L’après Affaire Mazan : ce que les femmes attendent de ce procès historique

Le procès Pelicot ne se contente pas de juger des actes monstrueux : il porte les espoirs d’un changement profond dans la façon dont la justice traite les violences sexuelles. Alors que les peines requises sont historiques, les femmes, qu'elles soient victimes ou militantes, attendent un verdict exemplaire. Certaines ont accepté de nous confier leurs attentes et leur colère face à un système qui, trop souvent, échoue à les protéger.

Écrit par Camille Cortot le

Dominique Pelicot. Un nom qui, depuis des mois, symbolise à la fois l’horreur des violences sexuelles et l’espoir d’une justice capable de changer les choses. Le procès des viols de Mazan, dans lequel il est le principal accusé, est sur le point de se clore, et les peines requises ont été annoncées : la peine maximale de 20 ans pour Dominique Pelicot, et des peines allant de 10 à 20 ans de prison ferme pour les co-accusés. Une sévérité rare dans ce type d’affaires, mais qui reflète l’ampleur des crimes reprochés.

Ce procès dépasse cependant le simple cadre juridique. Il est devenu un symbole, une affaire suivie par des milliers de femmes en France et ailleurs. Il cristallise des attentes immenses, des espoirs forts. C’est une occasion unique pour la justice de montrer qu’elle peut enfin être à la hauteur des violences endurées par les femmes. Mais qu’espèrent-elles vraiment de ce procès ? Entre justice, exemplarité et espoir de changement, les attentes sont nombreuses, souvent douloureuses, mais surtout résolument politiques. Il s’agit ici de faire changer la société. 

Un symbole pour les victimes de violences sexuelles

Pour beaucoup, ce procès représente un moment rare où les voix des victimes sont vraiment entendues. Ici, pas question de remettre en doute la parole de la victime par manque de preuves, puisque des images accablantes ont été enregistrées. Pourtant, pendant des années, lorsque Gisèle Pelicot soupçonnait qu'il se passait quelque chose, qu'elle allait consulter des médecins, personne n'a su l'écouter. Mais aujourd’hui, ses agresseurs font face à la justice et son histoire pourrait bien changer les choses.

Ce procès, c’est un tournant dans la bataille du droit des femmes : " Gisèle Pelicot est devenue un symbole, un emblème pour nous toutes. Ce qu’elle a traversé coche toutes les cases des violences possibles. Que cette affaire soit connue à l'international, qu'elle ait fait autant de bruit, c’est crucial. " confie Érine, étudiante.

Les mobilisations autour de l’affaire, notamment le mouvement #NousSommesToutesGisèle, témoignent de cette volonté collective de briser le silence. Cette affaire est devenu une caisse de résonance pour toutes les violences tues, pour toutes celles qui n’ont jamais été entendues. " Ce procès, c’est pour celles qui ont dû se taire, celles dont les affaires ont été mises de côté. Trop de plaintes finissent classées sans suite. Là, enfin, on ne détourne pas le regard. " souligne Ilona, journaliste.

Une attente de justice exemplaire

Le verdict attendu ne concerne pas seulement Dominique Pelicot. Bien sûr, les peines requises sont sévères, mais elles doivent l’être. Pour beaucoup, c’est une question de dignité et de reconnaissance des crimes commis. " J’aimerais que Dominique Pelicot prenne le maximum ", lâche Érine, en colère. " Mais ce n’est pas que pour lui. Que tous les accusés soient jugés à la hauteur de leurs actes. On veut des peines exemplaires, pas des condamnations symboliques qui se contentent de deux ans de prison."

Le sentiment général est clair : il est temps que la justice française cesse d’offrir des sursis à des crimes aussi graves. Une autre interviewée insiste : "Qu’on arrête de mettre en doute systématiquement la parole des femmes, même quand elles apportent des preuves écrasantes."

Un tournant dans le combat féministe

Ce procès pourrait marquer un avant et un après dans la lutte contre les violences sexuelles. " On ne peut pas rester de marbre face à cette affaire " confie Ilona. "Elle est tellement inimaginable qu’elle doit nous faire réfléchir sur la manière dont on traite ces crimes, dans les médias comme dans les tribunaux. "

Elle ajoute : "En France, on a encore cette image du viol classique, celui de la jeune femme en mini-jupe dans une ruelle sombre. Ce procès rappelle qu’il n’y a pas de victime type, tout comme il n’y a pas qu’un seul type d’agresseur. "

Une société à repenser

Les femmes interrogées espèrent que ce procès déclenchera des changements profonds. Il ne s'agit pas seulement d’obtenir des condamnations exemplaires, mais aussi de faire évoluer les mentalités. " On doit en finir avec la culture du viol, avec cette idée que les victimes sont responsables de ce qui leur arrive. C’est triste qu’il faille une affaire aussi sordide pour qu’on en parle, mais profitons-en pour avancer. "

Au-delà du verdict, toutes souhaitent une réforme structurelle. " Il faut former les magistrats, les policiers, et surtout éduquer les jeunes sur le consentement dès l’école. Ce procès est un point de départ, pas une fin en soi. " Pour ces femmes, ce qu’elles attendent, c’est une reconnaissance durable. " Nous voulons que ce procès reste dans les annales, qu’il serve de modèle pour d’autres affaires. " Le message est clair : l’histoire ne peut plus être écrite sans justice pour les victimes.

Et après ?

Le procès Pelicot s’achèvera bientôt, mais les questions qu’il soulève restent ouvertes. Que se passera-t-il après le verdict ? Les femmes pourront-elles compter sur des réformes concrètes pour que ce type d’affaire ne soit plus jamais minimisé ? Les violences sexuelles seront-elles enfin traitées comme un enjeu central ?

Une chose est sûre : ce procès a montré que les femmes, partout dans le monde, en ont marre de subir en silence. Elles attendent beaucoup, non seulement de ce verdict, mais de la société tout entière.

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