Sur TikTok, elle montre au monde entier la réalité qui se cache derrière l’excision
Si TikTok est généralement perçu comme un réseau social permettant de partager des vidéos légères, certains utilisateurs ont choisi d'informer les nietizens sur des sujets aussi divers que variés. C'est le cas de Garden Of Peace, une TikTokeuse qui a fait le choix de montrer à quoi ressemble réellement l'excision.
Écrit par Juliette Gour le
Lorsque l'on évoque les violences faites aux femmes, on pense souvent aux violences conjugales, aux régimes qui réduisent les droits des femmes à néant, au harcèlement de rue, au sexisme normé... La liste est sans fin. Mais dans cette flopée d'horreurs que subissent les femmes du monde entier au quotidien, il y a un exemple de violence qui est trop peu évoqué, pourtant elles sont près de 200 millions selon l'OMS à l'avoir subi et à être encore vivantes. Cet acte de violence, c'est la pratique de la mutilation génitale féminine.
Selon l'UNICEF, les mutilations volontaires génitales sont encore légion dans 31 pays du monde. Chaque année, ce sont près de 4 millions de jeunes filles qui sont exposées au risque de subir ces mutilations génitales. Si en trente ans, les cas d'excision ont été réduits d'un tiers, encore trop de jeunes filles subissent cet acte considéré comme une violation des droits de l'Homme. S'il existe un programme qui a pour but d'éradiquer les mutilations génitales féminines d'ici l'année 2030, la pratique reste encore bien ancrée dans certaines cultures et certaines familles font aujourd'hui appel à des professionnels de santé pour effectuer ces actes de mutilations et garantir la vertu des jeunes filles.
Si le sujet est aujourd'hui régulièrement évoqué dans les médias et que certaines structures, comme la Maison des femmes, proposent un accompagnement pour les victimes de mutilations, trop de femmes restent impuissantes face à cet acte qui a pour but de leur voler leur féminité et leur liberté sexuelle.
De nombreux moyens existent pour lutter contre ce fléau, mais le premier reste l'information : en informant le plus grand nombre sur toute la réalité qui se cache derrière l'excision, c'est une façon de lutter contre les mutilations génitales et de faire réagir le plus grand nombre de personnes possibles sur cette réalité qui touche chaque année des millions de femmes à travers le monde.
Ce choix de l'information, une TikTokeuse du nom de Garden Of Peace l'a fait il y a quelques semaines en mettant en ligne une vidéo explicative qui a pour but de montrer à quoi ressemble réellement une mutilation génitale.
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L'excision, un phénomène encore trop actuelUne vidéo pour informer sur une réalité encore trop peu évoquée
Sur Tiktok, on la surnomme Garden Of Peace, mais son nom civil est Shamsa Araweelo. Cette jeune femme originaire de Somalie a subi un acte de mutilation génitale à l'âge de 6 ans. Au-delà même de la douleur que la jeune femme a vécue alors qu'elle n'était encore qu'une enfant, l'acte de mutilation lui a causé des lésions internes qui sont encore aujourd'hui douloureuses. Si la jeune femme a admis n'avoir aucune rancune envers ses parents qui ont accepté de lui faire subir cette mutilation (plus par tradition que par envie) dans le journal MyLondon, elle s'est tout de même donné la mission d'informer autant de gens que possible sur cette réalité dans le but d'éradiquer cette pratique considérée comme inhumaine, grâce à l'éducation.
Son combat passe par une activité régulière sur les réseaux sociaux dans le but de montrer à quoi ressemblent réellement les mutilations génitales. Dans une série de vidéos, qui cumulent des millions de vues, elle explique clairement comment on lui a enlevé son clitoris et les lèvres qui entouraient l'entrée de son vagin.
Afin de faire comprendre le plus clairement possible ce à quoi peut bien ressembler un appareil génital féminin mutilé, elle n'hésite pas à montrer un exemple parlant. À l'aide d'un coussin transformé en vulve, elle montre précisément à quoi son intimité a ressemblé pendant des années avant sa reconstruction. C'est un témoignage fort et nécessaire, qui permet de montrer la réalité qui se cache derrière cet acte traditionnel encore totalement intégré dans de nombreuses cultures. En plus du schéma 3D, la jeune femme n'hésite pas à montrer les outils qui servent généralement à l'excision : une lame de rasoir, une paire de ciseaux et une aiguille à coudre. Un matériel sommaire pour un acte qui réduit généralement à néant la santé mentale et physique des victimes. Si l'excision est encore autant utilisée, c'est parce que c'est un moyen d'asservir les femmes et de garantir la valeur et la vertu des jeunes femmes.
Une pratique interdite, mais il reste un long chemin à faire
Si la pratique de l'excision est aujourd'hui interdite dans de nombreux pays à travers le monde, la pratique reste néanmoins répandue. La création de ces lois a marqué une grande avancée dans la lutte contre les mutilations génitales depuis 80 ans, la lutte n'est pourtant pas finie. Il est aujourd'hui essentiel d'offrir les structures adéquates aux femmes victimes de l'excision pour leur permettre de reprendre possession de leur corps tout en continuant le travail d'éducation qui permettra de, petit à petit, éradiquer cette tradition et permettre aux populations d'intégrer toutes les conséquences négatives qui découlent de ses mutilations génitales.
Dans ce combat, les jeunes ont également leur rôle à jouer. C'est grâce à la mobilisation des femmes victimes, comme Shamsa Araweelo ou d'autres activistes comme Jessie Clack, qu'il sera un jour possible de supprimer totalement cette pratique des agissements humains.