Vous voulez vivre sans homme ? Welcome to Tanaland
Alors que les femmes se font de plus en plus harceler sur Internet, elles ont décidé de créer un monde imaginaire sans homme, appelé "Tanaland".
Écrit par Camille Cortot le
Depuis l’affaire Mazan, de plus en plus de femmes prennent la parole sur les réseaux sociaux pour soutenir la victime de soumission chimique. Mais ce procès permet aussi de libérer la parole sur la lassitude des comportements déplacés que subissent les femmes au quotidien de la part d’hommes. Remarques, gestes, blagues, le sexisme ordinaire continue de se répandre quotidiennement.
Sur internet, les insultes envers les femmes sont violentes. Même Margot Robbie, enceinte et magnifique, a eu le droit à des commentaires sexistes sur son physique. Sur TikTok, les critiques à l’égard des femmes sont particulièrement virulentes : il y a quelques mois, le phénomène abrège frère avait provoqué un déferlement misogyne, mettant en lumière l’omniprésence du cyberharcèlement sur la plateforme.
Récemment, c’est le comportement, les habits ou le maquillage des femmes jugés par des hommes qui ont provoqué une vague d’insultes. Inventant le terme "tana" qui signifie "pute", le sexe masculin envahit les commentaires sous les vidéos d’influenceuses. Mais comme les femmes sont encore plus inventives, elles ont détourné ce nouveau mot à leur avantage.
Tanaland, un monde sans homme
Puisqu’elles se font sans cesse insulter de "tana" - même pour un simple tuto maquillage - elles ont trouvé le moyen de contrer ce terme, en inventant "Tanaland", un pays imaginaire réservé aux femmes.
Mais alors ça ressemble à quoi un pays interdit aux hommes ?
Les utilisatrices décrivent l’endroit comme un vrai petit paradis. Avec presque 18 millions d’habitantes selon TikTok, la ville a pour capitale Tana City, un drapeau rose-barbie et un passeport spécial. Évidemment, le soleil brille sur Tanaland toute l’année pour un bronzage parfait !
Les avantages de cette ville imaginaire sont nombreux. Sans hommes, plus besoin de faire attention à sa tenue, les femmes seraient libres de porter ce qu’elles veulent, même de se balader en petit maillot sans avoir le moindre souci. Le gouvernement serait évidemment composé de femmes, avec notamment toomuchlucile, une influenceuse très touchée par les commentaires misogynes. Pendant près de deux ans, elle a été suivie et harcelée par un homme qui a finalement été condamné.
En première ministre, les internautes ont proposé Aya Nakamura, la reine de la pop française. Il ne manque plus qu’une île et un hymne et on peut faire nos bagages pour Tanaland. Avec cet élan de sororité, les femmes ont réussi à tourner cette situation à leur avantage, parce qu’être une "tana" c’est gagner sa place à Tanaland.
Les femmes, premières victimes de cyberharcèlement
Cette ville imaginaire souligne un vrai problème : le sentiment d'insécurité que ressentent les femmes dans la société, même à travers un téléphone. Victimes de commentaires misogynes et sexistes, les femmes doivent quotidiennement faire face à des injustices liées à leur genre. Sur internet, elles sont les premières victimes du cyberharcèlement : une étude de l’Union Européenne révèle que 73% des femmes ont déjà reçu une agression en ligne.
Récemment, Salomé Saque, journaliste française, rappelait que sur internet, les femmes ne sont pas nombreuses en haut des classements. Sur les 230 chaînes YouTube françaises les plus suivies, seulement 18% d’entre elles sont tenues par des femmes. Elle parle alors du traitement violent qui est leur est réservé sur ces espaces : « Tout est scruté. TOUT. Notre physique, poids, maquillage, coiffure, décolleté, sourire, voix, gestuelle. »
Il faut rappeler que le cyberharcèlement peut avoir des conséquences graves sur la santé mentale des victimes, entraînant de l'anxiété, de la dépression et dans certains cas, des idées suicidaires. Une enquête menée par l'ONG Plan International a révélé que 42 % des filles et jeunes femmes avaient vu leur estime de soi affectée par le harcèlement en ligne.