Crise vestimentaire, JOMO, désastre environnemental : que se passe-t-il avec Coachella ?
Cette année, pour la 23ème édition du festival de musique incontournable, Coachella donne rendez-vous à ses fidèles convives et autres aficionados ces deux week-ends d’avril, à Indio, en Californie. Alors que le festival événement fête ses 25 ans, il résonne autrement que les années précédentes...
Écrit par Téa Antonietti le
Manque de style qui frôle la crise vestimentaire, boycott pour contester son impact écologique désastreux, rejet des influenceurs qui développent une JOMO - joy of missing out, soit le plaisir de passer à côté - du festival… Coachella est au cœur d’un tournant identitaire majeur.Le rendez-vous annuel des festivaliers bohèmes est décidément parti du mauvais pied. Vanessa Hudgens - Gabriella Montez pour les intimes - l'ultra diva du festivalcalifornien a annoncé sur son compte Instagram qu’elle ne sera pas présente afin de vêtir sa couronne de fleurs et régner sur ses sujets.
Choc intergalactique pour les fans de celle qui se fait appeler la reine de Coachella, qui s’attristent ouvertement dans les commentaires, entre émojis en larmes et chagrins à répétition. L’un des internautes déclare même “end of an era”. Est-ce que l’absence de l'icône mode de Coachella fait écho à la fin d’une ère pour le festival ? Focus sur différents éléments qui articulent une certaine lassitude autour du phénomène californien.
De Hailey Bieber à Kendall Jenner : la crise vestimentaire du festival
“Coachella manque d’imagination cette année”. Telle est l’honnête déclaration de milliers d’internautes qui décryptent les looks de stars sur TikTok, déçus de la chute d’inspiration liée au festival, et de l’absence de ses codes vestimentaires emblématiques. En 2014, le phénomène californien explose, projeté sur le devant de la scène par les préadolescentes millionnaires que sont Kendall Jenner, Gigi Hadid, Selena Gomez et Hailey Bieber (encore Baldwin à l’époque). Les couronnes de fleurs, les makeups scintillants, les vestons en daims à frange, les jeans évasés et les tops en crochets sont de sortie, alimentant un véritable archétype de la Coachella girl, ultra-désirable.
Absence de tout effort de style et JOMO pour les it-girls habituées de Coachella
10 ans plus tard, la programmation du festival reste haletante, avec une performance décoiffante signée Doja Cat en véritable bête de scène et un live iconique de Lana Del Rey, interprétant ses meilleurs titres de star girl. La mode, elle, n’est pas aussi exaltante qu’à son habitude, pire, elle en est même décevante. Les hippies des années 70 peuvent se rhabiller, désormais, se constituer un look en conséquence pour Coachella n’a plus de sens et les ambassadrices d’un style bohème dominant ont radicalement changé de camp.
Kendall Jenner troque sa robe en dentelle et son chapeau de cow-boy pour un blouson en cuir et une casquette effortless. Hailey Bieber a rangé son veston en crochet et son bandana pour un maillot de foot et des babies… Les looks se prêtent plus à leurs street style quotidiens qu’à leurs prouesses fashion d’un autre temps à l’occasion du festival. La it-girl Xenia Adonts, adepte de l'événement californien, a même pris plaisir à ne pas s’y rendre et a déclaré sur Instagram : “Je suis choquée de dire ça mais j'ai une Coachella JOMO”. Une joie de passer à côté du festival qui a déclenché l'acquiescement de ses followers.
Coachella, un désastre écologique boycotté par les festivaliers
Derrière les couronnes de fleurs et les santiags se cachent un impact écologique phénoménal qui démotive en masse les aficionados du festival. Pourtant, cette année encore, ce sont 250 000 festivaliers qui achètent un billet pour assister au show de leurs idoles, en contribuant indirectement aux actions abusives liées à Coachella. Si le festival à des airs de Woodstock, son déroulé n’est certainement pas en harmonie avec la nature. Situé au beau milieu du désert, Coachella est à deux heures de voiture de Los Angeles. Les déplacements pour s’y rendre représentent plus des deux tiers des gaz à effet de serre produits par le festival, nettement alimentés par les jets privés des artistes et festivaliers issus de hautes sphères.
Une consommation d’eau à hauteur de 20 millions de litres
Si le festival encourage la mise en place de covoiturage avec une sensibilisation au “carpoolchella”, sa consommation d’eau n’atténue pas l’image de démesure associée à l’événement. Coachella étant au beau milieu du désert d’Indio, entre la chaleur et la poussière, les festivaliers sont désaltérés grâce à des espaces climatisés et de multiples points d’eau, pour un bilan de 20 millions de litres d’eau, soit 6 piscines olympiques, d’après le Los Angeles Time.
Même dégâts pour ce qui est des déchets lors du festival, qui s’accumulent autour de 107 tonnes lors des 15 jours de festivités. Pour donner un ordre d’idée, chaque festivalier produit une moyenne d’un kilo de déchets par jour. Bien que Coachella tente de se verdir en encourageant le recyclage, seulement 20% des déchets des festivaliers sont recyclés.
Si Coachella est le festival le plus lucratif du monde, empochant plus de 114 millions de dollars de bénéfices, les dégâts environnementaux semblent s’allier à l’essoufflement global autour du phénomène. On parle aujourd’hui d’une crise identitaire, reste à savoir si l’année prochaine, le festival prendra réellement une tout autre tournure, tant d’un point de vue esthétique qu’écologique.
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