Pourquoi de plus en plus de femmes font un dernier enfant sur le tard ?
Il n'est pas rare de voir des femmes qui, à l'approche de la quarantaine, décident de faire un petit dernier, histoire de boucler la boucle. Plus qu'une tendance, c'est un véritable phénomène de société.
Écrit par Juliette Gour le
Les grossesses tardives ont la cote. Mais attention, on ne parle pas du premier enfant, mais plutôt du petit dernier.
Récemment, Lou Doillon a dévoilé un baby bump bien rond, près de 20 ans après la naissance de son premier enfant. Idem pour Britney Spears qui profite de sa liberté fraîchement retrouvée pour mettre en route le petit dernier avec son nouveau cher et tendre.
Il n'y a rien d'anodin derrière ces grossesses tardives, elles soulignent un véritable phénomène de société.
Il n'est pas rare de voir des femmes avoir le petit dernier sur le tard, parfois 10 à 15 ans après leur premier bébé. Au-delà même du fait que les femmes font des enfants de plus en plus tard (en 2021, l'âge du premier enfant en France était de 30,9 ans contre 28 ans en 1994), il y a une vraie tendance du dernier enfant à l'aube des 40 ans, comme si les femmes profitaient de cette dernière occasion, juste avant la ménopause, pour connaître, une dernière fois, les joies de la maternité.
Il ne serait donc pas rare chez les femmes de voir germer l'idée d'un petit dernier une fois que les aînés ne sont plus des bébés. D'ailleurs, selon de nombreuses recherches, au-delà même du phénomène de société, de la pression de la maternité ou des envies propres à chaque femme, il y aurait de véritables bénéfices à remettre le couvert pour un dernier bébé juste avant la ménopause.
Explications.
Enjoy,
Les Éclaireuses
Avoir un petit dernier pour vivre plus longtemps ?
En 2020, une étude américaine tirait une conclusion plutôt étonnante : avoir son dernier enfant tard permettrait aux femmes de vivre plus longtemps. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs de la North American Menopause Society ont essayé de trouver un lien entre la longévité des mères et l'âge de naissance de leur dernier enfant.
La conclusion est la suivante : les femmes qui ont eu un enfant après 33 ans ont plus de chance de vivre jusqu'à 95 ans (au moins). La raison de cette longévité ? Les télomères, soit les marqueurs chromosomiques qui agissent sur le vieillissement cellulaire sont plus longs et robustes chez les femmes qui ont eu des grossesses tardives.
Il y aurait donc un lien, notable, entre la maternité tardive et le ralentissement du vieillissement cellulaire. Cela peut s'expliquer par la foule d'hormones et autres réjouissances que le corps des femmes produit pour fabriquer (littéralement) un être humain.
Il ne faut pas non plus minimiser le fait qu'avoir un enfant est un job à plein temps et nous pousse à être actifs. Et l'activité est le meilleur moyen de lutter contre le vieillissement précoce.
Avoir un dernier enfant avant 40 ans pour lutter contre le temps qui passe ?
Il est également pertinent de se demander ce qui motive les mères à remettre le couvert 15 à 20 ans après en avoir fini avec les couches et les nuits courtes. Pour ça, il faut se pencher du côté sociétal.
Bien que l'on essaye, depuis plusieurs années déjà, de lutter contre les injonctions faites aux femmes et notamment sur la pression maternelle, il ne faut pas non plus ignorer les réflexes intégrés : depuis l'âge tendre, on apprend aux femmes à être mères, en leur offrant des poupons, en les faisant jouer à la petite maman. Indirectement, toutes ces idées sont petit à petit intégrées et, même si la maternité n'est pas une fin en soi (ni le destin de chaque femme), on finit par intégrer, parfois sans trop s'en rendre compte, qu'être mère est ce qu'il y a de mieux à faire pour une femme.
Mais, du coup, une fois la ménopause installée, que devient une femme aux yeux de la société ?
Cet ensemble d'injonctions intégrées, doublées d'une potentielle crise de la quarantaine (et d'une éventuelle peur de vieillir) sont les toiles de fond qui peuvent pousser les femmes à retomber enceintes juste avant de ne plus être en capacité de donner la vie.
C'est en tout cas la théorie du psychanalyste François-Xavier Bonifaix qui s'est penché sur la question des maternités tardives. Il complète également cette analyse par un sentiment ressenti par certaines femmes une fois la ménopause installée : celui de ne "plus servir à rien".
Ainsi, le dernier enfant avant l'arrêt des menstruations serait le dernier rempart qui permettrait aux femmes de se sentir encore utiles et "jeunes" (tout du moins assez jeunes pour encore être dans la capacité d'enfanter). Pas simple comme analyse, mais elle sous-tend une véritable pression insidieuse qui pèse sur les épaules des femmes.
Avoir un petit dernier pour aborder la maternité avec plus de sérénité
Une autre motivation qui peut pousser les femmes à avoir un dernier enfant tard, c'est la volonté d'aborder avec plus de sérénité la question de la maternité. En prenant de l'âge, on prend forcément de l'expérience et on s'enrichit des précédentes naissances. Ce qui peut être stressant à 25 ans et vu comme une formalité à 38 ans.
Avoir le petit dernier une dizaine d'années après les aînés, c'est se donner l'opportunité de recommencer les choses un peu différemment : avec moins de stress, plus de connaissance et peut-être un peu plus de laxisme.
D'ailleurs, cette situation est souvent profitable au benjamin de la famille. Entouré d'un ou plusieurs aînés avec une grande différence d'âge, leur développement est plus rapide. On remarque souvent de la précocité chez les petits derniers qui ont une grande différence d'âge avec leurs frères et sœurs, simplement parce qu'ils sont plus stimulés et qu'ils sont confrontés à des personnes plus âgées plus rapidement.
Cependant, il y a forcément un revers à la médaille : il se peut que ces enfants, au centre de l'attention grâce à leur statut de "petit dernier", développent un ego surdimensionné. La famille doit donc composer pour créer un environnement propice au développement sans pour autant laisser penser au benjamin de la famille qu'il est la huitième merveille du monde.
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Renaître avec son enfant : le secret de la seconde jeunesse ?
Au-delà même des motivations biologiques à vouloir un dernier enfant sur le tard, il y a également les motivations de confort : la situation du couple est potentiellement meilleure passé 35 ans, les carrières sont installées et un dernier enfant n'est plus une charge financière aussi grande qu'à 25 ans.
Une grande partie du stress des jeunes parents est écartée après 35 ans et s'ajoute logiquement à l'expérience acquise lors des précédentes naissances.
Pouvoir vivre une grossesse et les premières années d'un enfant avec un budget plus conséquent est évidemment un confort notable. Sans compter que le fait de se replonger dans les premières années d'un bébé, qui sont rythmées par les dessins animés, les tendances en matière de jeux, de vêtements... Ça permet de rester à la page et de ne pas se sentir vieillir.
Et, si être mère est un travail à plein temps (qui peut être fatigant), la satisfaction que l'on retire de voir, à nouveau, un enfant grandir et évoluer est une véritable source de jouvence. Il n'est d'ailleurs pas rare d'entendre des mères de 40 ans qu'elles ont l'impression d'avoir rajeunis depuis l'arrivée du petit dernier (et ce, malgré les couches et les nuits courtes).