Les cosmétiques vegans et cruelty-free : vraie révolution ou simple effet de mode ?
Dans le monde de la beauté, une révolution douce mais puissante est en marche : les cosmétiques vegan et cruelty-free. Les rayons se remplissent de produits qui promettent un teint éclatant… tout en limitant l’impact pour les animaux et la planète. Mais est-ce un effet de mode ou bien une vraie avancée éthique ?
Écrit par Alice Legrand le
Aujourd’hui, plus besoin de se rendre en magasin spécialisé ou de s’appeler Brigitte Bardot pour acheter des produits cosmétiques cruelty-free. Ce terme, apparu dans les années 50, fait référence aux produits qui ne contiennent pas d’ingrédients testés sur les animaux. Les cosmétiques vegans quant à eux garantissent qu’ils ne contiennent pas d’ingrédients d’origine animale - ou provenant d’animaux. Une bonne nouvelle donc, pour ceux qui font le choix de privilégier le bien-être animal.
Mais devantl’essor de ces produits dans les rayons de nos parfumeries préférées, on s’est demandé si le marché ne suivait pas qu'une tendance grandissante, un peu à la manière des marques de mode qui se proclament écolo alors qu’elles produisent encore au Bangladesh.
Green & glam : le vegan monte au créneau
Autrefois perçu comme une niche réservée aux écolos-enthousiastes, le marché des cosmétiques vegans et cruelty-free explose littéralement. Si la mode est à l’inclusivité et à la prise de conscience écologique, la beauté opère aussi un virage éthique. Fini le mascara testé sur les lapins ou le rouge à lèvres à base de graisse animale.
En réalité, les tests sur les animaux et la commercialisation de ces produits sont interdits dans l’Union Européenne depuis 2009 pour les tests, et depuis 2013 pour la vente. Pourtant, on est loin du compte. D’après l’association PETA, "malgré l’interdiction des tests et de la commercialisation, les entreprises peuvent continuer de vendre tant que les tests ne sont pas utilisés pour démontrer la sécurité du produit au regard des normes françaises ou européennes". En d’autres termes, les entreprises peuvent continuer à financer des tests sur les animaux en Chine, où ils restent obligatoires pour de nombreux produits, mais pour vendre en France ou dans l’UE, elles doivent s’appuyer uniquement sur des données obtenues par des méthodes sans recours aux animaux.
La tendance du vegan et du cruelty-free est propulsée par une génération hyper-connectée, mobilisée pour dénoncer des pratiques d’un autre temps sur TikTok et Instagram. La montée en flèche de marques comme Fenty Beauty et Lush, qui se revendiquent cruelty-free, montre que cette transparence fait écho auprès des consommateurs. Aujourd'hui, ne pas afficher une éthique animale dans ses formules, c’est risquer de passer pour une marque has-been, en décalage avec ses consommateurs. Un peu à la manière des créateurs qui proposent - encore - des collections de vêtements en vraie fourrure.
Cruelty-free ou cruelty-‘faux’ ?
Derrière les labels verts et les logos en forme d’animaux, il n’est pas rare que certaines marques continuent de vendre leurs produits en Chine, où les tests sur les animaux restent obligatoires pour plusieurs catégories. Dans ces cas-là, le label cruelty-free s’apparente davantage à une stratégie de greenwashing destinée à séduire qu’à un engagement authentique pour la cause animale.
Pour mieux comprendre, il faut d’abord savoir différencier les différents labels. Les deux ci-dessous, représentant un lapin, signifient que la marque ne fabrique pas en Chine et n’a pas recours à l’expérimentation animale. Le V-label signifie quant à lui que le produit est vegan - et également non testé sur les animaux. Les autres labels et mentions que vous pouvez rencontrer dans le commerce méritent une double vérification afin de s’assurer qu'ils ne sont pas mensongers. Attention à ne pas tout mélanger : les mentions et labels tels que "biologique", "clean", "vert" et "écologique" par exemple ne garantissent pas qu’un produit n’a pas été testé sur des animaux ou qu’il est vegan.
Heureusement, des applications comme Yuka ou INCI Beauty permettent aujourd'hui de scanner les produits pour en comprendre leur composition, et distinguer les marques engagées des simples fakes. La liste créée par Beauty Without Bunnies (PETA) permet aussi de savoir si les marques testent ou non - réellement - sur les animaux.
Consommer mieux, un choix pour soi
Le choix de cosmétiques vegans et cruelty-free n’est pas seulement un acte éthique : c’est aussi un engagement pour sa propre santé. Qui n’a jamais haussé un sourcil en lisant la liste des ingrédients sur un flacon, qui comporte souvent une tonne de noms imprononçables ? Opter pour des formules plus naturelles, souvent présentes dans les gammes vegans, peut aussi rassurer celles et ceux qui cherchent à minimiser leur exposition aux produits chimiques.
Adopter des produits vegans et cruelty-free, c’est non seulement un acte de bienveillance envers les animaux mais aussi envers soi-même. Grâce aux lois qui encadrent les tests sur les animaux et à la volonté des consommateurs de consommer vegan, les rayons de nos magasins sont en pleine évolution. Cette prise de conscience majeure est la meilleure preuve que l’éthique en beauté n’a désormais plus rien d’une tendance passagère.