Ces personnages de série qui nous ont donné une idée erronée de la féminité

Que penser de tous ces personnages de série qui ont bercé notre enfance et notre adolescence ? Si certaines images féminines sont devenues des symboles, elles ne sont pourtant pas toutes blanches comme neige...

Écrit par Juliette Gour le

Qu'on le veuille ou non, une série n'a rien d'inoffensif. Pourquoi ? Parce qu'elle diffuse une certaine conception de la réalité, et ce, directement dans notre intimité et celle des ados. S'il est vrai que certaines séries nous ont poussés à aduler les hommes toxiques, qu'en est-il des femmes ? Sont-elles toutes irréprochables ou les show runners ont pris un malin plaisir à mettre en scène des clichés de féminité qui ont participé à la construction d'une image ultra-normée de ce que doit être une femme ? 

Spoiler, évidemment, il y a des personnages féminins problématiques dans les séries et ce n'est pas une surprise. Le male gaze est passé par là et a créé des personnages féminins pensés par des hommes et par l'idée qu'ils se font des femmes. Le problème, c'est que ces femmes, aussi attachantes soient-elles, contribuent à la pérennisation des clichés autour des femmes qui ne devraient même plus être évoqués aujourd'hui. 

Dans la flopée de personnages féminins, nous en avons sélectionné 8 pour décrypter leur comportement et essayer de comprendre pourquoi ces femmes contribuent à diffuser une image complètement erronée de la féminité. 

Les Éclaireuses

Carrie Bradshaw, une folle dépensière qui ne se complaît que dans les relations toxiques

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Si pour certains, Carrie - personnage central de Sex and The City - est une mère spirituelle, pour d'autres, elle est le paroxysme du cliché de la femme dépensière qui n'en a rien à faire à partir du moment où elle a des chaussures incroyables. S'ajoute à ça une fâcheuse tendance à ne craquer que pour des hommes toxiques (mais qui s'avèrent riches, donc on s'en fiche) et on a le cocktail parfait de la toxicité recherchée et assumée. 

Carrie n'est que la caricature de l'Américaine qui est à la recherche d'une vie plus simple où elle ne sera pas forcée de travailler (d'où le fait de miser sur un homme riche). Ainsi, aussi progressiste soit la série dont elle est la star, Carrie n'en reste pas moins un personnage entouré de clichés qui donne une image matérialiste des femmes qui n'est pas (ou plus) la réalité.

Serena Van Der Woodsen ou la blonde capricieuse qui s'en sort toujours juste parce qu'elle est jolie

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Vous connaissez le bénéfice de la beauté ? C'est l'ensemble des avantages accordés aux femmes juste parce qu'elles sont jolies. L'exemple parfait de cette idée, c'est assurément le personnage de Serena dans Gossip Girl. La belle blonde (qui en plus est riche) n'a pas trop de soucis à se faire puisque, manifestement, elle n'est pas du genre à subir les conséquences de ses actes. Alors, certes, elle a quelques petits passages à vide, quelques disputes avec sa BFF, mais il semblerait qu'elle puisse faire toutes les bêtises possibles (comme, par exemple, non-assistance à personne en danger), sans jamais le regretter ni en payer les conséquences.

En somme, Serena n'est, ni plus ni moins, qu'un personnage creux qui nous fait croire que quand on est belle (et un peu riche) les problèmes des gens normaux ne nous atteint pas... Malheureusement, la réalité est beaucoup moins paisible, même pour les gens beaux et/ou riches.

Fran Fine ne mise que sur son physique pour arriver à ses fins

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Dans la série du "je me sers de mon physique et de mes atouts pour me sortir d'une situation délicate", le personnage de Fran Fine dans Une Nounou d'enfer nous offre une master class. Certes, il faut remettre la série dans son époque : au début des années 90, on était à des années-lumière d'une flopée de réflexions sur la représentation de la féminité. Mais il ne faut pas minimiser l'impact que ce personnage a pu avoir sur toute une génération

Alors oui, c'est vrai que chaque épisode est une leçon de mode et que Fran était habillée en Versace ou Mochino de la tête aux pieds... Mais cette mise en avant du physique par rapport à l'intellect fait grincer des dents. Pire, en bonne nounou, elle apprend aux jeunes filles qu'elle garde qu'avoir un cerveau est secondaire à partir du moment où on est parfaitement moulée dans une robe... Pour le bon exemple, on repassera. 

