Ces sites de rencontre pour adolescents sont le nouveau terrain de jeu des pédocriminels

Les sites et applications destinées à faire rencontrer les adolescents entre eux sont très populaires auprès de la nouvelle génération. Seulement, des adultes malintentionnés arrivent à s'immiscer sur ces réseaux, au péril des enfants (souvent naïfs) qui s'y trouvent.

Écrit par Alice Legrand le

Depuis la démocratisation d'internet, on ne cesse de mettre en garde les enfants :

"Attention, ne donne pas d'informations personnelles à des inconnus en ligne !"

"Non, Théo qui te dit avoir 14 ans n'en a peut être pas 14."

Que ce soit sur les jeux en ligne où il est possible d'interagir avec les autres joueurs ou bien sur les messageries des réseaux sociaux, de nombreux jeunes font la rencontre d'inconnus, qui deviennent parfois des amis ou amoureux. Seulement, ça c'est quand tout se passe bien. Plusieurs fois, des jeunes ont divulgué des informations personnelles ou ont accepté des rencontres physiques, sans réellement connaître la personne (ou en pensant la connaître), et se sont retrouvés face à de véritables psychopathes qui n'hésitent pas à mentir sur leur identité.

Pour les pédocriminels, ces sites sont du pain béni : ils ont à disposition tout un tas de victimes potentielles, avec qui ils peuvent échanger et potentiellement organiser des rencontres.

Andrea Bescond, danseuse, comédienne et auteur française, effarée par cette situation, a décidé de réagir pour mettre en garde les autres parents. Sur son compte Instagram qui compte presque 150 000 abonnés, elle dénonce régulièrement des violences, agressions et viols. Dans une récente vidéo, elle dénonce le fonctionnement des sites comme Rencontres-Ados ou Ados-Populaires : "Des vieux vont se faire passer pour des jeunes de 13 ans et donner rendez-vous à vos filles pour essayer de les violer. Et personne n'en a rien à foutre. On se sent bien seul dans ce combat".

Corinne Leriche, internaute, met également en garde via une vidéo postée sur son Instagram : "ces sites sont légaux, connus des autorités, hébergés par exemple en Belgique, et permettent aux prédateurs de rechercher leurs proies. Ils font leur marché quoi. Surtout que cela fonctionne par géolocalisation."

D'après l'ONU, plus de 750 000 prédateurs sexuels seraient connectésà internet en permanence.

Les mineurs et les majeurs interagissent facilement

Ces sites internet sont parfois réservés au moins de 18 ans, mais n'empêchent clairement pas les majeurs de s'inscrire : souvent aucune pièce d'identité n'est demandée lors de l'inscription, et quand une vérification est effectuée, elle est très facilement contournable. Quand on y pense, on connaît tous un mineur à qui l'on pourrait piquer la carte d'identité.

D'autres sites, encore plus malsains, encouragent les rencontres entre des ados de 13 à 25 ans. Parce qu'à 25 ans on est encore adolescent ? Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, "l'adolescence est la période de la vie qui se situe entre l'enfance et l'âge adulte, c'est-à-dire entre 10 et 19 ans".

Aurore Logoff, écrivaine et conférencière très engagée pour les femmes, alerte également sur ce fleurissement sans précédent :"On met en relation des mineurs et des majeurs, avec des conversations très équivoques.". Entre autres, "T'as un visage de coquine", "Je mettrais bien mes pieds dans ta bouche", pour les plus soft. D'autres demandes sont beaucoup plus explicites, mais on vous les épargnera.

L'autrice est formelle : "À nous adultes de faire attention, demettre en garde nos ados qui ne voient souvent pas le mal à ce genre d'applications. Soyez hyper vigilants". En effet, c'est normal, vu qu'ils sont nés avec.

"C'est une façon pour moi de rencontrer des gens facilement"

Certains jeunes, qui par timidité ou manque de confiance ont du mal à faire des rencontres dans la vraie vie, peuvent se tourner vers ce genre de site. C'est la facilité !

Louis nous confie : "Quand j'étais mineur, j'étais inscrit sur ce genre d'applications. Je suis gay, mais peu de gens étaient au courant. Je ne m'assumais pas, alors c'était une façon pour moi de rencontrer des gens facilement ! Mais c'est vrai que je me suis toujours méfié. Les gens peuvent avoir des paroles très crues, facilement mentir sur leur âge et envoyer des photos qui peuvent choquer un ado."

Cela peut être tentant de rencontrer des gens facilement, mais à quel prix ?

Traquer des pédocriminels devient commun sur les réseaux sociaux

De nombreux influenceurs et journalistes se sont déjà prêtés au jeu de se faire passer pour des jeunes filles, afin de démasquer de potentiels pédophiles. En l'occurrence, des journalistes de BFM TV se sont fait passer pour une ado de 13 ans, sans mettre de photo. En quelques minutes, les demandes ont commencé à affluer : "je cherche une meuf qui envoie des nudes", "prostitution ?".

Sud-Ouest a également fait le test, avec le même type de profil et une photo d'une très jeune adolescente. Très vite, 20 demandes d'amis. Parmi les messages d'accroche : "t’es sexy", "t’es bonne", "j’aime les gamines" ou encore "j’ai envie de sucer tes seins". Oui, c'est à vomir.

D'autres internautes et associations (comme Eunomie par exemple), piègent les prédateurs en créant de faux profils avant d'accumuler assez de preuves pour les dénoncer aux autorités. D'autres vont encore plus loin, et se filment lors des rencontres. Mais la collaboration avec la justice est parfois compliquée.

Quoi qu'il en soit, une chose est importante : parlez-en avec vos enfants, car s'il est compliqué de vérifier toutes leurs activités sur internet, il est possible de les éduquer pour qu'ils se méfient davantage.

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