Plus de mascu’ face à des femmes de plus en plus féministes, c’est ce qu’on retient du nouveau rapport du Haut conseil de l’égalité
Le nouveau rapport du Haut conseil de l'égalité vient de sortir... Et il n'y a pas vraiment de quoi se réjouir.
Écrit par Juliette Gour le
C'est un peu notre marronnier préféré : en ce "Blue Monday" (aka, le jour le plus déprimant de l'année), le Haut Conseil de l'égalité vient de sortir son tout dernier rapport. L'objectif de ce bureau d'études est d'analyser l'évolution du sexisme en France et de mettre en lumière les petits manquements à l'égalité dans la société. Cette année, le HCE a interrogé 3000 personnes, des femmes et des hommes représentatifs de la société et, le moins que l'on puisse dire, c'est que ça ne va pas en s'arrangeant. L'année dernière déjà, le rapport tirait la sonnette d'alarme, en soulignant l'omniprésence du sexisme dans le quotidien des femmes.
Le rapport est formel : en 2024, les choses n'ont pas évolué vers le mieux, bien au contraire. Les femmes sont confrontées au sexisme quotidiennement, c'est un fait, mais ce qui inquiète le plus, c'est la montée des mouvements masculinistes, en corrélation avec un retour des discours traditionnalistes. Que du fun.
Des femmes plus féministes face à des hommes plus masculinistes
Si l'on ne devait retenir qu'une seule info de ce rapport annuel, c'est peut-être l'intensification du clivage qu'il y a entre les hommes et les femmes. Cette fracture, déjà soulignée l'année dernière, s'est encore creusée en 2024. Chez les jeunes, on remarque une "polarisation" croissante, qui oppose finalement les deux genres : d'un côté, des femmes de plus en plus éveillées aux challenges de la société et de l'autre, des hommes désireux de remettre les vieux schémas au goût du jour.
Heureusement, il reste encore un brin de lucidité. 86% des Français de 25 à 34 ans estiment qu'il est difficile d'être une femme en 2024. En revanche, 13% des hommes admettent qu'il est plus difficile d'être un homme qu'une femme (on rêve de lire leur argumentaire).
Cette polarisation entre les genres s'est particulièrement illustrée lors de la campagne américaine : les femmes ont, en majorité, voté pour Harris (72%) quand les hommes ont été plus nombreux à préférer Trump (45%). Ce clivage des genres pourrait donc s'installer durablement et finir par scinder la société en deux, avec d'un côté les femmes progressistes et de l'autre, les hommes attachés aux vieilles valeurs.
Il vient d'où ce retour aux valeurs traditionnelles ?
Dans le rapport, on note que beaucoup d'hommes ont encore des idées très spécifiques sur le comportement que les femmes doivent adopter. Par exemple, pour 76% des hommes, les femmes doivent obligatoirement être fidèles en amour et pour 42%, il est préférable que leur compagne ait eu peu de partenaires sexuels (foutu bodycount). Ces idées sentent le réchauffé, mais elles traduisent un mouvement de retour aux valeurs qui rassurent. Pour Bérangère Couillard, présidente du Haut Conseil à l’égalité, cette réaction masculine serait liée aux changements de la société. Face au mouvement, les hommes préfèreraient se rabattre sur des valeurs rassurantes face à une société en mouvement.
Ce qui est étrange, c'est qu'en parallèle de ces vieilles idées, on note une prise de conscience sur certains aspects du quotidien des femmes. Les procès de Mazan par exemple, ont été un déclencheur pour beaucoup de personnes. Aujourd'hui, 65% des Français estiment que "tous les hommes portent une part de responsabilité en matière de violences sexistes et sexuelles".
QUID du sexisme en France
Côté sexisme, rien ne change : 86% des femmes admettent avoir déjà été confronté à des situations sexistes et elles sont 90% à adopter des stratégies d'évitement au quotidien.
Quelles sont les solutions possibles pour améliorer la situation ? Pour 9 français sur 10, la solution serait de mettre en place un programme à l'école pour aider les enfants à comprendre ce qu'est le sexisme, tout en prévenant les violences liées au genre. Cette mesure est également recommandée par le HCE, en plus de la mise en place de "budgets spécifiques au genre" pour lisser les dépenses publiques.
Moralité : il reste encore beaucoup à faire, et les inégalités vont bon train dans cette société en plein changement. Et les choses ne risquent pas d'aller en s'améliorant avec l'arrivée de Trump, particulièrement apprécié par les mascu'.