Viola Davis : “La beauté est une forme de pouvoir, parce qu’elle nous rend inoubliable”

Écrit par Juliette Gour le

Quoi de mieux qu'un anniversaire pour célébrer les grandes personnalités. 2024 signe les 10 ans de la série Murder et c'est l'occasion parfaite pour revenir sur le parcours de Viola Davis.

De La Couleur des Sentiments à The Woman King en passant par ses rôles à Broadway, Davis est une grande, une EGOT comme on en a rarement fait. Elle cumule aujourd'hui au moins un Emmy, un Grammy, un Oscar et un Tony Award. Elle est la 18e star à obtenir cette rare distinction. Mais il n'en fallait pas tant pour se rendre compte que Viola Davis est une personnalité unique.

Ses prises de paroles inspirantes se comptent par dizaine. On l'aime pour son jeu, mais aussi pour son engagement. On aime son culot, comme lorsqu'elle rachète la plantation dans laquelle elle est née le jour de ses 55 ans. On aime son activisme, ses combats en faveur des femmes et des minorités... En réalité, on pourrait parler des heures de pourquoi on adore Viola, mais ce qui compte réellement, c'est l'inspiration qu'elle incarne.

Dans le fond, est-ce qu'elle n'est pas la femme que l'on aimerait devenir : une femme qui assume ses positions et qui n'a pas peur de dire ce qu'elle pense.

Nous étions curieuses de savoir comment Viola Davis deal avec ce statut d'icône, nous sommes donc allées lui demander directement, à l'occasion du défilé L'Oréal Paris pendant la Fashion Week.

Rencontre.

HST : Que signifie le mot beauté pour vous ?

Viola Davis : La beauté, c'est avant tout l'amour de soi. C'est aimer son corps, son âge, sourire au quotidien... La beauté c'est un pouvoir. Ce n'est pas facile à atteindre, mais elle peut être considérée comme une forme de pouvoir, parce qu'elle nous rend inoubliable.

Qu'est-ce que ça fait d'être considérée comme une icône ?

Vous savez, je ne me couche pas le soir en me disant "je suis une icône". Évidemment, ça me rend très fière de moi, mais j'ai récemment compris que les deux seules personnes à qui l'on doit réellement quelque chose, c'est votre "moi" de 6 ans et votre "moi" de 50 ans.

La petite Viola de 6 ans me demande toujours d'aller de l'avant, de faire mieux... Et je pense qu'elle est fière de la Viola de 59 ans, qui a un mari extraordinaire et une fille incroyable. C'est pour elle que je suis devenue une icône, pas pour le reste du monde. Je pense que cette version de moi est fière de ce que j'ai accompli, le tout sans énormément de ressources - qu'elles soient physiques, émotionnelles, pécuniaires... Je n'avais pas ça. Quand j'étais jeune, j'étais juste la petite fille couleur chocolat avec de grandes lèvres que personne ne trouvait jolie.

J'ai de quoi être fière de moi aujourd'hui, de mon parcours et de toutes les personnes que j'ai croisé sur le chemin.

Quel est le meilleur conseil que quelqu'un vous a donné ?

Il y a beaucoup de personnes qui m'ont donné d'excellents conseils dans la vie. Aujourd'hui, je vais parler de celui que m'a offert Denzel (Washington) et qui m'a aidé à comprendre ce qui était vraiment important dans la vie : "Quand tu joues, tu fais ça pour vivre, mais ta famille, ton mari, ta mère, c'est ta vie".

Ça m'a permis de savoir que c'est plus important de savoir qui on est que de se définir par ce que l'on fait.

Du coup, est-ce que votre famille est votre secret pour avoir confiance en vous ?

Absolument oui. Leur amour m'a donné confiance en moi. L'amour, c'est le secret de la joie, de la paix intérieure... Ce sont eux qui m’ont aidé à grandir et à prendre confiance.

Est-ce que vous avez conscience de toutes les barrières que vous avez fait tomber au fil de votre carrière ?

On dit toujours qu'il faut devenir l'adulte qu'on admirait quand on était enfant. La petite Viola a toujours réfléchi différemment, elle a toujours eu un regard différent sur le monde qui l'entourait... Je persiste à croire que ne pas penser comme les autres m'a permis de créer un chemin unique, qui m'a permis de vivre ma vie comme je le voulais, sans prendre en compte les obstacles.

Quel héritage aimeriez-vous laisser au monde ?

Si je suis devenue actrice, c'est parce que je voulais que les gens se sentent moins seuls. C'est peut-être la chose la plus horrible que de se sentir seul, incompris, sans repère.

Ce que je souhaite, c'est que les gens se retrouvent dans mon jeu, même s'ils sont parfois perdus. Si j'arrive à faire ressentir ça aux gens, alors j'ai tout gagné.

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Fashion Week|Interview|Viola Davis
Juliette Gour

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