Affaire Mazan : une peine exemplaire pour Dominique Pelicot
Après des mois de procès, la justice va enfin trancher sur l'affaire Pelicot.
Écrit par Juliette Gour le
C'est l'issue que tout le monde attendait depuis des mois. Le monde entier a suivi, pendant 4 mois, les horreurs vécues par Gisèle Pelicot pendant 10 ans. De New York à Tokyo, le monde entier a entendu parler de cette femme mais, surtout, de son courage.
En refusant le huis clos pour son procès, elle a pointé du doigt ses violeurs (on peut maintenant le dire), tous les hommes qui ont profité d'elle, sans jamais dénoncer les agissements de son époux.
Cette affaire nous a appris beaucoup de choses, comme le fait qu'un violeur peut être Monsieur tout-le-monde. Que de nombreux hommes ne violent pas, parce qu'ils n'en ont tout simplement pas l'opportunité. On a également appris que, selon la défense (bancale) de certains accusés, il y a "viol et viol", mais on a surtout compris que c'était une affaire unique, parce que pour une fois, il y avait des preuves. Des photos et des vidéos par dizaines, qui ont permis de prouver la culpabilité de ces hommes.
On gardera également cette phrase, prononcée par Gisèle Pelicot : "La honte doit changer du camp".
Après 4 mois de procès, l'heure est aux verdicts, quelques semaines après les réquisitoires.
"20 ans pour tous"
Devant le tribunal, nombreux étaient à crier "20 ans pour tous" avant l'ouverture du procès ce matin. Pour beaucoup, il est difficile d'accepter que l'ensemble des accusés ne prennent pas la peine maximale... Surtout lorsque l'on sait que trois quart des affaires de violences sexuelles sont classées sans suite en France et que la peine moyenne pour un viol est généralement de 2 ans et demi (LesEchos).
La France attendait beaucoup du verdict de la cour, qui semble vouloir marquer le coup avec une peine exemplaire.
Dominique Pelicot a été reconnu coupable de viol aggravé sur son épouse et de l'ensemble des crimes et délits connexes. Il écope d'une peine maximale de 20 ans de prison, assortie de deux tiers de peine de sûreté (il devra effectuer 2 tiers de sa peine à minima, sans possibilité d'aménagement de peine). Sa situation devra être réévaluée en fin de peine pour une éventuelle détention de sûreté. C'est plus ou moins l'équivalent d'une peine à perpétuité (qui n'existe pas littéralement en France).
Si l'avocate de Pelicot a essayé de mettre en avant les circonstances atténuantes de l'homme, la cour ne semble pas avoir pris ses informations en considération, préférant juger le "Pervers XXL" plutôt que le petit garçon meurtri par une enfance malheureuse.
Qu'en est-il du reste des peines ?
Si la cour a fait le choix de donner la peine maximale à Pelicot, sûrement à titre d'exemple exceptionnel au vu de l'affaire, les peines pour l'ensemble des autres accusés sont largement en dessous de ce qui avait été requis. Ils ont cependant tous été condamnés coupables.
Les peines vont de 3 ans d'emprisonnement (dont 2 avec sursis) et 15 ans de prison avec maintien en détention. La majorité des peines ont été prononcées avec un mandat de dépôt, les condamnés seront donc incarcérés dès la fin de l'audience. Seuls 4 accusés ressortent libres de la salle d'audience.
On peut légitimement se demander pourquoi les 50 peines sont toutes différentes. La cour a pris en considération chaque situation pour établir le verdict, prenant en compte le nombre de visites au domicile Pelicot et la situation globale de chaque homme. Pour certains, la peine est plus lourde car déjà accusés d'agressions sexuelles ou étaient en possession d'images pedopornographiques.
Le "disciple" de Pelicot, Jean-Pierre M, est lui condamné à 12 ans de réclusion criminelle avec mandat de dépôt. En plus d'avoir violé Gisèle Pelicot, Jean-Pierre M a également sédatée et violé sa compagne, en compagnie de Dominique Pelicot.
Il faut maintenant attendre les appels pour avoir la garantie que les peines sont définitives pour l'ensemble des accusés.