la sexualité, les enfants continueront à aller chercher les réponses par eux-mêmes (et les conséquences qui vont avec).