Violences conjugales : cette influenceuse Colombienne raconte ses 2 ans de cauchemar

Camila Alfaro, une jeune influenceuse colombienne de 24 ans, a secoué Instagram en publiant des photos chocs de son corps suite aux coups répétés de son compagnon. Son but ? Sensibiliser sur la question des violences faites aux femmes.

Écrit par Juliette Gour le

Dans un monde où la parole se libère de plus en plus, nombreuses sont les femmes qui osent prendre la parole et montrer ce à quoi ressemblent les violences conjugales. Camila Alfaro, une jeune influenceuse colombienne de 24 ans, a publié cette semaine des photos chocs sur son compte Instragram pour dénoncer les violences que son partenaire lui a fait endurer pendant 2 ans. Les photos étaient également accompagnées d'une vidéo explicative où la jeune femme entre dans les détails de cette relation et met en garde les jeunes femmes qui pourraient, elles aussi, se retrouver dans la même situation.

Depuis 2019, la jeune femme vivait un cauchemar

Dans son récit, la jeune femme raconte, avec beaucoup de détails, comment son ex-compagnon, Sebastián Valencia Medina,a créé petit à petit un climat de manipulation autour d'elle. Camila raconte comment elle a sombré dans un trou sans fond où le quotidien était rythmé par les coups et la violence psychologique. L'atout de son compagnon ? L'homme est un beau parleur et a su se rendre essentiel à la vie de Camila (un schéma classique dans les affaires de violence et de manipulation) : 

"Il m'a fait croire qu'il était super précieux et que je pouvais le perdre à tout moment (...) il a détruit mon estime de soi (...) en me faisant croire qu'il valait mieux que je me suicide (...) il m'a fait atteindre des points où je devenais trop excitée, où je criais, je frappais des choses, je me frappais moi-même (...) il profitait de ces moments pour m'enregistrer et tout utiliser comme manipulation pour que je ne parle jamais". 

C'est dans la nuit du 15 novembre 2020 que Camila a compris que les choses allaient trop loin. Lors d'une soirée, son ex-compagnon est entré dans une violente rage et s'est déchaîné sur la jeune femme, la frappant jusqu'au sang et allant jusqu'à lui casser des os. La jeune femme évoque également des cas de violences sexuelles tout au long de la relation. 

Une belle famille tout aussi responsable

Le plus incroyable dans cette histoire, c'est qu'il semblerait que la famille du jeune homme soit aussi complice des violences subies par Camila. La mère de son ex-compagnon - qui était spectatrice des violences - minimisait les faits et essayait de convaincre la jeune fille que c'était une situation normale dans un couple. Après l'agression du 15 novembre, la famille est même allée jusqu'à engager un "coach de vie" pour convaincre Camila de ne pas porter plainte. Le délai de prescription en cas d'agression étant de 6 mois en Colombie, la famille de Sébastian Valencia Medina s'est arrangée pour garder la jeune femme sous silence en lui offrant de l'argent.

Mais, une fois le délai de prescription passé, les violences ont repris et la belle famille était parfaitement au courant de ce que Camila subissait. 

Une affaire qui secoue jusque dans les hautes sphères de l'état

Dans la vidéo, la jeune femme raconte qu'elle a porté plainte à deux reprises auprès du gouvernement, mais la justice étant ce qu'elle est sur la question des violences faites aux femmes, la première plainte a été classée sans suite par les autorités, et ce, sans explication. Les craintes de la jeune femme sont que son ancien compagnon réitère avec une autre ce qu'il a fait avec elle. C'est à cause de cette justice dormante qu'elle a décidé de se servir de ses réseaux sociaux pour dénoncer ce qui lui est arrivé... Et il semblerait que ça marche. Sur Twitter, le procureur général de la Nation colombienne a annoncé qu'il allait faire de l'agression de Camila Alfaro une priorité.

Un témoignage précieux

La jeune femme espère maintenant que la justice fera son travail et que sa vie (ou celle d'une autre femme) ne sera plus jamais mise en danger. Ce témoignage est une preuve de courage, surtout lorsque l'on connaît la réalité sur les violences conjugales en Colombie. Si les féminicides sont un problème mondial qui concerne l'ensemble des pays, la Colombie ne fait pas état d'exception. En 2020, 6 mois après le début du confinement, on comptabilisait près de 315 féminicides avérés. Le plus glaçant étant la façon dont ces meurtres étaient traités par la justice et les médias. Un hashtag avait d'ailleurs été créé pour dénoncer ces violences et sensibiliser sur la question des féminicides. Le témoignage de Camila Alfano est donc un précieux retour à la réalité qui prouve que le chemin sur la question des violences faites aux femmes est encore long et périlleux.

Les Éclaireuses

À lire aussi