Robin Scherbatsky ou la "vraie fausse femme" qui n'est pas une nunuche

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Si dans certaines séries, on pousse le curseur de la féminité un peu cruche à son paroxysme, dans How I Met Your Moher, c'est l'inverse. Le personnage de Robin se veut anti-féminin et revendique même une certaine aversion pour les "vraies femmes". Si au fil de la série on comprend pourquoi elle rejette sa féminité (c'est à cause d'un père qui était déçu de ne pas avoir un garçon), la série se perd dans un autre cliché : celui de la femme masculine qui ne peut pas être féminine puisqu'elle rote et qu'elle boit des bières à même la canette. Sous ce personnage se cache, une fois de plus, cette dichotomie entre la "vraie" femme et la "fausse" qui se base sur le fait qu'une femme est forcément délicate et sensible, sinon ce n'est pas une vraie fille. 

La série nie totalement toutes les formes de féminité et joue, une fois de plus, sur des clichés bien ancrés dans nos esprits qui continuent à construire une image erronée de ce que doit être une femme selon la société. 

Gabrielle Solis ou la représentation parfaite de la superficialité féminine

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Dans la série des personnages superficiels, on retrouve évidemment Gabrielle Solis, une femme capable de tout quitter pour une belle liasse de billets. Dans les premières saisons, on sent clairement que Gaby a l'impression d'être chez les ploucs, mais qu'elle accepte la situation parce qu'elle a un mari riche et un jardinier qui lui permet de passer le temps. En ce qui concerne la profondeur du personnage, on repassera.

Heureusement, les scénaristes ont redressé le tir au fil des saisons : ils ont gommé toute la superficialité du personnage pour en faire la parfaite femme au foyer (qui évidemment ne prend plus soin d'elle puisqu'elle est mère).

Amanda Tanen (Ugly Betty) nous fait croire qu'il est impossible d'être belle et intelligente

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Dans la série Ugly Betty, tout n'est qu'une question de physique... Betty est moche, mais a une cervelle et tous les autres personnages de la série ont une plastique parfaite, mais manquent de matière grise. L'illustration parfaite de cette idée qu'il est impossible d'être à la fois belle et intelligente, c'est assurément le personnage d'Amanda qui se complaît dans sa bêtise, préférant miser sur sa plastique pour réussir.

C'est une idée pas vraiment moderne pour une série qui date du début des années 2000 et s'il est évident que toute l'intrigue repose sur la question du physique ingrat, on finit par associer la mocheté à une forme de handicap du quotidien (personne n'a envie d'être aussi martyrisé que Betty Suarez). Ainsi, on se demande au fil des épisodes s'il ne vaut pas mieux être belle et bête que moche et intelligente... Le problème, c'est que la série ne montre jamais réellement que les deux sont possibles (la scène de fin ne compte pas : Betty est certes "améliorée", mais n'est pas universellement considérée comme belle).

Jenny Humphrey nous fait croire que tout est bon du moment que ça permet de monter dans l'échelle sociale

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Si Jenny est l'un des personnages les plus détestés de l'histoire des séries, ce n'est pas pour rien. Cette adolescente en crise a absolument tout de détestable. Pourquoi ? Parce que la jeune fille (qui a les dents qui râpent le plancher) est prête à tout pour monter dans l'échelle sociale : le mensonge, la tromperie, la méchanceté... Une fois que la jeune fille est validée par la reine des reines (aka Blair Waldorf), plus rien ne semble la retenir et il semblerait que c'est à ce moment qu'elle finit par montrer sa vraie nature : celle d'une peste sans remords. 

S'il est vrai que le karma lui fait payer la monnaie de sa pièce, le message qu'elle diffuse n'en reste pas moins dramatique : elle met en avant le fait qu'il faut être méchante pour y arriver alors qu'en réalité, c'est souvent la gentillesse qui permet d'y arriver (et c'est quand même beaucoup mieux). 

Penny ou le personnage qui nous laisse entendre que lorsque l'on est belle, tout est gratuit

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Est-ce que le fait d'être sexy nous donne le droit de profiter de la gentillesse (pour ne pas dire de la faiblesse) des autres ? C'est pourtant tout le fondement du personnage de Penny qui, dès son installation dans son nouvel appartement, profite impunément de ses geeks de voisins, tout chamboulés de voir qu'une jolie fille s'intéresse un minimum à eux. On croirait presque que son acte de charité (qui repose sur le fait d'offrir sa compagnie à des hommes qui ne jouent pas dans la même catégorie qu'elle) est récompensé par de la nourriture gratuite, un accès illimité à internet et des hommes toujours prêts à lui donner un coup de main. 

Oui, la série réajuste le tir au fil des saisons en finissant par marier Penny et Leonard, mais la base de leur relation n'est, ni plus ni moins, que l'histoire d'une jolie fille qui a vu une opportunité d'avoir une vie un peu facilitée grâce à des voisins complètement sous son charme. 

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Tags :

Gossip girl|série|Sex and the city|société
Juliette Gour

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