Le bleu céruléen : de la fiction à la réalité, de nos vêtements à nos ongles manucurés
Couleur rendue mythique grâce à une scène qui l'est tout autant - tirée d'un film qui l'est encore plus -, le bleu céruléen s'impose aujourd'hui dans notre réalité. De la tête au bout de nos ongles aiguisés.
Écrit par Marie Ordioni le
Aucune tendance n’arrive par hasard. Chacun de nos styles, de nos vêtements, de nos envies d’achat est orchestré. Même le jean vers lequel on se tourne en dernier recours a une raison d’exister. Et cette histoire, ce sont les créateurs qui l’écrivent. Que l’on s’intéresse à la mode ou pas, elle arrive, quoi qu’il en soit, à dicter nos choix.
Ce discours vous fait penser à quelque chose, n’est-ce pas ? C’est normal… Il vous a déjà été enseigné dans le passé, par Miranda Priestly. Encore une fois, nul besoin d’être une Fashion Victim pour avoir vu ce film. Encore moins cette scène, dans laquelle la rédactrice en chef du célèbre magazine Runway - interprétée par Meryl Streep - se livre à corps perdu dans une tirade sur le bleu céruléen, en réponse à son inculte nouvelle assistante Emil… Euh, Andy. Pardon.
De la fiction à la réalité, il n’y a souvent qu’un pas. Surtout en matière de mode. Bien que les événements historiques cités dans cette scène aient complètement été imaginés par la scénariste Aline Brosh McKenna - la collection de robes chez Oscar de la Renta en 2002, les vestes militaires chez Saint Laurent… -, le bleu céruléen, lui, a bien réussi à se faire un nom depuis la sortie du long-métrage. En 2024, on ne jure plus que par cette nuance. Après une arrivée en force sur les podiums desdernières Fashion Week, voilà qu’elle s’impose jusqu’au bout de nos ongles.
Le bleu céruléen : de l’histoire au mythe
Une histoire de pigments.Le bleu céruléen est, à l’origine, un mélange de stannate de cobalt et de magnésium. Il est perfectionné en 1805, lorsque l’apothicaire suisse Albrecht Höpfner grille des oxydes de cobalt et d’étain. Il faudra attendre 1860 pour que le marchand de couleurs Rowney and Company la commercialise en tant que pigment artistique, sous le nom de cœruleum.
Au Moye-Âge - histoire de se plonger encore plus profond dans l’histoire -, le terme cœruleumdésigne la couleur bleu ciel - aussi appelé "bleu céleste" - dans des manuscrits de l’époque. À sa sortie, elle est très vite mise en avant par de grands peintres, comme Berthe Morisot, qui l’utilise pour teindre le tableau de la femme sur son tableau Jour d’été (1887).
Du mythe à l’histoire
Peinture aquarelle, acrylique, décorative… Avec le temps, le bleu céruléen se décline et gagne du terrain. Il va jusqu’à s’emparer du textile et s’installer dans nos dressings. En 2006, une scène très vite devenue iconique du Diable s’habille en Prada le place sous le feu des projecteurs. L'intransigeante papesse de la mode, Miranda Priestly, choisit la nuance pour donner une leçon de style à sa nouvelle assistante. Dans son discours, elle évoque les multiples apparitions de cette couleur, dite "tendance", dans les collections de nombreux créateurs. Des événements fictifs… Qui ont finalement influencé notre réalité.
On vous le disait plus haut : de la fiction à la réalité, il n’y a souvent qu’un pas. Surtout en matière de mode. 18 ans plus tard, voilà que le pigment s’impose dans les collections 2024-2025. De Dior à Armani, des cardigans aux robes, en passant par les manteaux, les prochaines saisons s’annoncent éperdument bleues.
Jusqu’au bout des ongles !
Alors forcément, tout ce qu’il se passe sur les catwalks finit toujours par s’immiscer dans notre quotidien. Et ce, dans n’importe quel domaine. Les prochains mois, on verra donc la vie en bleu céruléen à tous les niveaux. Vêtements, sacs, maquillage… On le voit arriver. Il s’est d’ailleurs déjà glissé dans nos manucures. Comme un appel aux beaux jours, notre feed TikTok est complètement inondé de cette nuance ciel. Sur des ongles longs, des ongles courts, des ronds, des carrés, des unis ou à motifs… Il y en a pour tous les goûts mais pour une seule météo. Lueur céleste d’espoir vers le printemps-été.