Pourquoi ces tortues carnivores pullulent-elles au bord du canal du Midi ?

Écrit par Margot Roig le

Depuis quelques semaines, autour du canal du Midi, de plus en plus de riverains ont eu la (mauvaise) surprise de tomber nez à nez avec des tortues aquatiques plus ou moins grosses.

La plus robuste de toutes mesurait environ 25 cm et ne semblait pas très commode. Les gendarmes de Haute-Garonne ont donc été appelés en renfort. S’ils ont cru dans un premier temps à des tortues alligators en raison des rangées de piques qu’elles avaient sur le dos, il s’avère qu’en réalité, ce sont des tortues serpentines, néanmoins tout aussi redoutables.

Originaire d’Amérique du Nord, cette espèce carnivore, capable de sectionner un doigt avec sa mâchoire, est dangereuse pour l’homme mais également pour les tortues terrestres.

Cette espèce peut mesurer jusqu’à 80 cm et atteindre 100 kg. « Ce sont toutes des tortues aquatiques originaires d’Amérique du Nord, elles sont hargneuses et dangereuses », explique Roland Collebrusco du zoo de Mescoules en Dordogne, là où les tortues ont trouvé refuge.

« Mais même si elle ne fait que 50 kg, elle est agressive car elle est habituée à chasser, contrairement aux tortues de terre qui se contentent d’herbe. Elle a comme un bec de perroquet, un véritable sécateur », poursuit-il.

Le problème avec ces tortues c’est qu’au-delà des poissons, elle peut s’attaquer aux oiseaux et est donc assez rapide. Si les zoos comme celui de Roland Collebrusco sont autorisés à détenir cette espèce, ce n’est pas le cas des particuliers.

Malheureusement, c’est certainement l’un d’eux qui a relâché la plus grosse, âgée de 15 à 20 ans. Et cette tortue-là est peut-être la mère des plus petites. « Elle a certainement été achetée en animalerie au moment où c’était encore possible, puis a été relâchée. On en trouve dans la nature depuis pas mal de temps. Le risque c’est que l’on se retrouve avec la même problématique que celle des tortues de Floride, considérée comme une espèce exotique envahissante, aujourd’hui bien implantée et qui se reproduit sans aucun problème », précise le spécialiste.

La tortue serpentine n’a donc rien à faire ici et pourrait nuire à la biodiversité locale et aux espèces endémiques comme la tortue boueuse, aujourd’hui en déclin.

Les Éclaireuses

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