Sans surprise, la violence en ligne contre les femmes est toujours d’actualité

38% des femmes à travers le monde ont déjà fait l'epérience des violences en ligne. Dick Pic, insultes, deepfake, revenge porn... Les boureaux ne manquent jamais d'idées quand il s'agit d'en faire baver à la gent féminine.

Écrit par Juliette Gour le

C'est un rapport presque sans surprise qui a été présenté en juin dernier par l'ONG Rutgers Internaional. Dédiés à l'analyse des violences en ligne à l'encontre des femmes, les résultats sont évidemment dramatiques, mais sans réelle surprise. Dans un monde de plus en plus sexiste, il n'y a rien d'étonnant à ce que la technologie facilite les violences faites aux femmes.

Au total, ce sont les comportements en ligne de 7 pays qui ont été analysés - Indonésie, Liban, Maroc, Jordanie, Rwanda, Afrique du Sud et Ouganda - avec l'aide d'associations venant en aide aux femmes dans ces pays pour essayer de mesurer cette violence digitale et d'éventuellement lister les bons comportements pour limiter ou atténuer les violences fondées sur le genre.

@BellaHadid
@BellaHadid

Des violences minimisées et souvent peu prises au sérieux 

Ce qui saute aux yeux lorsque l'on jette un œil au rapport, c'est que les violences en ligne sont rarement considérées comme de réelles violences. Par exemple, plus de la moitié des femmes en Ouganda (53%) ne savent pas qu'il est possible de signaler les violences en ligne aux autorités. Ces dernières - les autorités - font également partie du problème, car en fonction des pays, la considération des violences en ligne n'est pas la même. Les lois dans les pays ne sont pas non plus du côté des femmes. Toujours dans le rapport, on apprend que des femmes victimes de revenge porn ont été accusées de pornographie. Évidemment, les hommes responsables de la diffusion des images n'ont eu aucune sanction. 

Au global, on estime que 38% es femmes ont déjà été victimes des violences en ligne et 85% en ont été témoins... Un problème de taille donc, qui ne semble pas inquiéter les autorités compétentes. Si de nombreux réseaux sociaux ont mis en place des bots qui permettent d'analyser les images envoyées (pour éviter les dick picks) et les messages, ça reste un pansement sur une jambe de bois

Quel est l'impact de cette violence sur le quotidien des femmes ? 

Que ce soit dans le rapport publié dans le magazine Fast Compagny ou au global, les violences faites aux femmes en lignes ont des impacts micro et macro sur la relation entre femme et vie digitale. Les actes de violences à réplétions donnent une image peu sûre d'internet : c'est un endroit où l'on se fait harceler et où on reçoit des photos de pénis non consenti. Petit à petit, les femmes victimes de violence ont tendance à se détourner des plateformes où elles ont subi des attaques, se mettant ainsi en marge d'une large partie du Net.

Dans le peloton de tête des plateformes hostiles aux femmes, on retrouve évidemment X (anciennement twitter). Il est également important d'évoquer des plateformes comme Twitch où les femmes ont du mal à se faire une place. Dédiées au livestream gaming, les vidéos où les femmes se font gratuitement insulter parce qu'elles ont battu un homme sur le terrain ne manquent pas. 

La solution pour venir à bout de ce sexisme normalisé en ligne ? Pour Abaad, une organisation basée au Liban, il est essentiel de travailler directement avec les plateformes et les grands acteurs du digital pour mettre en place des actions concrètes visant les coupables. Mais la mission reste vaste et ça ne semble pas réellement être la priorité des plateformes. 

En réponse, les femmes ont décidé de prendre le problème à bras-le-corps. Non pas en punissant les responsables mais en créant des réseaux sociaux réservés à la gent féminine, soit une belle façon d'être "Boy Sober" dans sa vie digitale. 

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