Dites adieu aux gros plans sur les corps féminins aux JO, ça n’a plus sa place à la télévision
Historiquement, les cadreurs et commentateurs sportifs ont toujours eu une approche différente quand il s'agissait de couvrir un match féminin. Mais l'heure de la fin du sexisme aurait enfin sonné, si l'on en croit les recommandations du diffuseur officiel des Jeux.
Écrit par Alice Legrand le
Décidément, ces Jeux de Paris auront bien fait parler d'eux. Après une cérémonie d'ouverture qualifiée de "très inclusive" - et ça fait du bien - par certains, ou de "trop woke" ou "faisant la propagande de l'idéologie LGBTQIA+" pour d'autres... Paris 2024 a décidé d'insuffler une énergie nouvelle pour le monde du sport encore trop fermé.
On a beau avoir eu peur de ces Jeux, on s'en est peut-être plains aussi car ils modifient drastiquement notre quotidien de parisien, mais au moins ils nous auront apporté une chose : un peu d'égalité dans un milieu encore trop peu inclusif. Les femmes et les Jeux Olympiques, c'est une grande histoire, mais encore très récente.
Elles ne peuvent s'inscrire depuis 1912, mais à l'époque, elles ne représentaient que 2 % des athlètes. C'est normal, presque toutes les disciplines leur étaient fermées ! Ce n'est qu'en 2007 que leur présence devient obligatoire dans tous les sports.
Un commentateur banni des Jeux de Paris après des propos sexistes au lendemain de la cérémonie d'ouverture
Exit les comportements sexistes et le male gaze : au moindre commentaire abusif, c'est le ban direct. Un commentateur anglais en a d'ailleurs fait les frais samedis... Se faisant définitivement exclure des épreuves Olympiques parisiennes.
Bon Ballard travaillait pour la chaîne de télévision Eurosport, et alors qu'il commentait la compétition de natation en relais 4x100 m nage libre, a déclaré : "Eh bien, les femmes viennent juste de finir. Vous savez comment sont les femmes... elles traînent, se maquillent". Sa co-commentatrice, Lizzie Simmonds, n'a pas laissé passer cette remarque, qu'elle qualifie de "scandaleuse".
Quand on sait que les Jeux de Paris sont "la plus grande plateforme mondiale pour promouvoir l'égalité des sexes dans et à travers le sport" d'après Marie Sallois, directrice en charge de l'égalité des sexes au Comité international olympique, ce genre de décision radicale est plus que nécessaire.
Paris 2024, les Jeux qui cassent les codes
En 2024, il n'y a plus de place aux préjugés, aux stéréotypes et à la sexualisation des femmes qui concourent. Cette année, c'est d'ailleurs la première fois que la parité est atteinte parmi les athlètes. Alors même si on est nombreux à les avoir critiqués, il faut avouer que ça fait du bien d'accueillir une compétition qui casse les codes.
La cérémonie d'ouverture a donné le ton, en proposant plusieurs tableaux représentant des thèmes qui n'ont évidemment pas plu à tout le monde : une relationpolyamoureuse, des drag-queens, du voguing, Philippe Katerine presque nu, Aya Nakamura qui chante avec la Garde Républicaine et une Marie-Antoinette à la tête coupée sur un fond de métal. Plusieurs fois, des hommages ont été faits aux femmes marquantes de l'histoire.
En termes de mise en avant des femmes, les épreuves des Jeux de Paris 2024 sont également inhabituels : les équipes féminines bénéficient davantage de diffusion en prime time et semblent beaucoup plus suivies que les années précédentes. Concernant l'organisation, tout un tas de mesures ont été mises en place pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles.
Les cadreurs ne pourront plus filmer de façon sexiste
La majorité des opérateurs de caméra sont des hommes. Alors, le diffuseur officiel des Jeux a imposé à ses équipes de filmer de manière égale les hommes et les femmes. Ça peut sembler évident, mais apparemment, jusqu'alors ça ne l'était pas. Son PDG a expliqué vouloir éviter que les stéréotypes et le sexisme ne s'infiltrent dans la couverture de l'évènement.
Il a poursuivi : "Les athlètes féminines ne sont pas là parce qu'elles sont plus attirantes ou plus sexy ou quoi que ce soit d'autre. Elles sont là parce qu'elles sont des athlètes d'élite". Alors même si selon lui, cette différence de traitement est liée à des "biais inconscients", elle n'a plus sa place aux Jeux Olympiques. Et l'on ne peut que se réjouir de cette décision.