Pourquoi les femmes votent pour Donald Trump ?

Mais qu'est-ce qui peut pousser les femmes américaines à voter pour un homme misogyne et accusé de viol ?

Écrit par Juliette Gour le

Mercredi 6 novembre, c'est un peu la douche froide. Le bon vieux Donald est donné gagnant des élections américaines et ce n'est pas que grâce aux hommes blancs masculinistes, adorateurs d'Elon Musk. Ce que ces élections ont révélé, c'est qu'il y avait un véritable clivage entre les femmes et les hommes aux États-Unis. Globalement, les femmes sont plus démocrates - 54% d'entre elles ont voté Harris - et les hommes plus républicains - 54% ont voté Trump.

Mais, on note tout de même 44% des femmes qui ont voté, en âme et conscience, pour Donald Trump. Les statistiques ethniques étant autorisées aux USA, on sait que ces femmes sont majoritairement blanches, ont plus de 30 ans et n'ont pas de diplôme universitaire.

Il est légitime de se demander pourquoi autant de femmes ont donné leur vote à un candidat profondément misogyne, surtout dans une campagne où les femmes étaient au centre du débat.

Pire, qu'est-ce qui peut motiver l'envie de voter pour un homme accusé (et condamné) à de multiples reprises pour des faits d'agression sexuelle ? Qui sont ses "Trump Girls", qui donneraient leur vie (et leur droit à l'avortement) pour voir Trump à la tête du pays ?

La désinformation, la clé de la campagne façon Trump ?

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@womenfortrump20

De nombreux spécialistes de la question américaine essayent, depuis l'annonce des résultats, de comprendre les motivations des femmes à voter pour Donald. Pour Marie-Christine Bonzom - spécialiste des États-Unis - (dans le Parisien), la question de l'avortement n'a pas été un levier assez fort pour faire basculer le vote féminin en faveur de Harris. Trump a joué d'autres cartes essentielles, comme la question de l'insécurité ("They're eating the dogs") ou celle du "wokisme", le grand méchant qui menacerait l'Amérique (en plus de la Chine).

Évidemment, ce que Trump entend par wokismes, c'est tout ce qui s'éloigne d'une pensée conservatrice ou qui remet en question les anciens codes. On pense par exemple à son acharnement contre l'homosexualité et la théorie du genre. Pour les trumpistes, c'est sûr, l'école publique met des mauvaises idées dans la tête des enfants et les encourage à avoir un comportement qui ne respecte pas les préceptes de dieu.

Au début de l'année, Martin Weill était parti à la rencontre de jeunes "pro Trump", qui n'hésitaient pas à s'éloigner des grandes villes comme L.A, jugée "trop progressiste", pour revenir aux fondamentaux : le barbecue, dieu et le protectionnisme blanc.

In God (and Donald) we trust

Ce n'est un secret pour personne, 70% de l'électorat de Donald Trump est issu des communautés évangélistes, une majorité religieuse particulièrement tatillonne sur le débat autour de l'avortement et de toutes les idées modernes. Ne parlez pas de Drag Queen aux religieux. Pour eux, elles sont la réincarnation de Satan.

Cette partie de la population a donc tout intérêt à voter pour un candidat qui milite pour un retour aux sources - comprenez, la femme en cuisine et les hommes au travail.

La communication basée sur l'image de Trump, sa personnalité et sa stature a également donné un grand coup de pouce au monsieur. C'est un homme blanc, grand, riche, qui a su faire fructifier son argent, son meilleur ami c'est Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, son épouse est belle et ne fait pas de vague, il aime le McDo et le Coca... Trump, c'est l'américain, le vrai, celui que l'on pourrait facilement caricaturer. Mais cette caricature inspire... C'est peut-être le dernier exemple encore vivant du "American dream" et cet exemple inspire les hommes (et les femmes) blanches.

Sa façon de s'exprimer a également pesé dans la balance. En se positionnant en tant qu'expert, il mise sur le "Fake it until you make it" qui, sur une population peu éduquée (et qui n'est sûrement jamais sortie de son conté) fait mouche. On le croit lui, parce que c'est l'ancien président. On lui fait confiance parce qu'il a l'air sûr de lui. On l'apprécie parce qu'il dit ce qu'il pense, sans jamais prendre des pincettes.

Qu'est-ce que la réélection de Trump va changer dans la vie des femmes américaines ?

Évidemment, le grand sujet de cette réélection, c'est la question de l'avortement sur le territoire. Dans certains États, la vie d'un fœtus l’emporte sur celle de la mère. Peut-on imaginer un monde où cette situation est valable pour l'ensemble des États-Unis ? Oui. Avec 6 juges ultra-conservateurs à la Cour Suprême, tout est imaginable (même le pire).

La question des discriminations à l'encontre des femmes pourrait également devenir centrale dans ce nouveau mandat. Le nouveau président ne semble absolument pas se soucier des questions d'égalité dans le monde professionnel et les femmes pourraient être dévalorisées, particulièrement dans les secteurs professionnels jugés "très masculins". Avec l'allègement des dispositifs pensés pour lutter contre le harcèlement au travail ou les inégalités salariales, les femmes pourraient se retrouver coincées dans des situations de harcèlement, sans aucun recours.

Mondialement, le retour de Trump au pouvoir pourrait également avoir un impact négatif sur les femmes dans les pays en voie de développement. Comment ? En coupant tout simplement les subventions des USA aux ONG.

Mais le pire dans cette réélection, c'est que le monde pourrait être inspiré par le président américain et par sa politique ultra-conservatrice. Les États-Unis étant un référentiel de taille pour l'occident, on peut imaginer que cette victoire peut donner des ailes à d'autres candidats politiques, tout aussi conservateurs et stricts sur les questions d'immigrations.

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