L’impact du football sur les violences conjugales : un bilan inquiétant
Il y a quelques années, une étude britannique réalisée par le National Center for Domestic Violence révélait le lien choquant entre les matchs de football et les violences conjugales des supporters sur leurs compagnes. À l’aube de l’Euro 2024 et des Jeux Olympiques de Paris, focus sur un ultime rapport à la violence féminine lié à l’engouement sportif.
Écrit par Téa Antonietti le
En plein déroulement de la Ligue des champions, là où des équipes victorieuses s’affrontent avec audace, déclenchant l’adoration aussi bien que la déception des supporters qui vivent le match avec passion, en direct des gradins du stade comme de leur canapé, la masculinité semble atteindre son paroxysme. L’occasion de s’intéresser à une enquête menée il y a une dizaine d’années par le National Center for Domestic Violence, qui pointait du doigt les supporters anglais accusés de violences sur leurs partenaires, particulièrement après un soir de match. Le plus ahurissant : le taux de plaintes augmente lorsque l’Angleterre perd.
Un parallèle très problématique que le centre de recherche mettait en avant dans le cadre de campagnes de préventions, notamment avec l’image forte d’une femme ensanglantée, dont la coulée rouge formait la croix de Saint-George, emblème du drapeau anglais. Ponctuée par le slogan “Si l’Angleterre est battue, elle aussi.” et les données glaçantes : “Les violences conjugales augmentent de 26% pendant les matchs de l'Angleterre. 38% quand ils perdent.”, soit des résultats qui mettent ko la situation des femmes dans leur rapport aux évènements sportifs. Zoom sur une étude alarmante qu’il faut absolument prendre en compte en vue de l’actualité sportive conséquente.
L’Angleterre perd, les conjointes le subissent
Le rapport du National Center for Domestic Violence a focalisé sa recherche sur les Coupes du monde de football, de 2002 à 2010, en s’appuyant sur les plaintes des partenaires de supporters britanniques les soirs des matchs de l’Angleterre. Des chiffres désolants qui confirment une aptitude des conjoints violents à faire subir davantage d’agressions à leur partenaire en période de compétition de football.
Un taux de violences qui marque malheureusement des points
En déroulant les accusations enregistrées par la police le long de la compétition de football internationale, lorsque l’Angleterre gagne ou signe un match nul, les violences conjugales augmentent de 26% face aux jours sans matchs.
Pire encore, lorsque l’équipe nationale a le malheur de perdre face à l’adversaire, la hausse se situe à 38%. Le taux de violences augmente également en fonction du jour de la semaine. L’enquête révèle qu’un match qui a lieu le samedi ou le dimanche représente entre 43% et 51% en plus de plaintes signalées par rapport à un jeudi soir.
Comment peut-on expliquer un tel rapport ?
Quoi qu’il arrive, les violences conjugales ne s’expliquent pas. Pour rappel, en France, toute violence conjugale commise au sein du couple est interdite par loi et ce, peu importe la forme des violences, qu’elles soient physiques, verbales, psychologiques, sexuelles, économiques ou administratives. D’après les recherches du National Center for Domestic Violence, il a été révélé qu'un homme sur 4 avait consommé de l’alcool avant de commettre une agression domestique. Une observation qui ne justifie absolument pas ces actes bien que beaucoup l’emploient sous forme d'excuses.
Le football et l’alcool ne sont pas des excuses
D’après les chercheurs du centre britannique, lors de cet événement national, se conjugue chaleur, alcool avec les interactions dans les gradins, dans les bars ou même à travers un écran à domicile. L’esprit de compétition qui règne augmenterait alors le taux de rivalité et de masculinité chez les supporters impliqués dans le match, encourageant par conséquent une certaine agressivité.
"La nature compétitive de tout cela peut conduire à la violence domestique au sein du foyer, en particulier si le fan de football a bu ou a perdu de l'argent sur un pari", explique LeAndra Nephin, une jeune femme travaillant au sein du service de soutien aux violences féminines Pathway Project. Un constat qui n’est autre qu’une excuse qui déguise les actes des agresseurs, incapables d’assumer leur responsabilité, d’après les dires de la directrice de l'association Refuge, Sandra Horley, auprès de la BBC.
Cette dernière ajoutait : “Des femmes subissent les coups de leurs conjoints tous les jours, pas uniquement quand le foot passe à la télé”. Soit un rapport affolant qu’il faut prendre en compte non seulement pour prévenir plus que jamais les violences conjugales dans tout contexte confondu, mais aussi à l’aube d’évènements sportifs susceptibles de déclencher des comportements agressifs. Dans le monde du football, des actions ont déjà été menées afin de lutter contre les violences faites aux femmes. En 2020, la Ligue de Football Professionnel s’engageait auprès de l’association Solidarité Femmes, afin de faire entendre la voix de ces victimes. Une initiative encouragée par des joueuses du championnat comme la figure phare de l’Olympique lyonnais Amandine Henry.
Découvrez plus de contenus similaires dans la rubrique société !